À l’initiative du projet Behind, Marie-Astrid de La Laurencie organise tous les deux mois des afterworks professionnels intimistes autour d’une association, différente à chaque fois. Boire un verre après le travail oui, mais pourquoi ne pas rencontrer de nouvelles personnes, partager et créer des liens par la même occasion ? Unidivers est parti à la rencontre de cette femme à l’énergie débordante. Entretien.
Marie-Astrid de La Laurencie a plusieurs cordes à son arc et n’est pas en manque d’idées. Avec des valeurs telles que l’écoute et le partage de compétences, ses activités se multiplient depuis plus de vingt ans et révèlent une démarche humaine et solidaire constante. Une ligne directrice louable qui a peu à peu pris racine dans l’utilisation des réseaux sociaux. À l’heure de la surconnexion et de la réalité virtuelle, Marie-Astrid utilise ces outils afin de redonner la priorité à l’individu dans le but d’assister des associations dans leur communication et de venir en aide aux professionnels.
Après une formation commerciale et un emploi aux Galeries Lafayette – qui lui donnera l’idée d’Oséame (structure de conseil en images et personal shopper) – cette femme pleine d’énergie se lance dans Osart, un projet destiné particulièrement aux artistes afin de les aider dans la promotion de leur travail. Ce concept posera les bases de ce qui deviendra quelques années plus tard Behind, un événement sous forme d’afterwork professionnel revisité.
Rencontre avec l’initiatrice du projet, Marie-Astrid de La Laurencie.
Unidivers : De quoi Behind est-il né ?
Marie-Astrid : Suite à mes précédentes activités (Oséame, Osart, etc..), j’ai été très présente sur les réseaux sociaux, notamment Linkedin. J’y ai fait des rencontres intéressantes. C’était insensé parce que certaines personnes avaient vraiment de super idées sans pour autant parvenir à se faire connaître. Je me suis dit que c’était mon rôle de les aider à en parler.
Concrètement, le but est de passer derrière l’écran. Retrouver les gens avec qui on est en lien sur le réseau, partager nos expériences professionnelles et nos idées. Se rendre compte de toutes les associations qui ont de beaux projets, mais qui ont du mal à communiquer autour de leurs actions. Ce n’est pas évident pour certaines, après tout chacun a son métier. Il ne restait plus qu’à trouver un mot où il y avait le « in » de Linkedin !
Unidivers : Quelle forme prend Behind ?
Marie-Astrid : Behind est un événement, un afterwork qui permet aux utilisateurs de Linkedin de se retrouver. Au-delà d’aller boire un coup après le boulot, l’idée est de découvrir une association locale qui mérite d’être mise en avant.
Unidivers : Quel genre d’association(s) choisissez-vous de faire connaître ?
Marie-Astrid : La première a été la Cravate solidaire, une association qui aide les gens à s’habiller pour leurs entretiens professionnels. Cette fois-ci ce sera Rebond 35, une asso qui vient en aide aux chefs d’entreprises qui vivent des moments difficiles. C’est un sujet tabou alors que le problème est réel et très répandu, il suffit de voir le grand nombre de burn-out, voire pire…
L’idée est de faire parler les gens pour que les autres personnes touchées voient que certaines ont eu le courage de discuter de leurs problèmes pour se faire aider. En discuter est primordial pour moi et je ne comprends pas vraiment que ce soit si difficile dans notre société. J’essaie de me mettre à leur place et de me dire : qu’est-ce qui va faire qu’une personne en difficulté va oser venir et parler de ses problèmes.
Unidivers : Vous organisez ces événements toute seule, comment ça se passe ?
Marie-Astrid : Je fais tout toute seule, jusqu’aux cartons d’invitations que je crée via une application. L’événement s’organise beaucoup via mon réseau. Quand j’ai commencé à m’approcher de l’association Rebond 35, je me suis rendu compte qu’un ami (Sébastien) avait écrit un article sur elle. Je l’ai appelé et il m’a raconté son expérience. « Banco », c’était exactement ce qu’il me fallait. C’est comme ça que je me suis lancée à fond dans le projet. J’ai laissé un message sur Facebook au Président de l’association, on s’est appelé et on a organisé tranquillement l’événement.
À chaque fois tout se planifie presque tout seul, ce qui me conforte dans mon idée. Du moment que je trouve l’association, le lieu, la date… tout se fait naturellement. Si c’est aussi simple, c’est sûrement que c’est nécessaire.
Unidivers : Qui sont les invités, comment procédez-vous ?
Marie-Astrid : Pour la première édition, j’ai eu le temps de choisir, d’envoyer des invitations et de réfléchir à qui pourrait être intéressé. Maintenant je ne sélectionne plus, je n’ai plus le temps. Je balance l’information sur les réseaux sociaux. Sur Linkedin, j’ai surtout eu des réponses de chefs d’entreprises qui pour la plupart connaissaient déjà l’association ou son président. Sur Facebook j’ai eu de tout : des gens qui me connaissent, d’autres qui viennent sans savoir, pour voir et ceux qui peuvent se rendre compte que leur chef est en difficulté, qui voudraient apprendre à gérer cela… ce sujet touche pas mal de monde.
J’ai fait appel à Sébastien parce qu’il a connu cette situation et s’en est sorti. Il est aujourd’hui très à l’aise avec ça et son témoignage sera très intéressant. D’autant qu’un témoignage c’est vivant, ça attise l’intérêt des personnes présentes.
Unidivers : En pratique, comment ça se déroule ?
Marie-Astrid : J’accueille un peu tout le monde. On prend le temps de se détendre et boire un coup, car chacun sort d’une journée de boulot. Après je rebriefe sur Behind et comment va s’organiser l’afterwork.
Je présente l’association et les personnes qui vont s’exprimer et je passe la main. Plus tard il y aura une interaction, les gens vont poser leurs questions… La dernière fois, on s’est assis et on a mangé ensemble. Ceux qui étaient là avaient besoin de parler de leur activité ou d’autre chose. Une personne avait par exemple besoin de créer un site internet pour sa boîte… mais c’est le but aussi, toutes ces rencontres !
Unidivers : Est-ce votre seule activité ? Quelle évolution envisagez-vous ?
Marie-Astrid : Je suis maman de quatre enfants et travaille maintenant dans un cabinet d’assurance. Ce que j’aime, c’est la communication et comme ça me manquait dans mon travail, j’ai créé Behind. C’est un événement qui n’a pas de statut pour le moment. Je ne me rémunère pas du tout et je ne reçois pas de subventions. Le but consiste vraiment à mettre en avant ces associations et ces personnes qui font des choses extraordinaires. Il y a pour moi un besoin de voir les gens, de les faire se rencontrer.
J’ignore ce que Behind deviendra, mais ça a le mérite d’exister. Pour l’association La Cravate solidaire, l’événement a eu un fort impact. Quand une idée fonctionne de cette manière c’est génial. Il y a forcément un chef d’entreprise qui ne sait plus comment faire, qui a monté sa boîte hier ou il y a dix ans, qui se dit qu’il va devoir mettre la clef sous la porte ou qui ne va pas bien… Il suffit qu’il en entende parler par d’autres, qu’il reçoive des conseils, un soutien ou qu’il rencontre les bonnes personnes pour retrouver pied ! Les témoignages peuvent aider. C’est mon côté mère Thérésa (rires).
Unidivers : La place des réseaux est très importante dans votre démarche…
Marie-Astrid : Oui. Behind n’existerait pas sans les réseaux sociaux. Poster une annonce dans Ouest-France et distribuer des flyers à la sortie de Leclerc… ça n’aurait jamais marché (rires). Facebook a été un relais obligatoire, car c’est un réseau plus simple que Linkedin, où il est difficile de déboulonner les gens. Déjà qu’à la moindre faute d’orthographe on reçoit dix messages (rires). Mais je voulais que ça reste un événement sérieux. Les afterworks auxquels j’ai participé sur Rennes n’apportaient pas grand-chose à mon goût… je voulais vraiment créer un événement qui ait du sens. Que les gens sortent de là avec quelque chose de nouveau.
Prochain événement « Behind » au Café des Champs libres le 21 novembre 2018 avec l’association Rebond35.
Entretien et article par Emmanuelle Volage et Bastien Michel.