Bill Whelan au TNB, les danses de l’île d’Émeraude manquaient un peu d’étincelles

Dans le cadre du programme « Taliesin » qui explore l’ensemble de la musique celtique, c’est Bill Whelan qui était l’invité, jeudi 28 avril, du théâtre national de Bretagne. Accompagné de deux violonistes, Athena Tergis et de Fionnuala Hunt, il avait amené dans ses bagages un danseur traditionnel irlandais en la personne du talentueux Mick Donegan.

bill-whelan_osbBill Whelan, est, ce qu’il convient d’appeler « une pointure ». Non content d’être un musicien extrêmement populaire dans son pays, il a acquis une notoriété qui dépasse largement les frontières irlandaises en composant de nombreuses B.O de films, de musiques pour le théâtre et d’adaptations d’œuvres aussi célèbres que le fameux HMS Pinafore, l’opéra-comique d’Arthur Sullivan et William Gilbert. Touche-à-tout de génie, il est surtout connu auprès du public français pour le spectacle musical « Riverdance » dont l’album a été disque de platine aux États-Unis, en Irlande et en Australie. Succès mondial, il a été vu par près de 22 millions de personnes et près de 2 milliards à l’occasion de sa diffusion sur le petit écran. Sur scène, Bill Whelan sait communiquer avec son public : simple et souriant il apporte les quelques explications qu’imposent les œuvres jouées. Il s’excuse de ne pas parler très bien français, mais fait mieux que de se débrouiller. En plus du talent, il est clair que l’homme ne manque pas de charme. Il nous entraînera dans une musique adroitement métissée de tonalité jazz, sans oublier les basiques des rythmes irlandais, populaires et énergiques. La violoniste Athéna Tergis lui apportera une vigoureuse réponse en l’accompagnant au « fiddle ». Le mot mérite quelques explications, mais il ne désigne rien d’autre qu’un violon normal joué dans le cadre de la musique populaire. Contrairement à la tenue à l’épaule, il est parfois tenu sur la poitrine et sa sonorité particulière est liée à l’emploi simultané de plusieurs cordes.

bill whelan

Certains fiddles ont pour cet usage un chevalet abaissé qui facilite l’emploi de l’instrument. Athéna Tergis en est indiscutablement une experte. Cela ne l’empêche pas d’avoir de solides bases classiques et, lorsqu’avec Fionnuala Hunt elles dialoguent par cordes interposées, elles nous offrent un moment violonistique de belle tenue. À cet égard, il est juste de féliciter également la prestation de haut niveau proposée par Anatoli Karaev, premier violon soliste de l’Orchestre symphonique de Bretagne, qui a scotché le public avec un morceau solo extraordinaire… appris en un seul jour ! Derek Gleeson, le chef invité n’en est pas revenu. Celui-là mériterait à lui tout seul le qualificatif de « very British », mais ce serait l’offenser inutilement tant il est parfaitement et viscéralement irlandais. Lui-même compositeur, il est, à l’instar de Bill Whelan, une gloire de l’île d’émeraude. Il ne manque plus qu’un personnage pour achever le récit de cette soirée et c’est le danseur Mick Donegan, lequel avec ses claquettes et sa redoutable dextérité fera une brillante démonstration du folklore de son pays.

bill whelanTous les éléments du succès étaient rassemblés puisque les intervenants étaient tous de haut niveau et c’est un beau spectacle auquel nous avons assisté. Mais, car il y a un mais, il a vraiment manqué le petit plus de folie, le grain de démence qui aurait conduit le public à suivre les musiciens et à se mettre à taper dans les mains avec joie. La série Taliesin reste irrémédiablement marquée par Carlos Nuñez et sa revigorante folie or le folklore irlandais contient par ses rythmes, ce potentiel explosif et joyeux… il nous a fait un peu défaut. Ultime protagoniste de cette soirée, l’Orchestre symphonique de Bretagne : de ce côté-là, rien à signaler, toujours de très bonne tenue et capable de s’adapter à n’importe quel type de musique.

Bill Whelan, danses de l’île d’Émeraude, OSB, avril 2016

https://www.youtube.com/watch?v=XZ7QeZN5dg0

 

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Thierry Martin
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