Depuis vingt-quatre ans, le Festival Astropolis régale des milliers de festivaliers venus de toute la Bretagne et alentours. Unidivers poursuit son aventure astropolienne et lève le voile sur les propositions musicales diurnes qui ont envahi Brest samedi 7 juillet 2018. Musiques expérimentales, jeu de pétanque, V’jing – le tout sous un soleil de plomb à faire bouillir une bière en cinq minutes – house, techno,… un large choix qui a permis non pas un, mais deux entretiens ! Itinéraire d’un festivalier et entretien avec Martin Goodwin et le collectif La Tangente.
Après un week-end endiablé (du 6 au 8 juillet 2018), la Suite et le Manoir de Keroual ont rendu les armes et Brest a retrouvé son calme. Lieux emblématiques du festival qu’il n’est plus nécessaire de présenter, quels lieux et quels noms se cachent derrière la programmation de la journée de samedi 7 juillet ? Unidivers a suivi le flot de festivaliers et la ferveur des adeptes de musiques électroniques et a arpenté les rues de la ville portuaire. Le style hétéroclite des collectifs et artistes de cette nouvelle édition a ouvert la voie et guidé nos pas vers des lieux pour de belles découvertes artistiques.
Le Collectif La Tangente : Un premier arrêt à la Terrasse du Vauban
À peine sortie du train en provenance de Rennes, direction un des spots incontournables du festival ! L’après-midi commence à peine, mais les premiers sets de la journée résonnent déjà sur la terrasse du Vauban (où se trouvait également le Point Info). Soleil, musique et bonne humeur : tel est le cocktail – à consommer sans modération – proposé par les DJ’s de la Tangente aux sourires contagieux.
Une bonne entrée en matière qui mérite une petite présentation de ce collectif Rennais qui commence à se faire un nom dans le milieu. Rencontre avec Baptiste Tarlet, alias Bato.
Unidivers : Commençons pour une petite présentation : Comment est né le collectif La Tangente ? Qui sont les Dj’s ?
Baptiste Tarlet : Le collectif est né il y a maintenant 6 ans, avec des amis d’enfance. Nous voulions partager notre goût de la musique électronique et notre sens de la fête. L’idée était de partager avec tous les Rennais les soirées que nous organisions à la base entre potes. Au total, nous sommes six : Blutch, Ronod, Hidem, Vakuom, Tibo et moi-même – Bato. Certains sont aussi producteurs et ont des EP de sortie.
Unidivers : « La Tangente », drôle de nom pour un collectif de musiques électroniques, pourquoi ce choix ?
Baptiste Tarlet : Ce nom s’est imposé comme une évidence lors de la création de l’association. Nous voulions marquer notre différence par ce mot qui a pour définition et signification d’emprunter un chemin différent. Nous voulons proposer une alternative et une image différente de celle de la musique électronique qui est parfois négative.
Unidivers : Quelles musiques proposez-vous ? Des inspirations majeures ?
Baptiste Tarlet : Comme nous sommes nombreux – et c’est ce qui est intéressant – chacun a son style propre et ses influences. Nous nous nourrissons de cette complémentarité entre la House, Afro-house, Techno breaké, berlinoise ou mentale et bien d’autres. Des artistes comme Terrance Parker, Frankie Knuckles, Paul Johnsons sont des références en ce qui concerne la House ; et Objekt, Minimum syndicat et Polar Inartia pour la Techno ! Bien sûr il y en a d’autres, mais c’est impossible de tous les citer.
Unidivers : La terrasse Vauban est un bon spot, c’est un peu le lieu de passage obligatoire. Quel effet ça fait de participer au plus ancien festival de musiques électroniques de France ?
Baptiste Tarlet : C’est toujours un grand plaisir de travailler avec Astro et de pouvoir avoir la terrasse du Vauban pour passer des petits sons au soleil, c’est génial ! Il y a du passage et également des habitués de cet endroit pendant le festival. On travaille sur des projets avec Astro depuis 3 ans maintenant : Soirées à l’Ubu pour la sortie de l’EP de Blutch, la Croisière Astro en 2016, faites que ça continue ! ;)
Au détour de l’avenue Jean Clémenceau, un arrêt s’impose sur la place de la Liberté. Les plus jeunes n’ont pas été lésés dans ce week-end de fête. Barnomes et décorations aux couleurs d’Astropolis, jardin éphémère et animations créatives, les futurs raveurs n’ont pu que bien s’amuser à l’Astrofamily.
Un peu plus haut, la température monte d’un cran et l’heure est à l’expérimentation. Dissimulé dans la rue Conseil, le laboratoire de curiosités visuelles et sonores du Collectif NVNA est revenu au Lavoir Saint-Martin pour une programmation on ne peut plus expérimentale. Pour sa troisième année consécutive à Astropolis, les artistes de NVNA ont surpris le visiteur avec des lives aux sonorités saturées et du V’jing sur de petites télévisions cathodiques. Dommage que le soleil éclatant ait empêché la bonne visibilité de ses expérimentations artistiques… (peut-être est-ce l’heure qui n’a pas joué en notre faveur)
Terminus à Beau Rivage
Avec le port en arrière-plan et les remparts du château à proximité, Beau Rivage semblait l’endroit parfait pour clôturer cet après-midi musical et amorcer la suite en tapant du pied dans l’herbe. Les artistes coups cœur de l’Institution montréalaise Piknic Electronik et DJ’s sélectionnés par le tremplin du festival ont su faire danser les milliers de festivaliers présents. Parmi eux, Martin Goodwin a accepté de répondre à quelques questions. À contre-courant des résonances technos coutumières du festival, le DJ propose un univers musical planant propre.
Unidivers : Qui est Martin Goodwin ? Quand et comment le virus de la musique électronique vous a-t-il contaminé ?
Martin Goodwin : Je fais de la musique depuis tout petit et je trouvais les instruments limités dans leurs capacités à transmettre un son du futur. C’est une passion qui s’est développée très jeune avec ce que je ramenais d’Angleterre, mon deuxième pays, en drum&bass notamment. J’ai donc commencé en Free Party, faisant fuir les dancefloor avec ce son « chelou, qui fait pas danser » et j’ai progressivement imposé ma vision autour de moi pour finalement en attirer quelques-uns.
Unidivers : Votre son, à la fois nébuleux et organique, a une tonalité bien propre qui s’implante parfaitement dans un lieu tel que Beau Rivage. Quelles sont vos principales inspirations musicales ou autres ?
Martin Goodwin : Mes inspirations sont effectivement très larges. J’ai le désir de reproduire un paysage d’une autre planète, pour faire voyager. Cette idée germe depuis des années à force d’expérience, de rencontre, de voyage intérieur… Je pratique la méditation et suis passionné de conquête spatiale, de terraforming, etc. J’essaie de ne pas me laisser influencer par la musique que j’écoute, mais bien sûr elle porte l’empreinte du Dub Techno de Deni Diezer, du break de Max Tolmachev ou du classique d’Arvo Pärt. On ne peut jamais révolutionner la musique, juste la modeler à son échelle.
Unidvers : Astropolis est le plus ancien festival de musiques électroniques en France ce n’est pas rien, un mot sur ce festival et votre sélection au Tremplin 2018 ?
Martin Goodwin : Astropolis c’est une vieille histoire pour moi, ça remonte à mon adolescence il y a 10 ans. C’est d’ailleurs le set magistral de Sven Väth en 2009 qui m’a fait comprendre ce que la techno et la tech house pouvait rendre de puissant sur un groupe d’individus. Ce set m’a ouvert l’esprit sur le partage de la musique, plutôt qu’être un collectionneur psychorigide dans son grenier. Merci pour ça, Astro ;)
20h. La musique faiblit dans les différents lieux. Les festivaliers vont bientôt migrent vers la navette où d’autres aventures, plus nocturnes, les attend. Un après-midi de partages, rencontres et joies musicales dont seul Astropolis a le secret vient de se terminer !