À Brest, la marque Rustine, adopte l’upcycling* pour créer des sacs résistants en matériaux recyclés. Xavier Frehring, le créateur de l’enseigne, récupère ainsi des bâches de camions et autres matériaux pour confectionner sa collection d’accessoires. Entretien.
Unidivers — Quel est le concept de votre enseigne Rustine ?
Xavier Frehring — C’est un atelier-boutique, c’est-à-dire que je fabrique les accessoires et je les vends dans ma boutique. Les sacs et accessoires Rustine sont fabriqués à partir de matériaux que je récupère pour en faire des objets.
* L’upcycling est le fait d’utiliser des matériaux ou objets destinés à être jetés pour les réintroduire dans la chaîne de consommation en leur donnant une nouvelle fonction, souvent de valeur supérieure. En français, c’est le « surcyclage », soit le recyclage par le haut.
Unidivers — Le nom de votre magasin fait référence à une pièce de caoutchouc destinée à réparer des objets gonflables comme une chambre à air. Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Xavier Frehring — C’est une référence à l’envie de réparer le monde, mais aussi, à mon travail. Au début, je travaillais surtout la chambre à air, donc c’était en référence à cela. Puis, petit à petit, je me suis tourné vers d’autres matériaux comme les bâches de camions, les ceintures de sécurité de voitures ou encore les poches à huîtres.
Unidivers — Depuis combien de temps fabriquez-vous des accessoires en matières recyclées ?
Xavier Frehring — Depuis 2011, je me suis lancé dans cette activité de conception et fabrication d’accessoires de mode. Mais, j’ai une double activité. Je suis aussi illustrateur-graphiste pour la presse et littérature jeunesse.
Unidivers — Comment vous est venue cette idée de concept ?
Xavier Frehring — Je suis créatif de tempérament donc c’est vraiment un mode de fonctionnement pour moi. Les idées me viennent, c’est un état d’esprit. Et puis, ma femme coud aussi. J’ai eu cette idée qui s’est concrétisée petit à petit. Il y avait une boutique qui appartenait à une vieille dame, elle était un peu à l’abandon et de fil en aiguille, je suis allée la voir pour lui demander de louer la boutique. C’est comme ça que ça s’est fait.
Unidivers — Votre matériau principal est la bâche de camion, comment vous les procurez-vous ?
Xavier Frehring — C’est ce que j’appelle la chasse. Une ou deux fois par an, je pars avec ma camionnette et je fais le tour de France des transporteurs et de toutes les personnes pouvant posséder des bâches. Après, je sélectionne les bâches encore susceptibles d’être utilisées, il y en a qui sont plus ou moins en bon état. J’essaye aussi de trouver des bâches qui ont des coloris et des motifs qui me conviennent, qui ont un intérêt esthétique pour plaire au maximum de gens.
Unidivers — Le fait d’utiliser des matériaux recyclés est pour vous une façon de réparer le monde. Avez-vous une vision engagée de la mode ?
Xavier Frehring — Non, je ne suis pas politique, ou alors pour moi la seule forme politique c’est l’action. Cela correspond aussi à mes choix professionnels et à ma façon d’être. Mon engagement c’est les actes qu’on va laisser. Ce qui m’intéresse c’est ce que je fabrique, mon empreinte, mais il n’y a pas d’idéologie, seulement un parcours. Je n’ai pas de leçon à donner.
Unidivers — Vous vendez principalement des sacs et des accessoires comme des trousses. Mais pas seulement, vous fabriquez également des coussins pour des banquettes de restaurant par exemple. Pensez-vous poursuivre et élargir votre gamme ?
Xavier Frehring — Chaque année j’ai des commandes qui sortent de l’ordinaire. J’ai fait des poufs pour des lieux publics, des coussins pour restaurant, des protections de portes pour des salles de concert, par exemple. De temps en temps, j’ai des gens qui ont des demandes très spécifiques, mais je ne vais pas développer une gamme de produits dans ce sens-là. Je me limite à différents types de sacs et accessoires. Les commandes représentent un tiers, voire un quart de mon travail. En ce moment par exemple, je fais des paniers à vélos pour un fabricant. Mais tout cela prend du temps à développer.
Unidivers —À quoi font référence les noms de vos gammes (Petruchka, Petra, Ursula, Marketa…) ?
Xavier Frehring — Je viens de l’Est de la France donc cela m’influence dans le choix des noms. Et souvent, les noms viennent de rencontres, de gens qui m’ont suggéré des sacs, des formes. Ce n’est pas toujours le cas, mais souvent il y a un lien entre le nom du sac et une personne.
Les articles de Xavier Frehring sont disponibles dans la boutique Rustine 51 rue Traverse 29200 Brest