Le centenaire de la mort de Gustave Eiffel, décédé le 27 décembre 1923, est l’occasion de célébrer ses œuvres exceptionnelles. Ingénieur, il était aussi constructeur et chercheur. Outre ses très grands ouvrages d’art, il a réalisé de nombreuses constructions en Bretagne : le pont Kerisper dans le Morbihan, le pont de Port-de-Roche en Ille-et-Vilaine, le phare de Moguériec dans le Finistère, et d’autres encore. Toutes ces constructions ont un point commun : le métal !
On retient évidement de lui la construction de la Tour Eiffel à Paris, mais aussi le viaduc de Garabit dans le Cantal, l’observatoire de Nice, le pont sur le Douro à Porto (Portugal), la poste de Saïgon (Vietnam) et la structure de la statue de la Liberté à New-York (États-Unis). Gustave Eiffel est né à Dijon le 15 décembre 1832 et mort à Paris le 27 décembre 1923. Le centenaire de sa disparition est l’occasion de célébrer ses constructions exceptionnelles qui ont laissé leurs traces partout dans le monde : des ponts, des viaducs, des galeries, des hangars, des gares, des phares, un très grand nombre de charpentes métalliques et de verrières etc. Gustave Eiffel a été le génie de son temps, l’homme qui a construit la tour qui porte son nom, parmi les plus célèbres du monde et symbole de la France.
Ses réalisations témoignent de son talent en France : le pont de Bordeaux (sa première construction) ; à Paris le Palais Omnibus, cet immense bâtiment ovoïde constitué de sept galeries concentriques et construit pour l’exposition universelle de 1867 ; la charpente du Lycée Carnot, celle du Crédit Lyonnais ; la passerelle de l’Avre à Saint-Cloud et celle de Bry-sur-Marne ; l’ossature de la gare de Verdun ; les vinaigreries Dessaux à Orléans ; le pont de Lavaud en Vendée ; le pont de Cubzac en Gironde ; le viaduc de la Souleuvre dans le Calvados ; le viaduc de la Tardes à Montluçon ; la coupole de Nice ; le viaduc de Venaco en Corse ; le Hangar à Marseille ; le phare du port de Honfleur et celui de Menton, etc.
À l’étranger, son empreinte est sur tous les continents, ou presque : le pont à Tamise en Belgique ; la gare de Budapest en Hongrie ; la gare de Izmir en Turquie ; le pont de Gérone en Espagne ; le pont ferroviaire de Münchenstein en Suisse ; le pont Trang Tien au Vietnam ; le pont ferroviaire d’El Ourit à Tlemcen en Algérie ; le pont de Kalpaka en Lettonie ; la passerelle Skenderija à Sarajevo ; le phare du cap Burlos en Egypte ; le phare de Ristna et celui de Ruhnu en Estonie ; le phare de Valsörarna en Finlande ; le phare de Sao Tomé au Brésil ; la cathédrale de Chiclayo au Pérou ; le phare de Katsepe à Madagascar, etc.
Aucune trace de Gustave Eiffel n’est à noter en Australie ! Cependant, il existe une copie de la Tour Eiffel, pas vraiment identique… La Tour Awa a été construite en 1939 à Sydney pour accueillir des bureaux. La forme choisie est inspirée de la tour Eiffel, même si la ressemblance n’est pas frappante. Elle fut longtemps la plus haute construction d’Australie. Elle est carrée. Son maillage est uniforme et dense, ce qui donne un effet imposant, au contraire de la tour Eiffel qui est plutôt aérienne. L’étage intermédiaire est une plate-forme ouverte, une sorte de balcon avec une rambarde de protection. La pointe est typique avec sa forme d’ogive.
Gustave Eiffel et sa famille entretenaient un lien affectif avec la Bretagne dont les 4 départements ont été marqués par le génie de Gustave Eiffel.
Les constructions Eiffel dans les Côtes du Nord (Côtes d’Armor)
La villa Ker Avel à Ploumanac’h : elle était le repère de la famille Eiffel. Originaire de Dijon, Gustave Eiffel vivait à Paris, mais la famille a longtemps gardé des habitudes en Bretagne. L’ingénieur avait fait édifier en 1903 une résidence secondaire sur la côte de granit rose à Ploumanac’h : la villa Ker Avel, dite la maison Eiffel était nichée au cœur des fameux rochers. Gustave Eiffel aimait beaucoup séjourner dans cette maison. Il y avait même installé une station météo. Toute la famille Eiffel y a passé de nombreuses vacances. La propriété a été vendue en 2016.
Le Pont du château de Kermezen à Pommerit-Jaudy : le célèbre bâtisseur a construit la passerelle métallique du domaine de Kermezen pour relier les jardins et le parc du château à la colline voisine avec ses champs et ses bois. Elle a été érigée en 1874 à la demande du comte Joseph de Kermel, le propriétaire du château. Celui-ci souhaitait remplacer le pont de bois existant. La structure de la passerelle est, cependant, en très mauvais état depuis une quarantaine d’années. Pour des raisons de sécurité, elle ne permet plus son utilisation.
C’est pourquoi, la passerelle Eiffel a fait l’objet d’un projet de rénovation élue en août 2022 par la Mission Patrimoine et Stéphane Bern pour l’année 2023. Les travaux portent sur : la pose de poutrelles additionnelles pour renforcer la structure ; une restauration des garde-corps avec greffe de profils métalliques ; un traitement anticorrosion avec peinture ; des travaux de menuiserie incluant un platelage du pont et une installation de rambardes et de barrières de sécurité dans le prolongement du pont.
Le Pont de Frynaudour. Dans la région, on l’appelle le pont bleu, ou encore le viaduc du Leff. Le pont ferroviaire de Frynaudour a été construit en 1893 en treillis métalliques par Gustave Eiffel. Sa mission est d’enjamber la rivière le Leff pour relier les communes de Plourivo et Quemper-Guézennec, en d’autres termes pour faciliter le transport entre les villes de Guingamp et Paimpol. L’ensemble est long de 152 mètres et large de quatre mètres.
Constructions Eiffel dans le Finistère
Le phare de Moguériec est l’emblème du petit port de Sibiril sur la côte nord du Finistère. Il a été construit et assemblé à Paris, aux usines Sautter selon les plans de Gustave Eiffel. Dans un premier temps, le phare est installé en août 1876 au bout de la jetée du port de Honfleur, en Normandie. Mais au cours de la seconde guerre mondiale, la jetée est bombardée et le phare est coupé du continent. Il est démonté en 1948 et entreposé au Havre pendant des années. Il rejoint la jetée du petit port de pêche de Sibiril dans l’embouchure du Guillec en 1960. Avec ses dix mètres de hauteur et ses 7,5 tonnes, il est l’emblème de Sibiril. Le phare en métal de Moguériec a été peint par de nombreux artistes : Georges Seurat, Félix Vallotton, Raoul Dufy, Paul Signac. le phare a été l’objet d’une belle restauration dernièrement. Consultation : https://www.unidivers.fr/sibiril-phare-mogueriec-finistere/
Le phare de la pointe du Raz
Ce petit phare métallique, haut de 10,5 mètres, a été construit par les ingénieurs Gustave Eiffel et Louis Sautter dans les ateliers Eiffel à Levallois-Perret (92). Il est établi en 1870 à flanc de falaise à la pointe du Raz. Sept ans plus tard, il est éteint en 1887 et transféré sur le port de Saint-Nazaire (44). En juin 1915, il est démonté et transféré encore une fois à Fromentine à La Barre-de-Monts en Vendée. Fonctionnant au fioul, il est électrifié en 1939. Aujourd’hui encore, il signale l’entrée du détroit séparant l’île de Noirmoutier du continent. Le phare Eiffel représente aujourd’hui un des derniers feux sur tourelle métallique encore en fonctionnement
À Crozon, face à la plage de Morgat, se dresse une maison différente des autres. C’est la villa Ker Ar Bruck. Faite en tôles galvanisées, on l’appelle aussi la Villa Eiffel. En 1890, l’industriel Armand Peugeot réussit à convaincre Maurice Desmaret, son riche ami parisien, d’acheter une parcelle de terrain pour y installer une maison métallique et c’est Morgat qui est retenu. La maison en fer démontable aurait été inspirée d’un modèle de l’exposition universelle de 1889. La maison est conçue sans fondation. Elle est composée de panneaux modulaires en tôle de fer recouverte d’une couche de zinc. La maison est conçue selon le système de construction par tôles embouties de Joseph Danly.
L’origine de cette villa, avec son clocheton, reste un mystère et aujourd’hui encore, rien n’a été prouvé officiellement qu’il s’agit d’une réalisation de Gustave Eiffel. Cependant beaucoup d’éléments sont troublants et laissent perplexe ! d’abord un ticket d’entrée de l’exposition universelle a été retrouvé dans la maison ; la maison a été livrée de Paris à Crozon en pièces détachées ; le voyage a été effectué par le train jusqu’à Brest, puis par le bateau et enfin dans une charrette pour finir le voyage ; ce voyage a été attesté par la descendance du charretier de l’époque ; la maison de Morgat est identique à une maison de Poissy dans les Yvelines qui a été construite avec les matériaux récupérés d’un théâtre métallique qui avait été monté sous la Tour Eiffel à Paris.
En 2010, dans Le Rêve du Celte de Mario Vargas Llosa, l’auteur fait allusion plusieurs fois à des maisons de fer connues comme étant, soit disant, des constructions de Gustave Eiffel. La Villa Ker Ar Bruck, Villa Eiffel est classée à l’inventaire des Monuments historiques depuis 2004
Construction Eiffel dans le Morbihan
Le premier pont Kerisper à la Trinité-sur-Mer. Aujourd’hui, il a hélas disparu et a été remplacé par un ouvrage en béton. Construit en deux ans, de 1899 à 1901 par Gustave Eiffel, l’emblématique pont en acier de la Trinité-sur-mer, se dressait au-dessus de la rivière de Crac’h, pour rejoindre Saint-Philibert. Son tablier était métallique soutenu par deux rampes d’acier longues de 100 mètres dans sa partie centrale pour 18 mètres de hauteur. Les arches étaient cependant en pierres aux deux extrémités. Il fût détruit le 8 août 1944, lors du retrait des troupes allemandes. Pendant 14 ans, des bateaux passeurs se sont relayés pour assurer le passage entre les deux rives, avant la construction du nouveau pont entre 1951 et 1958.
Construction Eiffel en Ille-et-Vilaine
Le pont de Port-de-Roche de Langon, à une vingtaine de km de Redon, a été construit par Gustave Eiffel pour l’exposition universelle de Paris de 1867. Il fut installé après l’exposition, à Langon en 1868. Il fait partie des premiers ouvrages en acier réalisés au XIXe siècle. C’est aussi l’unique lieu de traversée permettant de passer d’une rive à l’autre de la Vilaine. Le pont relie les communes de Langon et de Sainte-Anne-sur-Vilaine.
Mais au fil du temps, la construction a montré de plus en plus de signes de fatigue. Sa structure métallique est fragilisée et fait craindre un affaissement de l’ouvrage. Pour des raisons de sécurité, sa traversée avait été limitée, dans un premier temps, au passage des véhicules de moins de douze tonnes. Depuis le 11 février 2023, le tonnage est limité aux véhicules de moins de 3,5 tonnes sur le pont de Port-de-Roche. Les engins agricoles sont contraints de faire un détour de vingt km. Il est devenu le pont de la discorde !
Rappelons également qu’un timbre postal a été édité au printemps 2023 à l’effigie de Gustave Eiffel, le fruit d’une collaboration entre Philaposte et l’Association des Descendants de Gustave Eiffel. Imprimé à Boulazac en Dordogne, le timbre est produit à grande échelle et est disponible dans tous les bureaux de postes français.