BRETAGNE. LES EXPOS À NE PAS MANQUER !

Comme chaque été, la Bretagne célèbre l’art au travers d’expositions hétéroclites. Pourquoi ne pas se laisser tenter par une d’entre elles ? Au programme : installation engagée, objets insolites, peintures, sculptures féministes… Parmi le large éventail des possibilités, Unidivers propose un focus sur cinq expositions à voir en Bretagne cet été.

Nuée. Centre d’art Les 3CHA (Ille-et-Vilaine)

Fanny Bouchet et Emmanuelle Messier forment le duo BYME, une association créative fondée en 2013. Évoluant entre architecture, design et création artistique, le travail plastique des deux artistes est marqué par un processus de répétition à la recherche d’une perception différente de la réalité. Au cœur de la chapelle du centre d’art Les 3CHA, l’installation in situ Nuée, met en scène 500 colibris rouges suspendus par des tiges en acier. En écho à une légende amérindienne du colibri racontée par Pierre Rhabi (agriculteur, écrivain et penseur français), Fanny Bouchet et Emmanuelle Messier amènent le public à s’interroger sur le pouvoir de ses convictions profondes.

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! ». Le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part ».

Chaque petite action, aussi dérisoire qu’elle puisse paraître, est à considérer. Recycler du papier n’empêchera pas la déforestation, ni le papier le réchauffement climatique, arrêter de jeter ses mégots dans la rue n’empêchera pas la pollution d’accroître puisque « tout le monde le fait », etc. À l’image du colibri qui tente vainement de sauver la forêt, les deux artistes ont décidé de ne pas renoncer. À travers Nuée, elles transmettent un message engagé. Elles font leur part.

Vernissage le 19 juillet à 18 h 30

Jusqu’au 21 septembre 2019. Les 3CHA. Le Château, Boulevard Julien et Pierre Gourdel, 35410 Châteaugiron.

Les derniers impressionnistes, le temps de l’intimité. Musée des beaux-arts de Quimper et Musée départemental breton (Finistère)

exposition bretagne 2019
Gaston La Touche, L’aube, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg © Musées de Strasbourg / Bertola

Parallèlement à l’exposition L’impressionnisme d’après Pont-Aven au musée de Pont-Aven (à découvrir dans cet article), il est venu le temps de découvrir ceux que l’on considère comme les derniers impressionnistes : les peintres de l’intimité ou intimistes, rassemblés dans le groupe de la Société nouvelle de peintres et sculpteurs. Avec cette exposition divisée en deux parties — au musée des beaux-arts de Quimper et au musée départemental breton, Quimper lève le voile sur ce mouvement célèbre de la Belle Époque, longtemps négligé par l’histoire de l’art. Les derniers impressionnistes, le temps de l’intimité est la première rétrospective du courant intimiste et a déjà été présentée au Palais Lumière, à Évian.

Moins connus que Paul Gauguin, Claude Monet ou Edgar Degas, les peintres intimistes s’inscrivent dans une longue tradition de l’art européen et sont les représentants du dernier art français dévoué à la nature. Plébiscités de leur vivant, mais oubliés à leur mort, derrière ces artistes se cachent des représentations de paysages et scènes de genre poétiques et réalistes aux couleurs douces.

Alors que des portraits et des paysages ont pris place au musée de Beaux-Arts, le musée breton apporte un regard plus régional où des artistes tels que Charles Cottet et André Dauchez utilisent la Bretagne comme terre d’inspiration.

Jusqu’au 29 septembre 2019. Musée des beaux-arts de Quimper. 40, place Saint-Corentin, 29 000 Quimper. 02 98 95 45 20/Musée départemental breton. 1, rue du Roi Gradlon, 29 000 Quimper. 02 98 95 21 60

Créatrices, l’émancipation par l’art. Musée des beaux-arts de Rennes. (Ille-et-Vilaine)

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Camille Claudel, Persée et la Gorgone, 1897-1905

Présentes depuis longtemps, mais peu plébiscitées dans l’histoire de l’art, les femmes artistes ont traversé les époques et revendiqué leur statut d’artistes. Durant l’été, le Musée des Beaux-Arts de Rennes lève le voile sur la production artistique féminine, parfois catalogué comme art féminin, et la fonction émancipatrice de l’art à travers cinq thématiques – Interdites, Portraits-Autoportraits, Textures, Visionnaires, Violences-Renaissances.

Le chemin parcouru par les femmes sur la voie de la reconnaissance artistique a été fastidieux, mais les enluminures de Herrade de Landsbreg (XIIe siècle) attestent de leur présence dès le Moyen-Âge. De la peintre Élisabeth Vigée le Brun à la sculptrice Louise Bourgeois, en passant par la subversive Orlan, la plasticienne Annette Messager ou la photographe Gina Pane pour les plus connues, une multitude de techniques et de revendications sont ainsi dévoilées. Au total, quatre-vingts œuvres investissent la salle d’expositions temporaires dont quelques-unes s’échappent même dans les collections permanentes.

Jusqu’au 29 septembre 2019. Musée des beaux-arts de Rennes. 20 quai Émile Zola, 35 000 Rennes 02 23 62 17 45

Arte Botanica. Château de La Roche-Jagu. (Côte d’Armor)

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Après L’Odyssée des épices en 2018, le domaine départemental de la roche Jagu rapproche la nature et l’art dans sa nouvelle exposition estivale : Arte Botanica. Une exposition où la création prend le relais sur un discours plus scientifique. 

Quinze artistes contemporains d’horizons différents investissent le domaine et interrogent le rapport de l’homme à la nature. Situées en hauteur, au milieu de la nature, les œuvres entrent en résonance avec les jardins, les paysages environnants et l’architecture du château. Installation photo-sonore, sculpture monumentale, vidéo, photographie ou œuvre numérique, les artistes se sont imprégnés du lieu, ont joué avec afin de plonger le public dans leur univers singulier et poétique. 

Jusqu’au 6 octobre 2019. Domaine départemental de la Roche Jagu22260 Ploëzal. 02 96 95 62 35 

Cabinet de curiosités. Fond Hélène & Édouard Leclerc pour la culture (Finistère)

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Depuis leur apparition à la Renaissance, les cabinets de curiosités ont tour à tour interrogé, intrigué et émerveillé. Coutumier des expositions monographiques autour d’artistes connus — Pablo Picasso, Chagall ou plus récemment Henry Moore — Le Fond Hélène & Édouard Leclerc pour la culture (FHEL) propose un rendez-vous inédit et pour le moins insolite avec Cabinets de curiosités. Né en Europe au XVIe siècle, l’ancêtre des musées comptait autant d’objets naturels qu’artificiels, créés de la main de l’homme. Une accumulation de curiosités, voire de « monstruosités », étonnantes et rares rassemblées par des collectionneurs comme un moyen d’expliquer le monde de l’époque.

L’introduction historique de Cabinets de curiosités laisse rapidement la place à une réinvention contemporaine. Le public est invité à découvrir dix-sept univers où collectionneurs, artistes et institutions renouvellent ce concept vieux de plusieurs siècles, toujours aussi fascinant. Qu’il s’agisse d’institutions comme le muséum national d’Histoire naturelle, du musée d’anatomie de Montpellier, ou d’artistes — Miquel Barceló, Jean-Jacques Lebel ou Théo Mercier, chacun dessine au final un cabinet de curiosités du moment présent.

Jusqu’au 3 novembre 2019. FHEL POUR LA CULTURE. Aux capucins, 29 800 Landerneau. 02 29 62 47 78

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