2020 et 2021 resteront sans doute dans l’histoire comme les années marquées par l’une des plus graves pandémies à avoir touché l’humanité. Le coronavirus a plombé notre vie quotidienne dans tous ses aspects. Pour autant, il se décline au présent en ce mois de décembre 2022, le Covid refait surface quotidiennement et les autorités sanitaires de notre pays encouragent la population à rester vigilante et à se vacciner, notamment les personnes faibles, âgées de plus de 60 ans ou immunodéprimées. Coup de projecteur sur le covid et son précédent, la grippe espagnole.
Le/la covid
Avec certainement une tolérance pour les fêtes de Noël, il est bon, cependant, de se poser des questions : Comment va-t-on entrer dans l’année 2023 ? Devons-nous appliquer à nouveau les gestes barrières sérieusement, se familiariser à nouveau avec le port du masque ? Il en est de plus en plus question et l’utilisation du masque est déjà conseillée dans les transports et les lieux publics à forte fréquentation. Quant aux espaces médicaux, le masque n’a jamais été abandonné…
De plus, la région Bretagne est frappée actuellement par une épidémie de grippe saisonnière et de bronchiolites pour les plus jeunes qui depuis le début du mois de décembre impacte l’activité hospitalière. Variant après variant, les chiffres (du 1er décembre) en lien avec la 9e vague du Covid sont en hausse dans notre région : 15 552 nouveaux cas positifs ; 332 hospitalisations, dont 20 malades en service de réanimation et 234 en médecine conventionnelle…
Unidivers vous offre depuis deux ans un suivi quotidien des cas de covid en Bretagne.
La grippe espagnole
Souvenons-nous, il y a un peu plus d’un siècle, la grippe espagnole frappait la planète. Retour sur une pandémie qui présente des similitudes avec ce que nous connaissons actuellement.
Des chercheurs américains ont trouvé récemment l’origine de la grippe espagnole qui a frappé le monde à la fin de la Première Guerre mondiale. Il s’agirait d’un ancêtre du virus H1N1 de 2009. Selon les travaux de ces chercheurs, la maladie serait née de la combinaison d’une souche humaine (H1), provenant de la grippe saisonnière H1N8, en circulation entre 1900 et 1917, et de gènes aviaires de type N1. De ce croisement aurait émergé une souche H1N1 entre 1917 et 1918, variante lointaine de celle qui bouscula le monde en 2009.
Le virus de souche H1N1 – sans doute originaire de Canton en Chine – aurait muté aux États-Unis, puis en Europe, véhiculé par les bateaux de commerce ; autrement dit, d’abord de l’Asie aux États-Unis puis des Etats Unis à l’Europe. Le virus serait donc “apparu d’abord au Kansas où elle a contaminé de jeunes soldats américains qui étaient réunis trois mois dans des camps de formation militaire, à raison de 50 000 à 70 000 individus, avant de traverser le pays et de prendre la mer pour l’Europe” pour assister les armées alliées.
Mais c’est l’Espagne qui fut le premier pays à en parler, à la faire connaître dans la presse de l’époque. D’autant plus que son roi, Alphonse XIII, avait été malade et plutôt sérieusement. Son appellation “grippe espagnole” vient de là ! Elle est l’avant dernière pandémie qui a frappé l’humanité, et reste à ce jour la plus mortelle de l’histoire.
En 1917, nous sommes en pleine guerre mondiale, quand la Bretagne et son port de Brest sont fortement impactés par l’épidémie, car pas loin d’un million de soldats alliés américains débarquent pour rejoindre le front. Le 2 octobre 1918, alors que la guerre touche à sa fin, la Dépêche de Brest annonce que la grippe espagnole frappe le second dépôt d’équipages de la flotte.
Les symptômes sont sévères : de forts maux de tête, une fièvre brutale et élevée pouvant atteindre 41, voire 42 degrés, accompagnée de délires, parfois de complications cardiaques et rénales. Les malades deviennent bleus avant de mourir par étouffement, dans d’atroces souffrances. A contrario du Covid, la grippe espagnole touche davantage les jeunes adultes dans la force de l’âge…
Dépêché sur place, dans le port finistérien, le docteur Louis Martin, sous-directeur de l’Institut Pasteur de Paris, fait part de ses conclusions: “Le caractère de cette grippe est particulièrement dangereux. Elle se transmet par contacts interhumains. Un seul malade est susceptible de contaminer l’ensemble des personnes qui l’approchent, comme la rougeole. Nous avons posé comme base de traitement prophylactique, l’isolement de tout malade atteint.”
Les personnes en contact avec un malade, pendant la période d’incubation, sont surveillées quotidiennement. A Brest, l’ampleur est alarmante et les jeunes recrues casernées sont confinées dans les forts. Chaleur et propreté sont préconisées par les équipes médicales. “Faute de soins immédiats, la grippe dégénérera en pneumonie !”, alerte encore le docteur Martin.
A Nantes, le médecin-major Weil tente des vaccins. A Rennes, le virus est tellement présent que les Postes suppriment le courrier, faute de facteurs. Dans le Morbihan, les enfants ne sont acceptés à l’école que sur présentation d’un certificat médical qui atteste qu’ils ne sont pas atteints du virus de la grippe espagnole. A Lorient et dans le Finistère, l’activité est d’abord perturbée, puis paralysée. Alors que depuis le début de la guerre en 1914, les commerces sont restés ouverts, ils ferment maintenant en raison de l’épidémie.
Dans le monde, et concernant la prévention et l’usage de masques, les témoignages sont quasi inexistants, seules les photographies en parlent de façon plutôt explicite et dans de nombreux pays. On sait, cependant, de source sûre, que la ville de San Francisco aux États-Unis s’est félicitée le 13 novembre 1918 dans la presse, en annonçant que le port du masque avait fait ses preuves : “Après 3 semaines de port, seuls 6 nouveaux cas positifs sont répertoriés dans notre ville !”. Le port du masque est resté obligatoire jusqu’au 21 novembre, venant compléter les autres mesures : fermeture des écoles, des églises, des théâtres et autres lieux de loisirs….
La grippe espagnole a sévi d’avril 1918 à mai 1919, avec quelques foyers répliques, qui se sont encore fait sentir en 1920, plus encore en 1921. Durant l’hiver 1918-19, la grippe espagnole, baptisée ainsi parce que l’Espagne fut la première à la mentionner publiquement, a tué entre 20 et 50 millions de personnes dans le monde, dont 200 à 400 000 en France. Soit plus de victimes que durant toute la Première Guerre mondiale. La plupart des victimes mouraient de surinfection bactérienne qui se déclarait au bout de quelques jours et entraînait le décès en l’absence d’antibiotiques.
Aujourd’hui encore, il est impossible de chiffrer l’hécatombe dans la région Bretagne…