Mercredi 4 septembre, Philippe Gustin, préfet de la région Bretagne, préfet de la zone de défense et de sécurité Ouest, préfet d’Ille-et-Vilaine, a invité la presse à une conférence afin de faire le bilan de sa première année passée à Rennes et d’évoquer les perspectives de la rentrée 2024/2025. Plusieurs sujets on été abordés, nous rendons compte ici du seul versant « sécurité », à Rennes principalement. Philippe Gustin entend continuer à imposer son style qui se caractérise par un durcissement de la lutte contre les incivilités et la criminalité. Pour autant, le bilan de l’année passée n’est pas des plus réjouissants, dans la droite ligne des années précédentes. Et de l’année à venir ?
Quelques points ont retenu notre attention :
- Les agressions à coup de couteau ou/et à caractère sexuel sont en hausse. Des règlements de compte avec armes blanches ou à feu explosent pour des raisons d’ailleurs qui sont parfois bénignes. Une tendance particulièrement inquiétante.
- La mobilisation contre le trafic de stupéfiants est confrontée à une évolution des produits dopants, tendanciellement de plus en plus durs, ainsi qu’à une archipélisation de leur diffusion dans le territoire rennais qui est servi par une ubérisation des modes de délivrance. Toutefois, les opérations Place nette, conduites en synergie avec la Ville de Rennes a porté des fruits : des parcelles et terrains urbains ont été arrachés à la mainmise de gangs de dealers. Les forces de l’ordre nourrissent une surveillance constante tandis que les bailleurs contribuent à nettoyer et revitaliser les parties communes des habitations. En sus des arrestations et fermetures de commerces-relais, 20 tonnes d’encombrants ont été enlevées. Philippe Gustin plaide en faveur d’une amplification de la video-protection qui est utile tant en matière de prévention que d’élucidation et de preuve judiciaire.
- Les cambriolages connaissent une recrudescence inquiétante avec une augmentation de plus de… 30% en zone gendarmerie. A elle seule, la ville de Rennes en déplore 20 par mois. Le préfet ne cache pas son agacement à l’encontre d’une réponse judiciaire qu’il estime trop clémente, et cible directement la communauté géorgienne dont de nombreux membres, adultes ou mineurs, sont régulièrement arrêtés. Philippe Gustin déplore au sujet d’une partie de cette communauté, ainsi que d’autres, le comportement « trop généreux », voire laxiste, de la municipalité rennaise.
Il rappelle quelques conseils de vigilance lors de départ en vacances, notamment de ne pas laisser d’argent et de bijoux chez soi lors, éviter de publier des photos sur les réseaux sociaux et de recourir à l’opération tranquillité vacances (voir notre article).
- Les chiffres de la sécurité routière sont inquiétants également. Une nouvelle tendance se fait jour : moins d’accidents, moins de blessés, mais plus de morts. 30 tués contre 24 l’année dernière. Des décès qui engagent de plus en plus souvent un public vulnérable, notamment des piétons frappés de plein fouet par des 2 roues, mobylettes, vélos, trottinettes. 5 tués depuis le début de l’année, tous des piétons. Peut-on encore parler de mobilités douces ?
Dans ce cadre, Philippe Gustin a annoncé une imminente augmentation du barème des sanctions à l’égard des infractions à la sécurité routière. Le barème actuel de la suspension du permis est augmenté de deux mois supplémentaires pour les primo-infractants, de 10 mois pour les récidivistes et une nouvelle peine est créée : elle entraîne une augmentation de 8 mois supplémentaires pour les primo-infractants polyconsommateurs (alcool + drogue).
- Les rave party illégales sont passés en Ille-et-Vilaine de 27 à 11 entre 2023 et 2024. Cette baisse est le fruit d’interdictions récurrentes, de saisies de camions et d’amendes. Philippe Gustin entend continuer cette répression des free party, un de ses chevaux de bataille.
Comme le remarque le préfet Philippe Gustin dans la réponse à la question que nous lui avons posée, retrouver et nourrir du « lien » collectif, du « liant », est un pendant essentiel aux réponses répressives. C’est bien ce qui fait l’en-commun de notre société qui est ici en question ; en question et en crise. L’Etat comme les collectivités y répondent différemment, selon différentes conceptions politiques et humaines. Plus de répression ? Plus de prévention ? De social ? De politiques culturelles citoyennes dont les effets peuvent paraître en deça des attentes au regard des moyens investis depuis des lustres ?
Il semble urgent que tous les décideurs – réputés aussi bien « répressifs » que « laxistes » – réfléchissent ensemble aux moyens de contenir, si ce n’est de faire désenfler, cette délétère ambiance d’énervement et d’individualisme revendicateur qui s’est emparée de notre maison France, notamment de ses villes. Comment ? Quelle nouvelle dialectique clémence et rigueur, tolérance et intolérance, faudrait-il imaginer ? Le débat reste ouvert. De plus en plus cruellement ouvert.