La Bretagne vue par la presse étrangère ou flash back sur ce qui a pu échapper aux Queen Aman(*). Chaque année – toujours en été – le Courrier international, excellent magazine qui sélectionne et traduit 15000 sources du monde entier, livre à ses lecteurs bretons une recension d’articles sur leur région. Entre clichés et scoops, que voit-on dans la dernière mouture ?
797 façons d’apprécier la Bretagne
Karen Meirik a choisi d’emmener les lecteurs du Trouw (5e quotidien néerlandais, né de la Résistance en 1943) dans quelques-unes des 797 îles bretonnes (ah bon, y’en a tant que çà ?). Rien d’essentiel n’a échappé à la journaliste depuis les îles du golfe du Morbihan et leurs trésors préhistoriques, la réserve naturelle des Sept-Îles, le caribéen archipel des Glénan, la douceur de l’île de Batz ou la robinsonnade à Houat. Elle développe davantage Bréhat la colorée, l’île Louët et son calme total ou Belle-ïle l’artistique.
Coup de pédale en Armorique
Elke Richter, reporter du Spiegel, a parcouru 400 km en vélo de Quimper (et non pas de Camaret comme il est dit en chapeau) au Mont-Saint-Michel. Le long des voies vertes, il décrit ses coups de cœur : le village de Locronan, les enclos paroissiaux du nord Finistère, les « formations rocheuses extravagantes » de la côte de Granit rose, le cap Fréhel « plus beau paysage de la côte d’Émeraude » et son Fort-la-Latte, pour terminer sur le point d’orgue du Mont-Saint-Michel, dont la vue au soleil couchant « hantera longtemps sa mémoire ».
Les Chinois boivent du lait de petits
C’est Ruth Bender du Wall Street Journal qui commente l’arrivée à Carhaix (« petite ville endormie au cœur de la Bretagne » – on voit qu’elle n’est pas venue aux Vieilles Charrues !) du spécialiste chinois du lait infantile. On y apprend que Synutra a investi 90 millions d’euros pour construire ce qui deviendra « la plus grande usine de lait maternisé de la région, et première qui soit entièrement chinoise sur le sol français ». Elle sera dirigée par François Musellec – un Breton. On restera dubitatif sur le fait que « certains agriculteurs craignent que ce contrat ne vienne endommager la réputation de la France, productrice de lait digne de confiance, face à un pays empêtré dans de nombreux scandales alimentaires ». Mais on comprendra les craintes de Hervé Guilloux, agriculteur local, fournisseur de la Sodiaal (coopérative laitière chargée de l’approvisionnement) sur l’éloignement de l’interlocuteur, quand ils sont déjà « sans défense avec le siège de Sodiaal à Paris ».
Le berlingot de mer, parasite d’avenir
Rebaptisée ainsi, la crepidula fornicata (son nom latin en dit long sur ses capacités reproductrices !) devient plus sexy. Le coquillage invasif qu’on dit arrivé sur les coques des bateaux de la Libération est devenu l’ennemi n°1 des ostréiculteurs et mytiliculteurs de la baie de Cancale. Pierrick Clément, entrepreneur de la région a décidé d’en faire de la chair à (bon) pâté et de valoriser aussi leur coquille comme amendement agricole. Certains grands chefs, dont Gaël Orieux, du restaurant Auguste (Paris 7ème) ont expliqué au New York Times leur enthousiasme pour le mollusque indésirable dans la baie, mais si bon avec les spaghettis !
Jérémie Beyou, le Breton volant
Dans le journal romain La Reppublica, Fabio Colivicchi dresse un portrait admiratif du navigateur finistérien qui a remporté à 38 ans la victoire à la dernière Solitaire du Figaro. Il conclut : « la course en solitaire, dans le monde, aujourd’hui, c’est lui ». Carrément !
Une Espagnole au Conseil régional
Une petite rubrique people issue du journal espagnol El Mundo nous apprend que Jean-Yves Le Drian, notre ancien président, actuellement ministre de la Défense passe ses vacances dans un petit village à 150 km de Madrid d’où est originaire son épouse Maria de Los Angeles Vadillo – son nom complet fait voyager aussi!
Sœurs celtes
Le dossier se termine avec un article sur l’amitié entre les deux Cornouaille, – l’Anglaise et la Bretonne – qui « remonte bien au-delà de l’ère politique moderne, de l’invention de la tourte, des crêpes et même des danses traditionnelles. Elle date de l’époque préromaine, puis médiévale ». Josh Barrie du Cornishman convient que les liens politiques se sont « quelque peu distendus » mais qu’ils restent « vivants dans la musique, la danse et l’industrie », évoquant notamment les déplacements d’artistes bretons au festival de Lafrowda. Il rappelle avec délice ses vacances à Guéméné-sur-Scorff, qui (n’est pas en Cornouaille mais) fait une excellente andouille. Là où on présume qu’il a du abuser sur le chouchenn, c’est quand il dit qu’« il ne faut pas attendre longtemps avant de voir un habitant en costume traditionnel se faire servir un délicieux filet de cabillaud, avec de la… ratatouille ! ».
* référence à la pub’ actuelle pour des cours de breton.