A Bruz, la 20e édition du festival national du film d’animation, tous les ingrédients du succès

Du 9 au 15 décembre, la ville, en partenariat avec Rennes métropole, accueillait la 20e édition du Festival national du film d’animation. Un rôle que les deux communes assurent avec brio pour la quatrième année consécutive. Ce festival, auparavant biennal, a trouvé en Bretagne depuis 2010 un rythme annuel, lequel lui permet « de mieux suivre le dynamisme de la production française qui a investi tous les genres et tous les champs de la création audiovisuelle ».

Créé en 1983 à Marly le Roy, ce festival est l’occasion pour l’AFCA (Association Française du Cinéma d’Animation) de mettre en valeur l’animation française. Il projette et met en compétition les travaux d’étudiants en cinéma d’animation ou ceux de réalisateurs confirmés. Une réussite. Réussite qui gagnerait à gagner en visibilité pour prétendre au succès que ce festival mérite.

L’invité d’honneur de 2013 est Serge Elissalde, producteur-réalisateur emblématique de l’animation française et enseignant. Lors de la séance Carte Blanche, il a donné un bel aperçu de sa manière de travailler. À la question « Pourquoi ne pas faire de la BD ? », il répond qu’il ne peut s’empêcher de mettre ses dessins en animation ! En talentueux dessinateur, il utilise le genre BD uniquement pour ne pas passer par un story-board (planches de dessins accompagnées d’indications pour la mise en scène) afin que la réalisation soit plus rapide.

C’était le cas pour le court métrage Thé Noir basé sur « une succession de dessins clés dont – explique le réalisateur – le jeu est de relier les images entre elles en imaginant les émotions des personnages ». On peut retrouver les storyboards de ses films U, Le jour des corneilles et L’Homme de la lune un peu partout sur le site du Grand Logis. La séance Carte Blanche est l’occasion pour lui de saluer les travaux de ses étudiants ou d’évoquer des projets dans lesquels il a participé comme Harold’s planet (Ralph Lazar et Lisa Swerling).

Fenêtre ouverte sur le monde, l’événement fait cette année un focus sur la Finlande. Courts-métrages, soirée découverte, rencontre avec deux réalisateurs permettent aux visiteurs de s’immerger dans l’animation scandinave. Katariina Lillqvist, réalisatrice reconnue et professeure de film d’animation à l’académie des Arts de Turku (Finlande), qualifie le genre de « sombre et déjanté, il nous vient sans doute de nos forêts obscures ». Des habitants dont la seule activité est de lécher un objet ou une personne en permanence (The Tongueling de Elli Vuorinen), des marins qui perdent leur tête à l’intérieur de leur propre corps (The Anchor de Tommi Juutilainen) ou un enfant qui se transforme en un amas d’insectes (Swarming de Joni Männistö) sont toutes « des histoires un peu tordues », lance un visiteur en sortant. Katariina Lillqvist – rieuse – fait remarquer que « La Finlande sens dessus-dessous » est un titre parfaitement adapté pour cette série de courts-métrages à l’humour souvent noir…

On y trouve là tout type de public : amoureux de l’animation, simples curieux, familles et écoles pour une sortie éducative. La « petite anthologie du festival #1 » a réussi à provoquer les rires d’enfants. Certainement peu habitués à voir des films si courts, les têtes blondes s’agitent à chaque fin de court métrage et sont de nouveau captivés quand le son redémarre. Les adultes eux aussi apprécient, notamment les histoires de la vie réelle comme la réaction des passagers d’un train SNCF qui s’arrête en pleine voie (Bouts en train par Emilie Sengelin). La légende du Bisclavret (Emilie Mercier) et celle du Fabulo qui charme La reine cruelle, par Michel Ocelot (Kirikou) enchantent petits et grands.

Samedi dernier a eu lieu la cérémonie de clôture du Festival. Avec une sélection d’environ 200 films, le festival a dû faire des choix dans une programmation foisonnante (voir la liste des lauréats au pied de cet article) Le palmarès 2013 apparaît très diversifié en termes de technique de réalisation. Pour boucler cette 4e édition bruzoise, l’intégralité des films primés était projetée samedi et dimanche soir.

Reste que dans le monde estudiantin rennais cependant, sur une centaine de personnes interrogées, 57 % n’avaient pas entendu parler du festival et/ou n’avaient pas trouvé le temps d’y aller. Un étudiant en cinéma souligne que « le festival tombe toujours lors de ma semaine d’exams donc je ne peux malheureusement m’y rendre ». D’autres se plaignent de l’absence de navettes ou de bus supplémentaires mis à disposition de la STAR pour faciliter le trajet jusqu’à Bruz.

Une situation dommageable eu égard à la qualité du festival et du nombre d’activités organisées autour de « l’envers du décor ». Des secrets de fabrication aux rencontres avec les réalisateurs, dessinateurs, compositeurs jusqu’aux ateliers d’initiation aux marionnettes, le papier découpé et la pixilation (filmer des acteurs ou objets réels image par image pour en faire une animation) en passant par les nombreux extras : avant-premières, pépites du web, films de commande… il y a de quoi offrir à chacun de faire un beau cinéma.

Festival national du film d’animation de Bruz – du 9 au 15 décembre 2013

bruz animation festival

Les lauréats 2013

Grand prix du jury professionnel

Comme des lapins Osman Cerfon – Prod. Je suis bien content.

Mention spéciale à “Marchant grenu” François Vogel – Prod. Drosofilms.

Grand prix du film de fin d’études

Le 12e homme Thomas Pons – ENSAD

Mention spéciale à “Rideau” Rémy Schaepman – Ecole La Poudrière

Prix media du court-métrage professionnel

La Nuit américaine d’Angélique Joris Clerté / Pierre-Emmanuel Lyet – Prod. Donc voilà Productions, Senso Films.

Mention spéciale à “Miniyamba” Luc Perez – Prod. 24 images.

Prix du jury jeune

Miniyamba Luc Perez – Prod. 24 images.

Prix Sacem de la meilleure composition musicale

Lonely Bones Rosto – Thee Wreckers.

Mention spéciale à “Bandits manchots” Gianluigi Toccafondo – Stefano Pilia – Prod. Les Films de l’Arlequin.

Prix Sacd

Otop Lucia Fiore – ENSAD.

Prix Arte créative

Fellows in the Woods Laura Carton – EMCA.

Prix du public

La Vie sans truc Léo Marchand et Anne-Laure Daafis – Prod. LARDUX FILMS.

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