Le signal d’alarme est tiré. Depuis quelques jours, médecins, toxicologues et agences sanitaires multiplient les alertes au sujet d’un ennemi discret mais redoutable : le cadmium. Ce métal lourd, classé cancérogène certain, s’infiltre insidieusement dans l’alimentation quotidienne, et inquiète tout particulièrement pour la santé des enfants.
Un métal lourd omniprésent dans notre environnement
Le cadmium (symbole Cd, numéro atomique 48) est un métal naturellement présent dans les sols, les roches et l’atmosphère. Mais les activités humaines — industries métallurgiques, engrais phosphatés, incinération des déchets — en ont considérablement accru la dispersion. Résultat : le cadmium se retrouve dans les nappes phréatiques, les cultures agricoles, et in fine… dans nos assiettes.
Pain, pâtes, pommes de terre, choux, épinards, autant d’aliments consommés dès la petite enfance et régulièrement contaminés. « Aujourd’hui, il est quasiment impossible d’échapper à une exposition chronique au cadmium par voie alimentaire », résume un expert de l’ANSES.
Un danger sanitaire largement sous-estimé
Le problème ? Le cadmium s’accumule dans l’organisme, en particulier dans le foie et les reins où il peut rester des décennies. Ses effets toxiques sont multiples :
- Cancérigène avéré (H350 selon l’INRS), notamment pour le pancréas et les poumons.
- Perturbateur de la fertilité (H361fd).
- Susceptible d’induire des anomalies génétiques (H341).
- Toxicité rénale chronique.
- Fragilisation osseuse, hypertension artérielle, troubles cardiovasculaires.
Selon plusieurs spécialistes auditionnés ces derniers jours, l’accumulation de cadmium pourrait même être l’un des facteurs qui explique la progression continue de certains cancers et maladies chroniques en France.
Les enfants, premières victimes silencieuses
Les jeunes générations sont particulièrement vulnérables. Du fait de leur poids plus faible et de leurs besoins nutritionnels accrus, les enfants ingèrent davantage de cadmium au prorata de leur masse corporelle. De plus, leur système rénal encore immature filtre moins efficacement ce métal toxique.
L’ANSES avait déjà tiré la sonnette d’alarme dès 2021 : plus de 30% des enfants dépasseraient régulièrement la dose tolérable hebdomadaire. Une situation d’autant plus préoccupante qu’il n’existe pas, à ce jour, de traitement curatif efficace pour éliminer le cadmium de l’organisme.
Pourquoi en parle-t-on si peu ?
En dépit de la gravité des risques, le cadmium reste un problème de santé publique largement occulté. Plusieurs raisons à cela :
- La toxicité chronique, lente, difficile à mesurer individuellement.
- Des seuils réglementaires parfois obsolètes.
- La pression des filières agroalimentaires et industrielles.
- Une complexité technique qui décourage souvent la médiatisation.
Mais le ton change. Dans les colonnes du Monde, des médecins libéraux parlent désormais d’une « bombe sanitaire ». Le Midi Libre évoque même un « fléau de santé publique ».
Que faire ?
À l’échelle individuelle, quelques mesures de précaution existent :
- Varier son alimentation pour éviter la concentration de certains aliments vecteurs.
- Privilégier les produits issus de zones faiblement contaminées.
- Limiter l’usage des engrais phosphatés au potager.
- Réduire le tabagisme, qui reste une source majeure de cadmium inhalé.
Mais seule une action politique globale qui cible les sources industrielles, agricoles et environnementales permettra de faire reculer durablement le risque.
Vers un scandale sanitaire à retardement ?
Le cadmium, à l’image de l’amiante ou du plomb avant lui, pourrait bien devenir l’un des grands dossiers sanitaires du XXIe siècle. Invisible, persistant, bioaccumulable, peu médiatisé, il coche toutes les cases des pollutions sournoises. Pour l’heure, les autorités sanitaires appellent à renforcer la surveillance des filières agricoles et des sites industriels. Mais les médecins, eux, redoutent déjà une génération d’enfants surexposés qui paieront demain le prix de cette contamination discrète d’aujourd’hui.
Tout comprendre au cadmium
Qu’est-ce que le cadmium ?
Le cadmium est un métal lourd naturellement présent dans la croûte terrestre, mais dont la concentration augmente à cause des activités humaines : industries, engrais, incinérateurs, pollution des sols et des eaux.
Pourquoi est-il dangereux ?
Le cadmium est cancérigène avéré, toxique pour les reins, le foie, les os, et potentiellement perturbateur endocrinien et génétique. Il s’accumule dans l’organisme au fil du temps.
Comment sommes-nous exposés au cadmium ?
Principalement par l’alimentation (céréales, légumes-racines, légumes à feuilles, fruits de mer), mais aussi par le tabac, la pollution de l’air, et parfois l’eau potable.
Quels sont les symptômes d’une intoxication au cadmium ?
L’intoxication chronique est sournoise : fatigue, douleurs osseuses, troubles rénaux, anomalies osseuses, hypertension, troubles digestifs, et à long terme certains cancers.
Peut-on éliminer le cadmium de l’organisme ?
Très difficilement. Une fois stocké dans les organes, le cadmium y reste des années, voire des décennies. La prévention reste la meilleure protection.
Les enfants sont-ils plus vulnérables ?
Oui. Leur petite taille, leurs besoins nutritionnels et leur métabolisme immature les rendent bien plus sensibles aux effets du cadmium.
Que faire pour limiter l’exposition ?
- Varier les sources alimentaires.
- Privilégier les aliments issus de zones peu polluées.
- Réduire le tabagisme actif et passif.
- Surveiller les engrais et les produits phytosanitaires.
- Favoriser des pratiques agricoles moins polluantes.
Les aliments les plus à risque
Attention à ces aliments courants où l’on retrouve du cadmium :
- Pain, pâtes et céréales complètes (présence fréquente via les sols)
- Pommes de terre, carottes, betteraves (contamination des légumes-racines)
- Choux, épinards, salades (absorption par les feuilles)
- Fruits de mer, moules, crustacés (bioaccumulation dans les organismes marins)
- Foie d’animaux (forte concentration par stockage organique)
- Champignons sauvages (fort pouvoir d’accumulation du sol)
Rappel : varier les apports et privilégier les produits de circuits contrôlés réduit le risque d’exposition cumulative.
