Après le café équitable, biologique, voici le café suspendu. Cette pratique, d’origine italienne, consiste à commander, dans un bar, un deuxième café pour quiconque désirerait le boire gratuitement. Cette tradition s’est implantée à Rennes, notamment par l’entremise de la Maison des Citoyens de Rennes et sa métropole. Le café n’est pas le seul suspendu : on compte dans ces pratiques aussi la baguette suspendue ou encore le sandwich en attente. Un café, solidaire, s’il vous plaît !
Le café suspendu trouve son origine à Naples : cette tradition de solidarité envers les plus pauvres s’appelle là-bas le caffè sospeso. La coutume serait pratiquée de longue date, mais connaîtrait une certaine résurgence depuis quelques années : en 2011, le maire de la ville a même décidé de lancer la Giornata del Caffè Sospeso le 10 décembre. Son arrivée en France a été considérée comme une rumeur ou une légende urbaine. C’est le Mouvement des Indignés, en 2013, a lancé l’idée sur sa page Facebook : « Je demande à mon ami : – c’est quoi ces cafés “en attente” ? – C’est simple : les gens paient à l’avance pour prendre un café destiné à quelqu’un qui ne peut pas se permettre une boisson chaude ».
Dans les faits, difficile de prendre la mesure du phénomène. Ces choses sont vues, mais guère calculables. Le café suspendu a même essuyé quelques critiques. En cause ? Tout d’abord, on note que le phénomène n’est pas rentré dans les mœurs et que certaines généreuses donations ne trouvent pas preneur. En outre, les gérants pourraient encaisser ce deuxième café sans pour autant le donner par la suite. Normalement, c’est au commerçant, via un tableau ou un accrochage des tickets, de gérer cet échange. Face à l’essoufflement de la pratique, plusieurs associations citoyennes, en France, tentent d’organiser ce système solidaire.
À Rennes, vous trouverez dans certains bars et sandwicheries une affiche de la Maison des Citoyens de Rennes et sa métropole. L’idée ? Faire connaître le principe du « café suspendu », mais aussi de la galette saucisse, baguette ou sandwich suspendus, et autres soupes et tartes salées en attente. La Maison des Citoyens de Rennes et sa métropole a été créée suite à l’annonce nationale d’Alexandre Jardin pour une organisation de la société basée sur la bienveillance, le vivre-ensemble et la démocratie citoyenne. Pour promouvoir à Rennes le café suspendu et ses variantes, la Maison épingle, grâce à un sigle rouge (un « label bienveillant ») les lieux où les commerçants acceptent cette pratique. Une sorte, donc, de café allongé à la solidarité. Ainsi, pour l’heure, la Maison des Citoyens a élaboré un annuaire regroupant « tous les commerçants solidaires » : au-delà de la restauration, ces commerçants peuvent proposer leurs toilettes ou l’utilisation de la wi-fi. Le Sainte-Anne Fresh Food, une sandwicherie sur la place, a par exemple décidé de sauter le pas : nombreux sont les participants à commander plusieurs frites, cafés ou kebabs. À noter qu’il existe d’ores et déjà des coiffeurs solidaires. Sadia, une bénévole de la Maison des Citoyens, nous a confié son enthousiasme : « L’opération vient de commencer, mais fonctionne déjà très bien ».
Commerçants, si vous souhaitez participer à cette initiative et obtenir le « label bienveillant », rendez-vous sur la page Facebook de la Maison des Citoyens de Rennes et sa métropole.