Les plus grands cambriolages des musées français…

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les vols dans les musées

Huit bijoux de la couronne française ont été dérobés dimanche 19 octobre 2025 dans la salle Apollon du Musée du Louvre. Ce n’est cependant pas le premier vol dont est victime le musée le plus visité au monde. Le lundi 21 août 1911, La Joconde de Léonard de Vinci, avait également disparu.

Le Louvre a connu plusieurs cambriolages.

En 1907, un amateur d’antiquités belge, nommé Géry Pieret, est un fin connaisseur du Louvre et guide touristique notamment. Il dérobe des antiquités de petit format, d’autant plus facilement qu’elles sont alors simplement posées sur des socles et même sur des tables, sans aucune protection…

En 1911, le vol de La Joconde n’est constaté que le lendemain, le matin du mardi 22 août.Il est considéré comme l’un des plus grands vols du XXe siècle depuis que la Joconde est devenue le tableau le plus célèbre au monde. 

les vols dans les musées
Vincenzo Peruggia

Plusieurs tableaux du Louvre ayant été victimes de vandalisme au début du XXe siècle, le musée décide en 1911 de protéger les 1 600 œuvres les plus importantes en les mettant sous verre. Les travaux sont confiés à une entreprise de verrerie et à cinq de ses ouvriers. Parmi ces derniers, l’Italien Vincenzo Peruggia (1881-1925), qui va préparer un vol une fois sa mission terminée.

Le 21 août à sept heures, Vincenzo Peruggia, vêtu de sa blouse d’ouvrier, prend la précaution d’être seul. Il entre dans le Salon Carré et y décroche le portrait de Mona Lisa. Il débarrasse le tableau de son cadre et de sa vitre et cache l’œuvre sous ses vêtements ; il sort du musée sans être inquiété… Le voleur retourne en Italie et conserve e chef d’oeuvre dans son appartement de Florence. Son objectif : rapporter la toile à sa patrie, l’Italie. Le voleur contacte Alfredo Geri, propriétaire d’une galerie à Florence, le 10 décembre 1913 et espère une récompense de sa part. Mais l’œuvre est identifiée, la police est prévenue et Vincenzo Peruggia est arrêté.

Après son vol, la Joconde est exposée à travers toute l’Italie dans une grande tournée d’adieu avant de retourner au Louvre en janvier 1914, où l’œuvre gagne encore en célébrité. Quant à Vincenzo Peruggia, il est condamné à une peine de prison légère d’un an ; il ne fait finalement que sept mois… Le téléfilm intitulé On a volé la Joconde sort en 2006.

Vol au musée Marmottan Monet

Le 27 octobre 1985, des bandits armés braquent le musée Marmottan dans le 16e arrondissement de Paris, (devenu musée Marmottan Monet dans les années 1990). Ils volent plusieurs tableaux de maîtres impressionnistes, dont l’emblématique Soleil levant de 1874, parmi les quatres oeuvres volés au peintre Claude Monet (1840-1926) ; également La Femme à l’éventail de Berthe Morisot (1841-1895). Ces monuments de l’histoire de l’art disparaissent en quelques minutes, après que cinq hommes entrent en payant leur billet, comme n’importe quels visiteurs, sortent leurs armes et tiennent en joue un gardien. Certains des membres du personnel et la quarantaine de visiteurs présents sont enfermés à clé dans le vestiaire, quand d’autres sont rassemblés dans une salle où ils sont sommés de s’allonger à plat ventre. Les voleurs s’enfuient en voiture avec leur butin.

Ce butin inestimable reste introuvable pendant cinq ans, jusqu’à ce que Mireille Ballestrazzi, une enquêtrice le retrouve en Corse ; Le 3 décembre 1990, des photos des tableaux volés au musée Marmottan cinq ans plus tôt sont découvertes dans un appenti, appartenant à un jeune barman corse au chômage, Donatien Comiti. Interpellé, celui-ci révèle où sont cachées les œuvres à Porto-Vecchio. Une bande mafieuse de la banlieue parisienne, spécialisée dans le vol de voitures, et dont plusieurs membres ont des liens avec le grand banditisme corse purgent alors leur peine… 

Le Louvre, victime de son succès

À la fin du XXe siècle, dimanche 3 mai 1998, encore au Louvre, un tableau du peintre Jean-Baptiste Camille Corot est dérobé en pleine journée : il s’agit du Chemin de Sèvres, paysage bucolique de la région parisienne de Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), peintre paysagiste du XIXe siècle et fondateur du mouvement artitique l’école de Barbizon, un atelier dans la fôret de Fontainebleau (77).

Il est 13 heures, quand au deuxième étage du pavillon Sully, moins fréquenté par les visiteurs, un gardien remarque stupéfait que le tableau, dans la salle où sont accrochées plusieurs œuvres du peintre, n’est plus à sa place… Il n’a, depuis, jamais refait surface…

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Le Musée d’art Moderne, Paris

Le Musée d’art moderne dans le 16e arrondissement de Paris est cambriolé le 20 mai 2010. Cinq chefs-d’œuvre appartenant à de grands peintres sont dérobés en plein jour : Le Pigeon aux petits pois, de Pablo Picasso en 1911 ; Pastorale, d’Henri Matisse en 1905 ; L’Olivier près de l’Estaque, de Georges Braque en 1906 ; Nature morte au chandelier, de Fernand Léger en 1922 ; et La Femme à l’éventail, d’Amedeo Modigliani en 1919. A eux tous, ils représentent une valeur d’environ 100 millions d’euros.

Vjeran Tomic, le voleur Croato-Bosniaque profite de la panne depuis deux mois des détecteurs de mouvement pour accomplir son forfait ! Interpellé 18 mois plus tard, il est condamné à huit ans de prison en 2017. Cependant aucune des cinq œuvres n’a été retrouvée. Ce cambriolage a inspiré le cinéma ; le film : Les Règles de l’art est sorti en 2025

Vol au musée Dobrée, Nantes

À Nantes, dans la nuit du 13 au 14 avril 2018, le reliquaire d’Anne de Bretagne est dérobé. Quatre jeunes hommes de Saint-Nazaire en Loire Atlantique, âgés d’une vingtaine d’années et au passé judiciaire chargé, volent le reliquaire contenant le cœur d’Anne de Bretagne (1477-1514), mais aussi une statuette hindoue et une cinquantaine de pièces en or, au musée Dobrée de Nantes.

Les quatre voyous tournent à bord d’une voiture 406 Peugeot plusieurs fois dans le quartier du musée avant le vol : c’est ainsi qu’ils se font repérer ! Ensuite, ils hésitent, ils tâtonnent et essayent de passer par une fenêtre, mais sans succès ! Ils se rabattent finalement sur une porte de service qui n’est pas verrouillée, destinée au passage des personnes à mobilité réduite. Un coup de tournevis suffit alors pour entrer ! Mais à l’intérieur du musée, les caméras filment les voleurs avec des haches à la main. Ils ont du ruban adhésif autour des chevilles et de leurs pantalons par précaution : pour ne pas perdre de poils au passage ! Ce sont des amateurs ! Le trésor dérobé est inestimable d’un point de vue historique et patrimonial ; il est cependant invendable : le butin est impossible à écouler !

L’écrin d’orfèvre qui renferme le cœur de la reine de France est retrouvé par la police le 21 avril 2018, enterré dans un bois de Saint-Nazaire, après que l’investigateur du vol ait avoué et révélé son emplacement ; il est en bon état, soigneusement emballé dans du film alimentaire, lui-même protégé dans un tonneau de plastique bleu. Il est restitué au musée en septembre de la même année. Le jugement des quatre voleurs a lieu le 27 mai 2019. Trois d’entre eux sont condamnés pour le vol, et prennent dix-huit mois de prison à quatre ans de prison ferme ; le quatrième n’a pas été reconnu coupable pour le vol…

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Le musée du Hiéron, Paray-le-Monial

Plus récemment, le jeudi 21 novembre 2024, le musée du Hiéron situé à Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire, est victime d’un braquage violent. À 15h45, les quatre voleurs casqués, gantés et armés, arrivent en moto et brisent les vitres blindées à la tronçonneuse, pendant les heures d’ouverture. Ils s’emparent de l’œuvre Via Vitæ (Chemin de vie) en trois minutes, une sculpture estimée entre quatre et sept millions d’euros. Elle est fortement endommagée par le vol.

Classée trésor national, Via Vitæs est haute de trois mètres de haut et pèse trois tonnes. Elaborée, place Vendôme entre 1894 et 1904, par l’orfèvre-joaillier Joseph Chaumet (1852–1928), elle illustre la vie de Jésus en neuf scènes animées de 138 personnages ; les statuettes sont en or et en ivoire disposées sur les flancs d’une montagne en marbre et albâtre. Au sommet se dresse la Trinité, composée d’argent patiné, de dorures et de cristal de roche ; deux figures allégoriques brandissent une hostie sertie de 195 diamants et de 288 rubis.

Sept interpellations ont eu lieu le 18 février 2025 dans le cadre d’une vaste opération de police judiciaire menée dans le Rhône et l’Hérault. Sept hommes sont mis en examen, suspectés d’avoir pris part à l’attaque du musée ; cinq d’entre eux sont placés en détention provisoire. Un morceau de l’œuvre est retrouvé au fond de la rivière Arroux, sous un pont à Gueugnon, à environ 20 km de Paray-le-Monial ; le morceau est en mauvais état ! Ses rayons en métal dorés sont tordus et cabossés. 

A noter que la veille de l’attaque du musée de Paray-le-Monial, soit le 20 novembre 2024, un autre vol est commis au musée Cognacq-Jay, dans le 3e arrondissement de Paris. Quatre hommes cagoulés, armés de haches et de battes de baseball, s’emparent de sept tabatières du XVIIIe siècle, ornées d’or et de pierres précieuses. Issus notamment du Louvre et des collections royales anglaises, ces objets demeurent toujours introuvables….

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Au musée du président Jacques Chirac : le dernier avant le Louvre

Le dernier cambriolage connu, avant celui du Louvre le 19 octobre, a lieu seulement une semaine avant : dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 octobre 2025, au musée Jacques-Chirac à Sarran en Corrèze. 

Quatre hommes cagoulés pénètrent, armés d’un fusil à pompe et d’armes blanches, à l’intérieur du Musée du président Jacques-Chirac. Les malfaiteurs dérobent le fonds de caisse et des montres de collection exposées et des bijoux offerts au président Chirac au cours de ses deux mandats. L’alarme sonne et les voleurs sont finalement interpellés…

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.