Canicule : à quoi faut-il s’attendre pour l’été 2025 ?

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Depuis vingt ans, les vagues de chaleur ne sont plus des événements exceptionnels. Elles rythment désormais nos étés, parfois dès le mois de juin, souvent jusqu’en septembre. Mais toutes les régions françaises ne sont pas logées à la même enseigne. À l’orée de l’été 2025, toutes les données convergent : la France s’apprête une nouvelle fois à vivre une saison sous tension thermique. Voici un état des lieux mois par mois, accompagné d’un rappel des tendances de fond.

Comprendre ce qu’est une canicule

Selon Météo-France, une canicule désigne une période prolongée de fortes chaleurs, caractérisée par des températures anormalement élevées le jour comme la nuit, pendant au moins trois jours consécutifs. Les seuils d’alerte varient selon les départements, mais l’élément central reste l’absence de rafraîchissement nocturne. On parle d’« été caniculaire » lorsqu’au moins un épisode significatif de ce type touche une partie substantielle du territoire national.

Une fréquence qui explose

Jusqu’au début des années 2000, la France connaissait en moyenne un été caniculaire tous les vingt ans. Mais depuis 2015, cette fréquence est passée à un été sur deux. Et depuis 2017, chaque été a vu au moins un pic de chaleur prolongé. L’année 2019 a été marquée par deux canicules historiques, et 2022 par une série de vagues extrêmes. La canicule est désormais la norme, non l’exception.

Quels mois sont les plus exposés en 2025 ?

Juillet reste le mois le plus propice aux canicules, cumulant journées longues, ensoleillement maximal et sols déjà asséchés. Selon les données de Copernicus et Météo-France, la probabilité d’au moins un épisode caniculaire dépasse les 60 à 70 %.

Août conserve un potentiel élevé, surtout dans sa première quinzaine. Le risque estimé se situe entre 50 et 60 %.

Septembre, historiquement plus tempéré, tend à se réchauffer. En septembre 2023, des pointes au-dessus de 35 °C ont été observées sur plusieurs jours. En 2025, la probabilité d’une canicule tardive est estimée entre 30 et 40 %, en nette hausse.

Prévisions saisonnières : un été au-dessus des normales

Les prévisions actualisées en juin 2025 par Copernicus ECMWF indiquent un scénario de températures supérieures aux normales sur l’ensemble de la France pour la période juillet-août-septembre. L’anomalie thermique moyenne prévue est comprise entre +1 et +1,5 °C. En parallèle, les sols sont déjà anormalement secs dans l’ouest et le sud du pays, ce qui constitue un terreau idéal pour l’apparition de vagues de chaleur.

Météo-France estime que le risque de canicule est particulièrement élevé en juillet et en août, avec un mois de septembre qui pourrait lui aussi connaître une chaleur exceptionnelle en première quinzaine.

Probabilités estimées pour l’été 2025

MoisProbabilité d’au moins un épisode caniculaire
Juillet60 à 70 %
Août50 à 60 %
Septembre30 à 40 %

La tendance est désormais claire : il est plus probable que l’été soit caniculaire que le contraire. Dans la continuité des précédents, l’été 2025 s’annonce chaud, sec et potentiellement extrême. Si juillet et août concentrent les principaux risques, le mois de septembre ne peut plus être considéré comme un mois refuge. Mieux vaut s’y préparer, individuellement et collectivement.

Le Rhône, champion toutes catégories

C’est sans surprise le département du Rhône – où trône Lyon, réputée pour ses étés torrides – qui arrive en tête. Avec 174 jours de vigilance canicule (orange ou rouge) depuis 2004, il cumule plus de six mois passés sous alerte. Un record qui s’explique par la géographie (une cuvette urbaine) et un effet d’îlot de chaleur renforcé par l’urbanisation.

Le Sud-Est en alerte permanente

Derrière le Rhône, on retrouve un trio redoutable : l’Isère (125 jours), la Drôme (111 jours) et l’Ardèche (110 jours). Ces départements forment un corridor caniculaire qui remonte la vallée du Rhône jusqu’aux Alpes. Là, les étés s’embrasent et les nuits n’apportent que peu de répit.

Suivent la Loire et l’Ain, avec chacun entre 90 et 120 jours de vigilance. Même constat : des zones enclavées, continentales, avec peu de vent et beaucoup de béton. Les fortes chaleurs s’y installent et s’y maintiennent, jour après jour.

Le Grand Ouest, encore au frais… pour combien de temps ?

À l’autre bout du classement, les départements bretons s’en sortent encore bien. Dans les Côtes-d’Armor, on ne compte que trois jours de vigilance canicule en vingt ans. Le Finistère et le Morbihan ne dépassent pas les dix jours. Grâce aux brises atlantiques, l’ouest de la France garde encore un air respirable.

Mais attention : les cartes se brouillent. L’été 2022 a vu des records tomber en Bretagne et en Normandie, avec des pointes à 40 °C à Rennes ou Saint-Brieuc. Le 21 juin 2025, le thermomètre a dépassé les 30° en bord de côte, par exemple Binic et Saint-Quay-Portrieux. Le modèle maritime pourrait donc vaciller.

Car le climat change, rapidement. Et avec lui, nos repères vacillent. Les canicules deviennent plus précoces, plus longues et plus fréquentes. Il n’est plus question de savoir si elles vont survenir, mais où elles frapperont le plus fort… et comment nous y préparer.

Classement des départements les plus touchés par les canicules (jours en 2004 et jusqu’à juin 2025)

Rhône 174
Isère 125
Drôme 111
Ardèche 110
Loire 105
Ain 103
Gard 95
Vaucluse 92
Alpes-Maritimes 90
Bouches-du-Rhône 88
Hérault 85
Var 82
Haute-Garonne 80
Pyrénées-Orientales 79
Lot-et-Garonne 75
Tarn 72
Gironde 70
Dordogne 68
Corrèze 66
Aveyron 64
Haute-Loire 60
Puy-de-Dôme 58
Allier 56
Charente 54
Charente-Maritime 52
Deux-Sèvres 50
Lot 48
Landes 46
Haute-Vienne 44
Tarn-et-Garonne 42
Indre 40
Indre-et-Loire 38
Cher 36
Loir-et-Cher 35
Loiret 34
Haute-Saône 32
Saône-et-Loire 31
Yonne 30
Nièvre 28
Côte-d’Or 27
Doubs 26
Jura 25
Bas-Rhin 24
Haut-Rhin 23
Moselle 22
Meurthe-et-Moselle 21
Haute-Corse 20
Corse-du-Sud 20
Meuse 20
Ardennes 18
Aube 17
Marne 16
Haute-Marne 15
Oise 14
Somme 13
Aisne 12
Seine-et-Marne 11
Essonne 10
Yvelines 10
Hauts-de-Seine 10
Val-de-Marne 10
Paris 10
Val-d’Oise 10
Seine-Saint-Denis 10
Nord 10
Pas-de-Calais 10
Seine-Maritime 9
Calvados 9
Eure 9
Manche 9
Orne 9
Ille-et-Vilaine 9
Mayenne 8
Maine-et-Loire 8
Vendée 8
Loire-Atlantique 8
Morbihan 8
Finistère 8
Sarthe 8
Côtes-d’Armor 8

Les bons réflexes en cas de canicule

Quand le thermomètre grimpe et que la chaleur devient écrasante, il est essentiel d’adopter quelques gestes simples pour se protéger, soi-même et ses proches. Voici les principales recommandations de Santé publique France et Météo-France.

  • Buvez régulièrement de l’eau, sans attendre d’avoir soif. En moyenne, 1,5 à 2 litres par jour, sauf contre-indication médicale.
  • Évitez les sorties aux heures les plus chaudes (12 h – 17 h), surtout pour les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques.
  • Gardez votre logement au frais : fermez fenêtres, volets et rideaux en journée ; aérez tôt le matin ou la nuit.
  • Rafraîchissez-vous plusieurs fois par jour (brumisateur, douche, gant humide) et portez des vêtements légers et clairs.
  • Limitez les efforts physiques intenses ou les activités sportives, notamment en plein soleil.
  • Ne laissez jamais une personne ou un animal seul dans une voiture, même pour quelques minutes.
  • Donnez régulièrement des nouvelles aux proches vulnérables (personnes âgées, isolées, handicapées), ou rendez-leur visite si possible.
  • Consultez rapidement un médecin ou le 15 en cas de malaise, de fièvre persistante ou de fatigue inhabituelle.

En cas de vague de chaleur prolongée, un numéro d’information peut être activé : Canicule info service – 0800 06 66 66 (appel gratuit). Suivez aussi les consignes locales (mairies, préfectures, ARS) et les bulletins de vigilance de Météo-France.

Gaspard Louvrier
Gaspard Louvrier explore les frontières mouvantes de la recherche, des technologies émergentes et des grandes avancées du savoir contemporain. Spécialiste en histoire des sciences, il décrypte avec rigueur et clarté les enjeux scientifiques qui traversent notre époque, des laboratoires aux débats publics.