À l’approche de la rentrée 2025, huit municipalités – Paris, Lyon, Rennes, Lille, Montpellier, Grenoble, Bègles et Mouans-Sartoux – annoncent le retrait temporaire du thon dans leurs cantines scolaires. Objectif : faire cesser l’exposition des enfants au mercure, un métal lourd neurotoxique, en attendant un durcissement des normes européennes.
Pourquoi maintenant ?
Depuis l’automne 2024, des ONG spécialisées, dont Bloom et foodwatch, alertent sur une contamination préoccupante du thon en conserve au mercure. Un an plus tard, faute d’évolution réglementaire jugée suffisante, ces villes appliquent le principe de précaution dans la restauration scolaire.
–> Qu’est-ce que le mercure et pourquoi c’est un problème ?
Le mercure est l’un des dix polluants les plus préoccupants pour la santé publique. Sous forme de méthylmercure, il s’accumule le long de la chaîne alimentaire et se concentre chez les grands poissons prédateurs, dont le thon. Chez l’enfant, il peut affecter le système nerveux en développement, l’immunité et certaines fonctions cognitives. Les femmes enceintes et les grands consommateurs de poisson sont également à risque.
–> Pourquoi le thon est particulièrement concerné ?
Le thon est un prédateur de longue vie : il bioaccumule le mercure présent dans l’océan via ses proies. Des analyses indépendantes publiées en 2024 ont montré que toutes les boîtes testées contenaient du mercure et que plus de la moitié dépassaient 0,3 mg/kg — la limite la plus stricte appliquée à d’autres poissons. Le seuil européen autorisé pour le thon est aujourd’hui plus élevé, ce que contestent les villes signataires.
Ce que demandent les huit villes
- Abaisser la limite maximale de mercure dans le thon à 0,3 mg/kg au niveau européen (au lieu d’1 mg/kg), par cohérence avec les poissons les plus strictement encadrés.
- Interdire au niveau national la commercialisation des produits à base de thon dépassant 0,3 mg/kg, le temps que l’Europe statue.
- Renforcer les contrôles et la traçabilité des lots destinés à la restauration collective, particulièrement en milieu scolaire.
–> Quelles alternatives au thon en cantine ?
- Poissons à cycle court et plus bas dans la chaîne alimentaire (colin, lieu noir, merlu) soumis à des seuils plus stricts ;
- Sources protéiques végétales déjà courantes en restauration scolaire (légumineuses, céréales complètes) ;
- Œufs et volailles, selon les lignes nutritionnelles en vigueur ;
- Mise en avant de recettes maison (rillettes de maquereau, houmous, dahl) pour maintenir l’acceptabilité des menus.
–> Le cadre réglementaire en bref
La réglementation européenne autorise aujourd’hui jusqu’à 1 mg/kg de mercure dans le thon. Des ONG et plusieurs villes plaident pour un alignement à 0,3 mg/kg, seuil déjà utilisé pour d’autres espèces. Une telle révision relève d’une procédure européenne, mais des mesures nationales peuvent être prises à titre conservatoire pour la restauration collective.
Et pour Rennes ?
À Rennes, la décision s’inscrit dans une politique d’achats responsables et de menus équilibrés. Les services municipaux indiquent pouvoir adapter les recettes sans dégrader l’apport nutritionnel ni le plaisir gustatif, le temps d’obtenir des garanties réglementaires et industrielles sur le niveau de mercure des produits à base de thon.
À suivre : le ministère de la Santé et le ministère de l’Agriculture sont appelés à porter la demande d’abaissement du seuil auprès de la Commission européenne et à encadrer les produits non conformes sur le marché français.
