Carl Moser, le peintre autrichien qui passait ses étés en Bretagne est mort il y a 86 ans !

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Carl moser
Carl moser : les noces bretonnes

Carl Moser (1873‑1939) aimait la Bretagne, notamment Douarnenez et Concarneau dans le Finistère. Il s’est éteint le 23 juillet 1939 à Bolzano, à l’âge 66 ans, dans l’oubli et la pauvreté. Son œuvre graphique autour de trois thèmes principaux – la Bretagne, le Tyrol du Sud et les oiseaux – fut redécouverte dans les années 1970.

Carl Moser est né le 27 janvier 1873 à Bolzano. Issu d’une famille de tanneurs, il compte plusieurs artistes autodidactes : son grand‑père Karl Sigmund Moser (1790‑1865) et son père Karl Vinzenz, peintre paysagiste. Ce dernier a laissé plus de 200 tableaux, aquarelles et dessins.

Carl moser
Carl Moser

Après des études commerciales à Dresde (1891–1893), il entre à l’Académie des Beaux-Arts de Munich (1896–1901), puis rejoint Paris en 1901. Il suit les cours de l’Académie Julian (1906–1907), visite les expositions de gravure sur bois et découvre le japonisme, qui influencera durablement son style.

À partir de l’été 1902, il passe tous ses étés en Bretagne, notamment à Douarnenez et Concarneau, où il rencontre de nombreux artistes. C’est d’ailleurs la-bas qu’il rencontre le peintre viennois Max Kurzweil (1867‑1916). Ce dernier l’encourage à explorer la gravure sur bois en couleur et lui transmet les techniques japonaises de gravure et d’impression. Il créera par la suite des gravures sur bois polychromes qui mêlent esthétiques orientales et occidentales, et vie quotidienne bretonne. Il se lie également d’amitié avec le graveur français Henri Rivière (1864‑1951). À l’image de Rivière, Moser adapte le japonisme aux paysages et personnages bretons. Ses figures, souvent représentées de dos, vivent dans une atmosphère douce, portée par le trait, les teintes et les compositions.

En 1907, Moser retourne à Bolzano. La Bretagne continue pourtant d’occuper son imaginaire pendant deux décennies. Il compose alors de mémoire, souvent en s’appuyant sur des cartes postales.

Carl Moser

Le peintre explore aussi le Tyrol du Sud, sa région natale, en représentant les costumes, les métiers traditionnels et les scènes rurales. Il est aussi fascine par les oiseaux, qu’il peint et grave avec précision : paons, flamants roses, grues…

Malgré une reconnaissance artistique (notamment des participations à la Biennale de Venise), Carl Moser finit sa vie dans l’isolement et la modestie, près de la gare de Bolzano. Il meurt le 23 juillet 1939. Son œuvre est redécouverte dans les années 1970, notamment lors de rétrospectives à Innsbruck, Bolzano et Pont-Aven.

En septembre 2023, la Galerie bei der Oper a présenté au Salon des Livres Rares et des Arts Graphiques de Paris l’exposition Un artiste tyrolien en Bretagne…, saluant « sa contribution essentielle à l’histoire européenne de la gravure sur bois ».

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.