Moi, Jean-Christophe, journaliste (carte de presse depuis plus de 10 ans), je viens de subir un étonnant mais inquiétant affront au Cimetière de l’Est. Dans la même veine, un photographe renommé de la place de Rennes a affirmé à notre rédaction avoir connu un semblable problème… au Thabor. Pour photographier, il semble désormais obligatoire de demander un Ausweis, pardon une autorisation, à la Mairie. Qu’est-ce à dire ? Bientôt la Municipalité demandera-t-elle aux Rennais de se fendre de quelques euros pour prendre une photo de leur propre ville ? Les fleurs porteront-elles plainte ? Patrimoine, culture et libertés ne feraient plus bon ménage…
Sachez-le, les Rennais n’ont pas le droit de photographier sans autorisation préalable leur cimetière de l’Est. Oui, celui qui abrite les anciens maires : Fréville, Janvier et les autres. Cette décision revient à un ancien journaliste de métier, Daniel Delaveau, et maire de notre ville. J’en ai fait les frais, ce matin. Alors que je souhaitais photographier les plus belles tombes rennaises, deux agents des cimetières m’ont prié de les suivre à l’accueil et de décliner mon identité. Il va de soi que j’ai refusé poliment, prétextant ma liberté d’aller et venir en ces lieux de mémoire.
Les fonctionnaires m’ont aussitôt rétorqué qu’il existait une réglementation et que je devais tout bonnement l’appliquer. « Des familles peuvent porter plainte contre nous pour non-respect du droit à l’image, » a ajouté l’un d’eux. Ce à quoi j’ai répondu : « On ne me demande pas ma pièce d’identité quand je photographie un petit cimetière breton ou encore celui du Père Lachaise. » Naturellement, la blague n’a pas été du goût de l’un d’eux qui a fini par me sortir sa carte de police… » Vais-je me retrouver au poste pour exercice de la photographie dans un cimetière ? » lui ai-je demandé. Revenant à de meilleures considérations, il m’a simplement dit : « Nous avons des ordres. »
Je veux bien l’admettre : Mais de quel droit m’interdit-on de répertorier le patrimoine rennais ? La société devient-elle folle au point de réglementer ce genre de pratique ? J’ai bien peur en revanche que la la municipalité pousse un peu loin le bouchon, en voulant tout savoir sur tout et en voulant tout réglementer. Même les projets professionnels qui sont après tout de mon ressort et de ma conscience…