En février 2021 paraissait Catherine Feff, La Saga. De ses débuts en 1986 à aujourd’hui, ce beau livre est à découvrir telle une rétrospective de 300 pages de photos, une célébration de 35 ans de la carrière de cette artiste française spécialisée dans le grand format. De la bâche au chevalet, en passant par le mur, les lecteurs découvrent notamment, au fil des images, les prémices d’une pionnière en matière de toiles évènementielles.
Édité en février 2021, Catherine Feff, La Saga arrive comme une alternative artistique bienveillante alors que les expositions sont inaccessibles depuis plusieurs mois. Un beau livre où le lecteur retrouve en quelque sorte sa place de spectateur et se laisse embarquer de page en page, de chapitre en chapitre, comme il le ferait dans une exposition, de section en section.
Une partie du travail artistique de Catherine Feff se découvre à ciel ouvert, dans l’espace public. Vous êtes d’ailleurs peut-être déjà passé devant ses créations et réalisations, sans le savoir : Arc de Triomphe, les façades de l’église de la Madeleine ou encore la place de la Concorde pour ce qui concerne la capitale française. Plus récemment, les passionnés de cinéma ont pu apercevoir les portraits des célébrités qui ont marqué l’histoire du cinéma accrochés au Palais des festivals et des congrès de Cannes. Une commande datant de 1997, pour les 50 ans du Festival de Cannes, mais qui a repris sa place suite à l’annulation du festival en 2020.
Née en 1954, Catherine Feff a étudié à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs puis au Centre de Formation des journalistes de Paris. Depuis plus de 30 ans, l’artiste parisienne et l’équipe de son entreprise spécialisée dans la communication artistique en grandes dimensions, Catherine Feff Studio (créé en 1986), habillent l’espace public des quatre coins du monde de murs peints, d’intérieurs de décors et de toiles évènementielles. Pionnière dans ses dernières, son idée a fait le tour du monde et ses créations ont habillé les échafaudages de grands chantiers en France, en Europe, aux États-Unis et en Extrême-Orient. Après 35 ans de carrière, le studio vient de publier une édition spéciale sur ce parcours artistique monumental.
Catherine Feff, La Saga
FEFF. Des lettres capitales point des couleurs vives et des motifs sur le fond noir de la couverture de l’ouvrage. Tout en sobriété. Si l’on ne connaît pas l’artiste parisienne, elle peut intriguer, questionner. De quelle manière cette vie d’artiste a-t-elle commencé ? Par la découverte du Pont Neuf emballé par l’artiste bulgare Christo en 1985. La révélation qu’elle attendait l’a finalement trouvée. « Sa détermination m’a enthousiasmé […] N’ayant peur de rien et n’ayant rien à perdre, je décidais de créer une entreprise de peintures artistiques ».
On se laisse vite embarquer par le texte d’ouverture rédigé par Chaix, avant de suivre avec intérêt les quatre entretiens qui racontent les quatre modes artistiques utilisés : toiles évènementielles, murs peints, décors intérieurs et toiles de chevalet. « On verra se succéder les monuments empaquetés comme des paquets cadeaux […], l’intelligence de Catherine Feff entrer en résonance avec l’esprit des lieux et s’épanouir dans le continuo de son face-à-face avec le chevalet. »
Connue et reconnue pour la monumentalité de ses œuvres, le lecteur suit les projets de Catherine Feff, « de ville en ville, de bâche en mur et de façade en alcôve », en commençant par un premier coup de théâtre, l’habillement d’un immeuble haussmannien en travaux à Paris en 1986, « dans cette embrasure XXL, une aventure vénitienne de bal masqué relève son loup de satin accrochant, en contrebas, le regard du piéton de Paris », jusqu’à ce qui est pour le moment son plus gros projet, la reconstitution du château de Berlin. Rasé en 1950 et en cours de reconstruction depuis 2013, elle le ressuscita en deux dimensions sur 10 000 m².
Véritable caverne d’Ali Baba, le travail de Catherine Feff se développe depuis trois décennies autour du langage international de l’image. Ce travail titanesque s’intègre dans l’architecture existante et dans l’environnement, et se révèle d’autant plus impressionnant quand on sait que le studio est passé au numérique en 2000. L’intégration du travail du studio était auparavant réalisé à la main.
Reconnaissable de par son réalisme et son utilisation de la couleur, « les couleurs ont une influence inconsciente sur nos perceptions, nos pensées, notre comportement et même notre état psychique […] l’impact des couleurs agira également sur l’individu en fonction de son milieu géographique, la culture en son pays, sa religion, son groupe socioculturel, son éducation, son expérience. » Les différents supports utilisés sont autant d’indices artistiques révélateurs d’une fascination qui ne l’a jamais quittée : la technique du trompe-l’œil. Le livre peut ainsi se lire comme un hommage à cette technique tombée de l’oubli qu’elle s’est évertuée à développer durant ces trois dernières décennies. Avec brio !