C’EST ÇA L’AMOUR DE CLAIRE BURGER, CINÉMA ET ÉMOTION

Lauréat des Giornate degli Autori (journées des auteurs) à la Mostra de Venise 2018, C’est ça l’amour est un drame intime réalisé par Claire Burger avec notamment Bouli Lanners, Justine Lacroix, Sarah Henochsberg. Après Party Girl, co-réalisé avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis, la cinéaste se retrouve pour la première fois seule derrière la caméra.

C'EST CA L'AMOUR BURGER

Claire Burger se raconte ici, par le personnage de Frida (Lacroix), pendant la séparation de ses parents, et dresse le portrait de son père, Mario (Lanners). Ce dernier va rejoindre une troupe de comédiens du nom d’Atlas, d’abord pour se rapprocher de son ex-compagne, qui travaille dans le théâtre où se produit la compagnie. Entre deux répétitions, il s’occupe tant bien que mal de ses deux filles et de leurs angoisses adolescentes. Tout ce maelström émotionnel donne un film très sympathique et touchant.

C'EST CA L'AMOUR BURGER

Le cœur du projet est le portrait du père de la réalisatrice, ici représenté par Mario. Claire Burger ne s’y est pas trompée en castant dans le rôle l’excellent Bouli Lanners, acteur belge d’une grande sensibilité. Il interprète un personnage tendre et attentionné, très loin de l’image traditionnelle du pater familia. Atteint du syndrome de Diogène, il préfère sortir dans les musées ou les théâtres plutôt que de ranger ses piles de journaux. L’univers intérieur de Mario est d’autant mieux représenté que la majeure partie du long-métrage est tournée dans la maison d’enfance de la cinéaste, avec les vraies piles de journaux laissées par son père. Lanners est tout en subtilité dans son portrait d’un homme à la vie intérieure bouillonnante, mais qui peine à en sortir.

C'EST CA L'AMOUR BURGER

C’est d’ailleurs de ce monde bouillonnant dont il sera question au théâtre. Alors que Mario avait rejoint Atlas pour rester proche de son ex-compagne, il se découvre lui-même sur les planches. Lui qui était si réservé, on le voit tout doucement, s’exprimer et prendre confiance, jusqu’à finalement arriver sur le devant de la scène. Prendre de l’assurance, aller vers les autres, autant de thèmes très souvent vus, qui sonneraient sûrement « clichés » s’il n’y avait la performance de Lanners et la narration de Burger pour les incarner à l’écran.

C'EST CA L'AMOUR BURGER

On doit certes bien admettre que le film pêche parfois visuellement, la caméra étant simplement démonstrative, et non expressive. Si l’on peut parfois regretter cet aspect très brut, cela s’inscrit dans une très noble volonté de cinéma sans artifice, et C’est ça l’amour porte bien la marque de son auteure. À la base journaliste pour une télévision locale du Grand-Est, c’est en partant à la rencontre des gens pour ses sujets que Claire Burger a découvert le travail de l’image et, surtout du montage. Après une formation à la Fémis, où elle a pu parfaire ses compétences en montage, elle a fait le choix (politique) de retourner dans son Forbach natal, afin de filmer « des visages, des décors qu’on représente et qu’on voit trop peu ». C’est là qu’elle a notamment tourné ses courts-métrages, Forbach, et C’est gratuit pour les filles (2010), pour lequel elle a remporté le César du meilleur court-métrage.

C'EST CA L'AMOUR BURGER

La question de la représentation est centrale dans le cinéma de Claire Burger, et c’est également à cette fin qu’elle a souhaité mêler acteurs pros et non-pros. De fait, seuls deux acteurs pros sont présents au casting, les autres étant amateurs, ou membre de l’équipe technique. La mère, Armelle, par exemple, est incarnée par Cécile Remy-Boutang, directrice de production sur le film. De même, l’ensemble des comédiens d’Atlas sont de vrais comédiens amateurs. Ces scènes ont également permis à la cinéaste de filmer des séquences qui penchent plus du côté documentaire que du cinéma narratif traditionnel, ce qui renforce l’immersion.

C'EST CA L'AMOUR BURGER

Faisant de ses convictions la clé de voûte de son cinéma, tant dans sa confection que son résultat final, Claire Burger signe ici un film personnel et touchant. Malgré son petit budget (2,5 millions d’euros), elle parvient à nous raconter beaucoup, en faisant simplement confiance à son scénario, et à ses acteurs.

C’est ça l’amour, film écrit et réalisé par Claire Burger, avec Bouli Lanners, Justine Lacroix, Sarah Henochsberg. Durée 1H38.

Production : Olivier Père, Isabelle Madeleine.

Direction de la photographie : Julien Poupard.

Montage : Claire Burger, Laurent Sénéchal.

Interprétation : Bouli Lanners, Justine Lacroix, Sarah Henochsberg, Cécile Rémy-Boutang, Antonia Buresi.

Scénario : Claire Burger

Image : Julien Poupard

Son : Julien Sicart

Montage : Claire Burger, Laurent Sénéchal

Production : Dharamsala, Arte France Cinéma, Mars Films

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