CHANSON D’OCCASION RÉINVENTE NOS CHANSONS PRÉFÉRÉES

--> Pour recevoir chaque semaine par courriel les derniers articles relatifs à Rennes, cliquez ici

Le groupe Chanson D’occasion a été formé en 2012 à Aizenay en Vendée par les guitaristes Matthias Bourmaud et François Joubert, rejoints ensuite par le contrebassiste Emmanuel Logeais. La même année, ils donnaient leurs cinq premières représentations au village du Vendée Globe. Après 2 premiers albums, ils ont sorti l’année dernière leur nouvel opus dont le nom annonce tout de suite la couleur : « Des tubes et du swing ». Ils ont ainsi engagé une tournée débutée en février, au cours de laquelle ils sont passés au festival Transat en ville à Rennes, le 15 août 2018.

CHANSON D'OCCASION

Le mercredi 15 août, la place de la mairie a accueilli une nouvelle fois un univers singulier, pour le festival Transat en ville. Ce soir-là, les spectateurs rennais ont pu découvrir celui du groupe Chanson D’occasion. Les musiciens de ce trio vendéen, qui ont donné leur premier concert au Vendée Globe en 2013, ont reçu une éducation et un parcours musicaux aux influences diverses : Matthias Bourmaud, l’un des deux guitaristes, a fait partie du groupe de rock reggae Guerilla Fresca pendant 10 ans. Emmanuel Logeais, le bassiste du groupe, avait officié dans la même formation, puis dans le groupe de funk Da Flex. Quant à François Joubert le second guitariste, il est autant influencé par les chansons de Claude François que le jazz manouche de Sansévérino ou encore le rock de Jimi Hendrix. Cependant, c’est dans une tout autre démarche que le groupe s’est lancé depuis maintenant 5 ans : reprendre des grands succès français des trente dernières années en les associant à l’esthétique du jazz manouche. De fait, on retrouve les éléments typiques ce style dans leur esthétique : un jeu de guitare aux accords percussifs accentuant les temps faibles (le « backbeat »), sur un tempo le plus souvent rapide et des enchaînements d’accords correspondant le plus souvent à ceux du jazz.

CHANSON D'OCCASION
Des Tubes et du Swing

D’entrée de jeu, la mise en scène qu’ils ont élaborée pour l’introduction de leur concert a révélé leur affinité pour les ambiances rétro et décalées. Sur scène, des anciens postes de télévision diffusaient des vidéos en noir et blanc. Puis les trois musiciens ont fait progressivement leur entrée un par un, en chemisettes jaunes estivales à motifs ananas. Et le tout… sur le thème principal de Retour vers le futur, composé par Alan Silvestri. Sans plus attendre, ils ont attaqué directement leur set par la reprise de Résiste de France Gall qui a immédiatement introduit les spectateurs dans leur univers hybride.

Leur combinaison de chansons de variété française, de rock et de rap avec le jazz manouche s’avère surprenante et peut paraître déconcertante pour certains auditeurs. Il est par exemple difficile de se figurer une fusion entre le swing de Django Rheinardt et les paroles explicites de NTM (Ma Benz). Mais à l’écoute, on constate assez vite que cette esthétique jazz manouche se marie parfaitement aux éléments du rap, d’autant plus que ces deux répertoires ont en commun une rythmicité et une percussivité centrale. Ainsi dans leur reprise du tube d’IAM, Je danse le mia, Matthias Bourmaud et François Joubert ont conservé le célèbre riff de Give Me The Night de George Benson, ainsi que le rythme vocal présents dans la version originale. Mais dans le même temps, ils y ont mis en avant un aspect mélodique et harmonique plus affirmé. Par moments, leur esthétique semblait également s’aventurer vers des rythmes différents de ceux du jazz manouche. Leur interprétation de New York avec toi, chanson culte de Téléphone, est effectivement construite sur une rythmique qui semblait plus chaloupée et sur un tempo plus lent qui rappelle presque la bossa-nova brésilienne. Dans le même temps, les harmonies vocales, assurées par les deux autres musiciens, s’y mêlaient harmonieusement et s’apparentent aux groupes vocaux « doo wop » des années 1950.

Leurs réarrangements de ces grands succès laissent apparaître une réelle inventivité, tant sur le plan harmonique que mélodique. Bien sûr, certaines chansons sont tellement marquantes (notamment par leurs mélodies) qu’il leur semblait parfois ardu de les transformer complètement. C’est par exemple le cas pour leur reprise de La fille du coupeur de joints d’Hubert-Félix Thiéfaine, pour laquelle ils ont conservé la plupart des enchaînements d’accords originaux. Ils en ont pourtant livré une interprétation très lyrique, au discours musical quasi théâtral. On notera également le solo inspiré de François Joubert, dans un style qui n’est pas sans évoquer la musique gitane. De même, l’aspect planant de son introduction semblait correspondre à l’atmosphère « enfumée » retranscrite par les paroles de Thiéfaine.

Au final, on peut considérer que la formule artistique de Chanson D’occasion a fait mouche. Le choix plutôt hétéroclite des chansons permettait effectivement à plusieurs générations de spectateurs de s’y retrouver. Le charme semble avoir opéré et les paroles ont été assez souvent entonnées en chœur, comme par exemple sur L’homme pressé de Noir Désir. Les trois joyeux drilles ont également offert des traits d’humour parfois mordants, qui faisaient d’habiles interludes. À la toute fin du concert, Matthias Bourmaud s’est également lancé dans une improvisation de scat pendant laquelle il a été accompagné par les spectateurs. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les Vendéens ont fait bouger le public rennais et sont restés fidèles à leur credo : « des tubes et du swing ».

Chanson d’occasion

Leur chaîne Youtube

Leur page Facebook

Matthias Bourmaud : Guitare, chant
Emmanuel Logeais : Contrebasse
François Joubert : Guitare, chant

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=Qr7q2pJvgE0

Contact : Soizic
Tél : 06 09 97 02 51
cdotour[@]gmail.com

Article précédentFESTIVAL DU ROI ARTHUR 2018, IAM FÊTE LES 10 ANS
Article suivantLE DEPART LA MERE ET LA MORT. POESIE MACABRE DE L’AMOUR MATERNEL

--> Rennais, pour recevoir chaque semaine par courriel nos derniers articles, cliquez ici

Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici