Le peintre postimpressionniste, associé au mouvement des Nabis, Paul Sérusier s’est éteint le 7 octobre 1927. Originaire de Paris, il était tombé sous le charme du Finistère en 1893 et, après de nombreux séjours, s’y était établi en 1906… Le musée Sérusier, à Châteauneuf-du-Faou, invite à découvrir son oeuvre et celle de sa femme, Marguerite Sérusier, également artiste.
Le musée Sérusier a ouvert ses portes grâce à Suzanne Yvinec, une habitante de la commune de Châteauneuf-du-Faou (29). En effet, elle a fait don à la ville, lors de son décès le 2 septembre 2015, de tous ses biens, d’une maison et de 80 œuvres, comprenant deux tableaux de Paul Sérusier. L’unique condition était que son legs contribue à la création d’un musée consacré au peintre. Il a fallu anticiper la création de l’établissement, accomplir des années de travaux pour que dix plus tard le musée voit le jour sur une surface totale de 565 m2, dont 230 m2 sont des espaces pour les expositions permanentes et temporaires. Le musée, inauguré le 21 juin 2025, rassemble plus de 200 œuvres : des peintures, des dessins, des estampes, des objets de la collection amassée au fil des ans, qui comprend 52 œuvres de Paul Sérusier et 52 de son épouse Marguerite, également peintre…


Biographie :
Paul Sérusier vient au monde à Paris dans un milieu aisé le 9 novembre 1864. Son père, François Sérusier dirige la société des parfums Houbigant. Paul Sérusier fréquente le lycée Condorcet à partir de 1875 et y fait de brillantes études ; en 1882, il obtient un baccalauréat de philosophie et l’année suivante, un baccalauréat de mathématiques. En 1885, il intègre l’Académie Julian, une école privée parisienne de peinture et de sculpture créée par le peintre Rodolphe Julian (1839-1907).

En 1888, Paul Sérusier vient en famille à Pont-Aven ; à cette époque, la petite ville bretonne est un centre d’attraction pour beaucoup de peintres français et étrangers, en particulier américains. Paul Sérusier y rencontre des artistes, parmi lesquels Paul Gauguin (1848-1903), qui influence immédiatement le jeune artiste, qui s’éloigne du réalisme et utilise des couleurs plus vives. Revenu à Paris avec un tableau, il transmet son enthousiasme à ses condisciples de l’Académie Julian ; le tableau est baptisé Le Talisman.

Paul Sérusier revient à Pont-Aven l’été 1889, et constitue, avec Pierre Bonnard (1867-1947), Maurice Denis (1870-1943), Henri-Gabriel Ibels (1867-1936) et Paul-Elie Ranson (1861-1909) le groupe des Nabis (prophète en hébreu), qui a des préoccupations spiritualistes. Il s’intéresse à la doctrine de la Grèce antique, à la théosophie. Les artistes Nabis ont tous un point commun : ils utilisent pour leurs tableaux de grands aplats de couleurs pures et négligent la perspective. Dans leurs paysages, la ligne d’horizon est située très haut, et laisse presque toute la surface du tableau disponible pour la végétation, les constructions ou les personnages. Le groupe des Nabis sera rejoint ensuite par d’autres artistes comme Édouard Vuillard (1868-1940), mais il ne durera qu’une dizaine d’années ; les artistes se dispersent vers 1900.



Dans les années 1890, Paul Sérusier s’installe chaque été en Bretagne. À partir de 1891, il délaisse Pont-Aven et le Pouldu pour le Finistère intérieur, d’abord au Huelgoat aux Monts d’Arrée, puis à Châteauneuf-du-Faou. Il passe ses hivers à Paris où il expose régulièrement, en particulier aux expositions impressionnistes et symbolistes. En 1906, il entreprend la construction de sa maison, dont il choisit l’emplacement au Duchen Glaz à Châteauneuf-du-Faou.

A partir de 1908, il commence à enseigner la théorie de l’art à l’académie Ranson, à Paris. Cette académie est une école, fondée par le peintre nabi Paul-Elie Ranson (1864-1909), qui fonctionnera jusqu’à 1955. Marguerite Gabriel-Claude est une des premières élèves à s’inscrire à l’Académie Ranson en 1909 ; elle est aussi l’élève de Paul Sérusier, et deviendra son épouse en 1912. Le couple part en voyage de noces à Florence en Italie, puis à son retour, Marguerite s’installe à Châteauneuf-du-Faou et devient une des principales sources d’inspiration de son mari ! Marguerite Sérusier est professeure de dessin dans des collèges de jeunes filles ; elle expose aussi régulièrement ses cuirs d’art au Salon à Paris, récemment créée par les Nabis.

A partir de 1917, le peintre vit principalement à Châteauneuf-du-Faou avec son épouse. Il ne conserve qu’un pied-à-terre à Paris. En 1921, il publie un ABC de la peinture, court traité théorique sur le dessin et la peinture. Paul Sérusier continue à exposer régulièrement jusqu’à sa mort, qui survient en raison d’une crise cardiaque en pleine rue à Morlaix (29), le 7 octobre 1927. Il avait 63 ans. Après une longue période de convalescence jusqu’en 1931, Marguerite Sérusier (1879-1950) reprend la peinture et s’engage pour la reconnaissance de l’œuvre de son défunt mari. Elle lui survivra jusqu’au 25 septembre 1950.


Musée Sérusier – place André Le Gall à Châteauneuf-du-Faou (29) – ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h – Fermé le lundi.
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