Né en 2005 à Rennes, le collectif Bretagne-Brésil s’est tout de suite fait connaître par l’organisation d’un grand carnaval chamarré et festif et une journée découverte à la Halle Martenot. Depuis, l’association organise chaque année des manifestations, dont un Festival du cinéma brésilien. Il se déroule cette année du 23 septembre au 4 décembre. Présentation par sa présidente, Fanchette Bourblanc.
U.D. – Si l’association Bretagne-Brésil promeut des événements en relation avec le Brésil, quels sont vos objectifs principaux ?
Fanchette Bourblanc – Ils consistent dans la dynamisation de toutes les activités culturelles, sociales, économiques, scientifiques en relation avec le Brésil. Faire connaître le Brésil, les Brésiliens pour jouer la diversité culturelle. Voilà l’objectif que nous poursuivons depuis 10 ans.
Historias de Julia Murat (2011) Mercredi 25 septembre Dans un village préservé du temps, dans l’arrière pays de Rio, Rita, une jeune photographe, va raviver les souvenirs d’un passé enfoui et permettre le changement dans une communauté apparemment immuable. Ce film émouvant rappelle le réalisme fantastique de Jorge Luis Borges. Prix du public au Festival de cinéma brésilien de Paris 2012.O Liberdade de Cintia Langie et Rafael Andreazza (2011) Mercredi 9 octobre Depuis 40 ans, un bar de Pelotas (sud du Brésil) présente un groupe de choro : Avendano Jr e o regional. Ce documentaire est un régal pour tous les amateurs de cette musique populaire prépondérante dans le développement de l’identité culturelle brésilienne. Meilleur documentaire do Mercosul (2011). Bruits de voisinage de Kleber Mendonça Filho, (2012) Jeudi 24 octobre La vie dans un quartier de classe moyenne de Recife est perturbée par l’arrivée d’une société de sécurité privée. Une chronique brésilienne, une réflexion sur l’histoire, la violence et le bruit, dans une société en pleine mutation. Récompensé par 14 prix internationaux : Rotterdam, Londres, Copenhague…Voyage aux origines de la Capoeira de José Huerta, (septembre 2013) mercredi 13 novembre (en présence du réalisateur) Le documentaire propose de retracer l’histoire douloureuse de l’esclavage, la force de la religion vaudou et la vitalité artistique africaine qui a tant influencé le Brésil et la capoeira. Née au Brésil dans l’oppression, longtemps réprimée, la capoeira est un art qui fait appel à des valeurs de résistance, d’émancipation et de mémoire pour ses pratiquants. Viramundo de Pierre-Yves Borgeaud (2011) Mercredi 4 décembre |
U.D. – Beaucoup de Rennais et de Bretons nourrissent-ils un intérêt pour le Brésil et les Brésiliens ? Oui, c’est indéniable. C’est patent à travers le public rennais et breton dans la participation aux voyages, lectures et aux ateliers divers centrés sur la culture brésilienne (capoeira, cours de danse, cours de musique, cours de portugais, etc.). Et il convient de mentionner la présence de nombreux Brésiliens dans la région : des étudiants (Rennes 2, Rennes 1, grandes écoles), mais aussi d’adultes qui s’installent dans la région pour différentes raisons (notamment travail et amour). En tout, autour de 250 personnes.
U.D. – Pour la sixième année, vous organisez un cycle de découverte du Brésil à travers le cinéma. Il se déroulera du mercredi 25 septembre au vendredi 4 décembre 2013. Combien de films sont à l’affiche et pouvez-vous les présenter à nos lecteurs qui ne le connaissent sans doute pas ?
Nous projetons 5 films qui n’ont jamais été présentés à Rennes. Nous les avons déniché grâce au festival du film brésilien à Paris ou par l’intermédiaire de relations brésiliennes. Tous nos films sont en VOSTF et sont projetés à la Laison internationale de Rennes à partir de 20h30.
U.D. – En marge ou, plutôt, en complément de ce cycle, des animations culturelles auront lieu dans des bibliothèques du bassin rennais…
Nous proposons des animations à la bibliothèque de Bourg l’Evêque le 6 novembre autour du conte, de la musique et du carnaval avec dégustation de friandises et le 21 novembre une animation autour de la Capoeira.
En décembre, nous accompagnerons une animation sur le Brésil proposée par le Triangle en proposant un goûter le 18 décembre et un apéro le 20 décembre.
U.D. – Le Brésil repose sur une grande diversité d’héritages culturels brésiliens. Se traduit-elle par une homogénéité culturelle dans les faits ? Autrement dit, l’identité nationale est-elle l’expression de cette diversité ?
Les Brésiliens sont fiers de leur pays. Ils se retrouvent derrière le foot, le carnaval, la musique, etc. Toutefois, en derrière-fond, la réalité est « mosaïque ». Le Brésil du nordeste n’est pas celui du Sud ou de la forêt amazonienne : l’histoire, les luttes, le climat, la composition de la population est différente. Cela se traduit par une richesse culturelle exceptionnelle en perpétuelle mutation de par l’évolution économique, sociale et les migrations internes.
U.D. – Le Brésil fait partie des BRIC. Or, ces pays émergents sont pour la plupart en crise. Le Réal brésilien a perdu quasi un quart de sa valeur sur le marché des devises. Qui dit dévalorisation, dit renchérissement des importations. Est-ce la fin de la consolidation d’une classe moyenne brésilienne ?
A mon avis, les problèmes monétaires actuels sont plutôt conjoncturels et ne remettent pas en cause sur le long terme le développement de la classe moyenne. C’est cette dernière qui a surtout manifesté cet été. Elle a grossi ces dernières années grâce à une croissance économique combinée à une stabilité des prix et à des programmes sociaux. Mieux formée, elle revendique un meilleur partage des richesses dans un pays qui reste très inégalitaire et où une partie du personnel politique est corrompu.
Nous proposons justement un café rencontre le 10 octobre au afé des Mondes (ex -uteco) à 19h sur la crise sociale au Brésil avec C. Leray, sociologue à Rennes 2, qui revient du Brésil, G. Maréchal, agronome, avec des étudiants qui ont fait un stage au Brésil cet été et une brésilienne résidente à Rennes, Adriana Marquer de Oliveira.
U.D. – La violence est un problème central au Brésil, notamment dans les villes. Elle provient de criminels, mais elle est aussi le fait de forces de police qui n’échappe pas pour certaines à la corruption. Comment analysez-vous cette importance de la violence et de la criminalité et quelles solutions suggérez-vous ?
La violence est liée à l’histoire et notamment à la dictature. Je suis sûre que l’approfondissement de la culture démocratique et un meilleur partage des richesses devraient sur le long terme réduire ces problèmes.
Propos recueillis par Nicolas Roberti
Festival du cinéma brésilien, Maison International de Rennes, 7, quai Chateaubriand 35000 Rennes, du 23 au 27 septembre 2013