Devenu l’un des grands rendez-vous cinématographiques en France, le festival Télérama invite en janvier à (re-)découvrir des films qui ont marqué l’année écoulée. 16 films et 4 avant-premières, projetés dans 370 cinémas d’art et d’essai en France, à 3,50 € la place. L’occasion de revoir son coup de cœur de l’année ou le petit bijou qu’on aurait laissé passer…
Initié en 1998, le Festival Télérama s’est depuis fait la part belle dans le cœur des Français, notamment chez les habitués des salles de cinéma art et essai. Pour sa 22e édition, il proposera une sélection de 16 films et de 4 avant-premières, formant un « best-of » – subjectif – de l’année 2018. 370 cinémas, adhérents de l’Association Française des cinémas d’Art et d’Essai (AFCAE), participent à ce rendez-vous : celui des cinéphiles de tout poil. Partout en France, ces séances sont au prix de 3,50€ et dureront du 16 au 22 janvier 2019.
Les films à l’affiche ont été sélectionnés par la rédaction « Cinéma » du magazine Télérama. « Le festival permet, dans un contexte fortement concurrentiel, de prolonger et d’amplifier la carrière d’œuvres originales et singulières », annonçait l’édition 2017-2018, qui cumula 271 000 entrées. Le festival réaffirme sa capacité à « mettre en valeur la dynamique collective et l’engagement des cinémas art et essai en faveur de films d’auteurs dans toute la France. »
« 271 000 entrées, c’est l’équivalent d’un film indépendant À succès, comme amanda cette année. C’est conséquent » Éric Gouzannet, directeur de l’Arvor
À Rennes deux salles art et essai participent au festival : le TNB et l’Arvor. Ils diffuseront 8 films chacun parmi les 16 sélectionnés.
Éric Gouzannet, directeur de l’Arvor à Rennes, tatillonne « J’aurais aimé voir figurer Woman at war ou bien The Guilty à la liste du festival », mais persiste et signe « C’est un temps fort de l’année qui nous permet de rassembler le public devant des films de qualité. Les gens viennent nombreux et certains découvrent notre cinéma ». Il affirme que son cinéma effectue environ 50% plus d’entrées lors de cette semaine spéciale, qui a le vent en poupe : « Il y a une vraie attente du public qui nous réclame même à l’avance le programme du festival. ».
La liste ? La voici !
La liste des films du festival Télérama 2019 [avec nos commentaires]
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- Cold War,de Pawel Pawlikowski : Grande fresque historico-amoureuse, du Paris des années 1950 à la Pologne communiste, entre une chanteuse et un pianiste. Les tensions de l’Histoire répondent aux tensions du cœur. Esthétiquement léché, sensible et musical. Par le réalisateur de Ida (Oscar du meilleur film étranger 2015).
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- Leto, de Kirill Serebrennikov : Rock’n roll et Russie communiste ont-ils jamais fait bon ménage ? Leto raconte l’histoire vraie d’un groupe de jeunes russes fans de Lou Reed, Bowie et Iggy Pop. Aspirant à émanciper leurs corps et leurs esprits, ils doivent faufiler leur passion musicale entre les mailles du filet politique. Dynamique et audacieux, ce film propulse au cœur du désir de liberté.
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- En Liberté !, de Pierre Salvadori : Derrière ses apparences potaches c’est sans doute LA comédie française de l’année. À mi-chemin entre l’absurde et le romantique, cette passion clandestine entre une femme flic et un ex-taulard-innocent n’en finit pas de briser ses propres chaînes et celles de nos mâchoires hilares. Sans limites, complètement déluré… et pourtant hautement sensible !
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- Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré : Jacques, écrivain parisien atteint du SIDA, rencontre Arthur, étudiant en lettres à Rennes. Ils vivent une histoire à la fois belle et pathétique, condamnée à l’éphémère par la maladie. Breton d’origine, Christophe Honoré met à l’honneur dans cette comédie dramatique certains lieux rennais qu’il a lui-même fréquentés durant ses études. Entre fiction et réalité, le film dessine avec sensibilité la trajectoire biographique et artistique de son auteur.
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- Girl, de Lukas Dhont : Film belge et néerlandais qui a ému Cannes en 2018. Le film saisit avec une puissance tragique la transmutation de son héros dans la double souffrance de l’apprentissage de la danse classique et de l’arrachement à son corps masculin.
- Une pluie sans fin, de Dong Yue : Dans l’univers poisseux d’une petite ville industrielle, les meurtres de plusieurs jeunes femmes deviennent l’obsession d’un chef de la sécurité d’une usine. Ce thriller chinois pluvieux ravira les fans d’enquêtes policières tortueuses et sombres, sur fond de fantômes sociétaux.
- Burning, de Lee Chang-dong : Au-delà de l’habituel triangle amoureux classique et du combat de deux hommes venus de deux classes sociales différentes (Joon So est un paysan et Ben un dandy qui roule en Carrera) pour Hae-Mi, une ambiance malsaine vole au-dessus des personnages et contamine cette romance pour en faire un thriller. La caméra du réalisateur excelle dans l’art de l’observation. Aux allures inoffensives, les personnages dissimulent chacun une facette de leur personnalité, semblables à des cocottes-minute prêtes à exploser…
- Une affaire de famille, de Hirokazu Kore-Eda : La palme d’or de Cannes. Sur le chemin de la maison après une session de vol, Osamu et son fils Shota, trouvent la petite Yuri. Comprenant rapidement que l’enfant est maltraité, la famille décide de la recueillir. Film poétique et bouleversant qui laisse difficilement indifférent et soulève moult questionnements – juridiques comme esthétiques – sur la notion de famille.
- Les frères Sisters, de Jacques Audiard : Le western n’est pas un genre facile à réinventer. Cette adaptation du roman du Canadien Patrick deWitt, armé d’un casting hors-norme (Jake Gyllenhaal, Joaquin Phoenix, John C. Reilly,…) réussit pourtant ce pari osé. Les cowboys tueurs à gages, la ruée vers l’or, la terre battue par les chevaux, les saloons,… mais aussi des personnalités sensibles, des aspirations à la paix et à la communion avec la nature. Un film pour ceux et celles qui aiment sortir des carcans peut-être trop étriqués des catégories cinématographiques.
- Phantom Thread, de Paul-Thomas Anderson : Un biopic sur Reynolds Woodcock, qui évite avec adresse de tomber dans la mièvrerie ou la distanciation trop froide, clinique. Phantom Thread expose finement les forces créatrices, les enjeux de réalisation personnelle d’un homme talentueux et la fragilité psychologique à l’égard de son environnement affectif. Daniel Day-Lewis est taillé pour ce rôle de couturier pour dame.
- Nos Batailles, de Guillaume Senez : Voir notre article sur ce film.
- Amanda, de Mikhael Hers : Voir notre article sur ce film.
- La prière, de Cédric Kahn
- La mort de Staline, d’Armando Ianucci
- The rider, de Chloé Zhao
- L’île aux chiens, de Wes Anderson
Les 4 avant-premières
La Chute de l’empire américain, de Denys Arcand
La Dernière folie de Claire Darling, de Julie Bertuccelli
Nos vies formidables, de Fabienne Godet
Tout ce qu’il me reste de la révolution, de Judith Davis
Parmi les notables absents à qui nous voudrions rendre hommage, il y a Woman at war, de l’islandais Benedikt Erlingsson, comédie dramatique, ode à l’écologie et à la femme ; ainsi qu’à Dogman, l’effrayant drame social de Matteo Garrone dans une Italie vétuste, délaissée à la loi du plus fort. Hommage également à tous les acteurs d’un cinéma vibrant et artistique qui ont fait de 2018 une année riche en émotion dans les salles obscures.