Quand les portes de la culture restent closes, c’est elle qui vient à vous ! Unidivers donne un coup de projecteur sur de nouveaux talents locaux à suivre, des artistes encore méconnus, mais qui participeront à la scène culturelle et artistique 2021 et même plus loin encore. La photographe rennaise Clémence Lesné en fait partie.
Diplômée d’un master recherche arts plastiques à l’Université Rennes 2 (2017) : Clémence Lesné est une jeune photographe et vidéaste rennaise talentueuse dont le travail ne peut qu’attirer le regard. Derrière son objectif se révèle une vision personnelle composée des associations avec lesquelles elle travaille, des rencontres qu’elle fait, de l’environnement qui l’entoure et de ses propres interrogations plastiques.
L’image, la lumière, le reflet, la réflexion spéculaire et le déplacement du regard ont nourri ses installations immersives (réalisées en binôme avec Anouk Lepeigneul), noirci les multiples pages de son mémoire de fin d’études avant de se poursuivre dans le médium photographique. Ses interrogations artistiques se prolongent derrière l’objectif depuis maintenant 4 ans. D’abord par curiosité, un appareil photo baroudeur toujours à portée de main, « pour continuer à avoir une pratique », « sans prétention plastique ».
Captivée par ce qu’elle voit, la photographie devient le support d’une expérimentation nouvelle, une exploration capturée de ce monde et de cette ville qui l’entoure. Toujours avec le même péché mignon, l’héritage de ses recherches universitaires dont elle n’arrive pas encore à s’émanciper, mais au vu de son travail, ce n’est pas un mal, bien au contraire. Quel est-il ? Celui de regarder au-delà du visible, ce que l’on ne remarque pas, mais à « l’intérêt visuel et photographique » certain : à travers une vitre, dans le reflet d’un miroir ou d’une flaque d’eau, etc. « Je suis toujours émoustillée quand je remarque ce jeu dans la rue », confie-t-elle quelque peu amusée.
Dans son observation du décor urbain et de la symétrie qu’offre un reflet émanent une esthétique et une véritable pratique artistique. Clémence s’attarde sur ces détails, ces éléments omniprésents dans la nature, mais peu visibles. Peut-on parler d’une plongée dans un monde identique au nôtre, mais parallèle ? En quelque sorte. On aime l’imaginer du moins. Son travail nous emmène de l’autre côté du miroir et nous donne à voir différemment l’espace urbain, autant de jour que de nuit. Car quand la lumière naturelle du soleil s’estompe, les lumières artificielles prennent le relais et lui offre un nouveau terrain de jeu illimité. « C’est un automatisme maintenant, une gymnastique du regard. Mon œil est attiré par ce genre de choses, mais j’aimerais bien sortir de cette facilité. »
Clémence ne se repose pas pour autant sur ses lauriers et ne cesse de s’interroger. Elle poursuit ses réflexions et cherche à aller plus loin dans l’exploration photographique. Elle se questionne actuellement sur le rapport au sujet photographié ou encore la posture en tant que photographe. « J’en suis arrivée à un moment dans mon parcours pro où je m’interroge beaucoup sur ce que l’on définit comme une belle photo, sur ce qui me plaît esthétiquement et sur la manière de prolonger mes recherches : raconter une histoire, concentrer mon attention sur une documentation un peu plus approfondie, etc. »
« J’ai très peu de background culturel photo, je connais les grands noms, mais c’est essentiellement une culture très pop, ce qui ne me déplaît pas non plus. » Alors quand Unidivers lui demande quels sont ses photographes fétiches du moment, sans pour autant parler d’influences, elle cite les photographes Maria Page, « elle bloque un peu sur les mêmes choses que moi », souligne-t-elle avec humour ; Ziquianquian (site), « ce n’est pas du tout le même univers, mais elle arrive à se renouveler avec les mêmes outils » ; Julien Magre, « il prend essentiellement sa famille en photo. C’est une photographie plus personnelle et intimiste » ; ou encore Valérie Sixlouis (site).
Clémence Lesné : Photographe de l’événementiel rennais
Au-delà de sa pratique personnelle, Clémence inscrit sa photographie dans l’actualité culturelle rennaise, notamment, si ce n’est exclusivement, associative. Comme beaucoup d’autres avant elle, elle est entrée dans le monde de la culture par la porte du bénévolat. D’abord par le biais de l’association Electroni[k] et le festival Maintenant (arts, musiques et technologies), mais « pas du tout en photographie ». Tour à tour assistante d’artistes, régisseuse en montage d’exposition, l’équipe lui a ensuite proposé de prendre le relais du photographe officiel Gwendal Le Flem quand ce dernier n’était pas disponible. C’est de cette manière qu’elle a mis un pied dans ce qui sera son avenir. La jeune photographe révèle en quelque sorte sa vision de la culture rennaise à travers ses clichés.
Elle s’engage également dans des événements proches de ses valeurs, comme le festival de littérature féministe « Dangereuses Lectrices ». Un projet qui lui tient particulièrement à cœur et pour lequel elle est photographe depuis sa création.
En 2019, l’association Crab Cake Corporation fait appel à elle pour la cinquième édition du festival Big Love. C’est par le biais de Luc Donnard, fondateur et directeur artistique de Crab Cake Corporation, que Clémence rencontre le collectif Contrefeux, créé en 2020 par la photographe Louise Quignon et Laurence Perron, chercheuse en sémiologie de l’image. Ensemble, elles organisent l’exposition Déplacements, une exploration des multiples virtualités des verbes déplacer/se déplacer à travers le travail photographique de six artistes « Se déplacer c’est se mouvoir dans l’espace, adopter d’autres perspectives tandis que déplacer quelque chose équivaut à en modifier la position, à produire un transport », lit-on dans le dossier de presse. Initialement prévue au Roof à l’Hôtel Dieu, l’exposition n’a pour l’instant malheureusement pas vu le jour à cause de la situation sanitaire actuelle.
De cette première collaboration naît un nouveau projet. Le mystère reste entier, mais nous pouvons de source sûre révéler que le collectif Contrefeux et Luc Donnard préparent un nouvel espace, sis 3 rue Victor Hugo. Un lieu dédié à la création photographique semble-t-il… Il n’en est qu’à ses prémices, mais l’idée semble alléchante. Affaire et photographe à suivre de près…