COELHO. LE RAPPEUR PROMETTEUR MADE IN NANTES

Mardi 5 octobre 2021, la scène du Trempo de Nantes a accueilli le rappeur nantais Coelho dans le cadre du festival Hip Opsession. Avec quatre projets à son actif, dont SE7EN le dernier en date, Coelho est un caméléon qui rappe et chante aussi bien sur de douces mélodies que sur des lignes instrumentales entraînantes. Portrait d’un rappeur qui n’a pas fini de faire parler de lui…

C’est avec une simplicité sans pareille que le rappeur Coelho nous accueille au Trempo (centre culturel à Nantes) où il se produira le soir même, mardi 5 octobre 2021, dans le cadre de la 17e édition du festival Hip Opsession.

Nantais d’origine, 26 ans, l’artiste a quatre projets à son actif dont le dernier en date, « SE7EN », est sorti en 2021. En 2018, il fait la première partie du rappeur Vald dans le cadre de sa tournée « Vald Xeu Tour ». En collaboration étroite avec son frère Be Dar, qui est aussi son beatmaker, Coelho est signé sur Mezoued Records, le label de Tunisiano. À en écouter ses deux derniers singles « Marabout » et « Encore », le rappeur est un caméléon pouvant aussi bien rapper et chanter sur de douces mélodies que sur des lignes instrumentales entrainantes.

« J’avais envie qu’on m’écoute », Coelho

Douze et seize ans. Ce sont les deux âges évoqués par le rappeur pour situer ses débuts. Douze ans parce que c’est à cette époque qu’il commence le rap en observant son frère rapper avec ses amis. À ce moment-là et malgré son jeune âge, le Nantais est sérieux dans sa démarche. Il rappe avec une passion latente et déborde de pensées à exprimer : « Dans ma tête, je ne rappais pas pour le délire, je le faisais parce que je kiffais et j’avais envie qu’on m’écoute ». Seize ans, parce que c’est à cet âge qu’il reprend le rap sans jamais s’arrêter. Même si entre ces deux périodes Coelho n’écrit plus vraiment, il ne cesse d’écouter du rap comme il le fait depuis la primaire.

Dans son mp3, on trouve aussi bien du rap américain que du rap français. En primaire, c’est Rohff, Kennedy, Booba, La Fouine, mais surtout 50 Cents qui l’accompagnent au quotidien. Au collège, ce sera la Sexion d’Assaut, mais aussi Salif ou Nessbeal. C’est en arrivant au lycée qu’il commence à écouter le collectif de hip-hop l’Entourage : « Au lycée, il y a eu l’Entourage qui est arrivé avec un style dans lequel je pouvais me reconnaître un peu plus et qui changeait un peu de la vibe gangster cainri (américaine) que j’écoutais. Mais je continuais quand même à écouter Booba, La Fouine et beaucoup de rap US ».

« on est plus attirés par la musique noire américaine que par la chanson française »

Plus jeune, le rappeur se souvient avoir écouté beaucoup de musique en famille : « Mon père écoutait beaucoup de jazz et de la soul. Ma mère c’était plutôt du rock français de l’époque, genre Zazie, Louise Attaque, mais aussi Manu Chao ». Fier de l’héritage musical que lui ont transmis ses parents, l’artiste reconnaît qu’il s’est toujours senti plus sensible à la musique afroaméricaine qu’à la variété française : « le jazz a pu nous inspirer mon frère et moi, c’est sûr. En tout cas, on est plus attirés par la musique noire américaine que par la chanson française ».

À noter que les deux frères ont aussi joué de plusieurs instruments avant de lancer leur carrière. C’est en suivant l’exemple de son frère aîné que Coelho se met à pratiquer du djembé puis de la guitare. Alors que le premier continue les cours de musique, le dernier s’arrête en chemin : « J’ai arrêté parce que je crois que je n’aimais pas ça. En fait, j’allais aux cours, mais je ne répétais jamais entre [les cours] donc je ne progressais pas. Au bout d’un moment j’aimais trop le rap pour jouer de la guitare ».

Crédit : Simon Bouilliere

Pour le jeune nantais, le rap prend une nouvelle tournure dans les années 2016/2017 lorsqu’il change son nom de scène pour celui de Coelho, en référence au célèbre auteur brésilien Paulo Coelho.

Ce nom, il le choisit car il se reconnaît dans certains moments de la vie de l’écrivain, mais également dans le thème de la légende personnelle présent dans L’Alchimiste, premier livre que le rappeur réussit à lire dans son intégralité. N’étant pas un grand lecteur de roman, Coelho avoue préférer les mangas et les BD en citant notamment Hunter X Hunter, One Piece ou encore Noritaka et Blacksad.

« Maintenant, je prends conscience de mes capacités »

Même s’il est resté lui-même, ce changement de nom marque, d’une certaine façon, une transformation entre le rappeur qu’il était avant 2017 et celui qu’il devient ensuite. Cela lui a permis de se renouveler, ce qu’il remarque surtout dans sa façon d’écrire et dans la musicalité de ses réalisations : « Je prends vraiment la période d’avant 2017 comme un entraînement. Ça m’a permis de savoir rapper, et dans les temps. Et puis j’ai pu tester plein de choses aussi. Aujourd’hui, je m’améliore encore mais je ne m’entraîne plus de la même façon. Maintenant, je prends conscience de mes capacités ».

À cette époque, Coelho souhaitait construire un projet sérieux avec son frère Be Dar en abordant d’autres thématiques et en explorant d’autres sonorités. Son EP « Philadelphia », sorti la même année, symbolise les nouveaux choix du rappeur : « Philadelphia était le projet le plus sérieux de ceux que j’avais sortis avant. Il a marqué un changement. C’est un album assez mélancolique qui parle d’une histoire d’amour. Ce n’était pas des sujets dont je parlais avant mon changement de nom ».

Si pour Jazzy Bazz, l’écriture se fait dans le véhicule, pour Coelho elle se fait majoritairement chez lui : «  C’est là où je sens que j’ai plus le temps d’écrire. Je ne suis gêné par personne ». Étant coursier à cette époque, le rappeur écrit beaucoup sur son vélo. C’est d’ailleurs comme cela qu’il compose certains textes de son album Odyssée sorti en 2020 : « Je me mettais des prods (partie instrumentale d’un morceau) sur la JBL et j’écrivais de tête. Quand j’avais deux, trois, quatre phrases d’un coup, je les écrivais sur mon téléphone ».

Pour écrire, Coelho s’inspire de ce qu’il voit, vit et ressent. Il qualifie ses écrits de « très personnels » puisqu’à l’origine, il écrit avant tout pour lui. À travers ses réalisations musicales, son but premier n’est pas de faire passer un message mais s’il peut aider certaines personnes, il en est d’autant plus heureux : « Ce sont des réflexions que je me fais à moi-même et qui me font du bien. Je me dis que sur certains sujets comme l’amour, il y a des gens que ça peut aider. En tout cas, j’ai reçu des messages de personnes qui me disaient que ça les avait aidées. Ça fait plaisir. »

« Je n’ai pas vu d’avenir en l’école. »

Très tôt, Coelho se sent en décalage avec le système scolaire : « Je crois que je n’ai pas vu d’avenir en l’école, les entretiens, le travail, les 35h etc. Ce n’était pas un truc qui me parlait ». En classe, il pense surtout à sortir et faire de la musique. Ces deux activités, il les retrouve au sein d’une association qu’il crée avec ses amis DJs, graphistes, rappeurs et beatmakers. Ensemble, ils organisent de nombreux évènements. De quoi motiver Coelho à poursuivre sa scolarité en intégrant un BTS en communication évènementielle. Après son diplôme, alors qu’il a 20 ans, il décide d’arrêter ses études pour se consacrer entièrement à sa passion tout en enchaînant les petits boulots. Dans l’ensemble, il ne regrette rien et garde surtout de bons souvenirs des moments passés avec ses amis : « J’ai bien fait de faire un BTS avant d’aller directement sur le marché du travail. Ça m’a permis de continuer à grandir un peu avant d’être vraiment lâché dans la nature et de me consacrer uniquement au rap tout en travaillant à droite, à gauche ».

Autant dire que le rappeur a bien évolué depuis, en particulier concernant ses goûts musicaux : « Avec l’âge, je me suis ouvert à plein d’autres styles, et puis avec le streaming tout est facile d’accès, donc tu peux tomber sur des propositions sur lesquelles tu ne serais pas forcément allé ». Lui, qui auparavant écoutait principalement du rap, nous raconte : « J’écoute beaucoup de RnB et d’afro en ce moment, notamment la chanteuse nigériane Tems et l’artiste Ever Mihigo qui a co-composé le son « Pookie » d’Aya Nakamura ». C’est d’ailleurs avec cette dernière que Coelho « rêverait » de faire un featuring. Sur la scène française, il pense aussi à Shay, Alpha Wann ou encore Luidji. Coté international, il nomme Rihanna et Drake.

Pour réussir à toucher du bout des doigts son rêve américain, le rappeur sait qu’il a du pain sur la planche : « Le but c’est d’être là tout le temps, d’avoir un rythme, de proposer de la nouveauté. À force, ça devient de la discipline. C’est vrai que ça peut mettre la pression, mais si tu n’écris que lorsque tu en as envie, tu vas mettre du temps à construire un projet ».

Question projets, Coelho prévoit la sortie de trois EP de cinq titres dont le premier, qui sortira le 5 novembre 2021, comportera les singles « Marabout » et « Encore ». Les suivants sortiront avec deux mois d’intervalle à chaque fois.

Le résultat final prendra la forme d’un triptyque composé des trois EP dont les titres et la musicalité formeront un fil rouge, de quoi susciter la curiosité. Pour compléter son projet, le rappeur prévoit deux featurings par EP dont plusieurs avec Eren Baxter, rappeur et chanteur basé à Nantes.

Dans « Action », Coelho nous le dit bien : « CD sera d’or, CD sera d’platine (et certif’) », alors restez connectés.

Instagram de Coelho

Sa chaîne Youtube

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