Olga Lupi expose pendant deux mois ses collages à Rennes. Du bucolique au grotesque en passant par l’humour noir, ses déconstructions d’images désuètes créent des scènes qui dérangent ou font sourire. Mais, avant tout, ce travail à tendance pléthorique invite à voyager à travers des époques féérisées par l’artiste. Les visiteurs sont invités à s’y coller.
Olga Lupi s’exerce au collage depuis son enfance. C’est par l’intermédiaire de logiciels photos qu’elle a été progressivement conduite à se lancer dans du vrai collage papier. Les ciseaux se sont plongés dans de vieilles encyclopédies, des manuels de zoologie, d’anciens magazines récupérés dans des brocantes comme celle de Sainte-Suzanne qui a permis l’élaboration d’une série de collages sur l’année 1954 (Caverne 1954).
Montrer ses œuvres, elle n’y pensait pas trop au départ. Elle n’avait jusqu’à présent exposé que des photographies de la scène rock qu’elle suivait de près. « Ce sont des amis qui m’ont poussé à montrer mon travail. De bouche à oreille, le Jardin Moderne a entendu parler de mon travail et m’a proposé d’exposer ». Concernant ses sources d’inspiration, elle n’a pas été poussée par d’autres artistes français ou rennais. En général, les collagistes locaux se cantonnent au photomontage. Ses seuls contacts dans le monde du collage papier, elle les a eus à l’étranger, notamment avec le Canada où une revue renommée dans le milieu du collage (Kolaj) l’a interviewée et a présenté ses productions.
Ce qui retient l’attention est la variété des compositions et l’approche surréaliste de sa jeune oeuvre. Tantôt elle utilise des mains, car dans les gravures récupérées il y a souvent des mains. Tantôt des personnages, des regards, afin à la fois narrer des songes et laisser le spectateur imaginer son propre récit. Par exemple, le collage nommé provisoirement « Regards » fait songer au peintre baroque Vermeer qui, lui-même dans son style, cherchait à figurer un monde plus parfait que celui qui nous est donné de voir.
La sensualité et l’histoire du papier, le vintage de l’époque choisie, participent à l’esthétisme soyeux de l’œuvre. Comme lorsque le papier et le style de l’année 1954 donnent une patine enrichie au collage.
Concernant la dénomination des œuvres, Olga Lupi a choisi de ne pas leur donner de titres, ni même de les accompagner de textes. Elle n’en a pas moins envie de développer son travail. Dans cette exposition, elle a consacré un mur entier à des reproductions de détails de collage. Elle en estime le résultat plus graphique. « Je dois améliorer cette compétence de transformation de l’œuvre par l’utilisation de logiciels photos. J’ai par ailleurs envie de travailler avec un dessinateur. On pourrait mélanger nos travaux en croisant nos interventions… »
L’exposition Collages est visible au Jardin Moderne jusqu’au 1 février 2015 (fermeture le lundi). La série des reproductions reste à un prix abordable. Et les collages sont bien sûr à vendre. Pratiques à installer, ils peuvent remplir utilement des collections ou apporter une touche mystérieuse à des pièces. La collagiste sera présente au marché de Noël du Jardin Moderne, le jeudi 18 décembre à partir de 18 heures 30.
Vous pouvez contacter l’artiste : olga [@] olgalupi.org ; site Facebook