CORONAVIRUS JOURNAL DE GUERRE DU 1 AVRIL 2020

Depuis une dizaine de jours, à 20h précises, les voisins ouvrent leurs fenêtres et applaudissent. On remercie et on encourage ainsi tout le personnel soignant qui combat l’épidémie. Dans la rue les maisons sont collées les unes aux autres et ce rituel nous a permis de mieux nous connaître. On ne craint rien puisqu’il y a la largeur de la rue qui nous sépare. Les confinés en profitent donc pour se parler et prendre des nouvelles.

C’est toujours la famille C. qui ouvre le bal. C’est le signal. On se précipite aux fenêtres, on claque dans les mains et on fait des signes. Hier, le fils M. a soufflé dans sa trompette ! Belle ambiance de solidarité et de réconfort. Mais hier soir il s’est passé quelque chose d’étrange. C’est Madame D., retraitée de l’enseignement et violoniste amateur, qui a parlé la première :

coronavirus poisson avril
« Je suis heureuse qu’on est tous là, ensemble, chaque soir, à applaudir » a-t-elle lancé à la cantonade ; et son mari, de renchérir :
« Après toute cette histoire, ce serait bien qu’on fait un barbecue ensemble ! »
Une voiture est passée en trombe et Madame C., à son balcon, a été obligée de crier pour se faire entendre…
« A condition qu’on n’est pas malade, hein ! »

Ma femme a applaudi de plus belle et elle a mis ses deux mains en porte-voix :
« Faut qu’on fait attention. Faut qu’on va aux courses qu’une fois par semaine ! »

J’étais sidéré. Même ma femme, spécialiste de la dyslexie ! Mais qu’est ce qui leur prend de parler comme ça ? Oublier le subjonctif, le fleuron de la langue française !

Je n’osais pas parler. Et si moi aussi j’allais oublier le subjonctif ! Et si c’était le nouveau symptôme du Coronavirus ? Il y avait bien eu la perte de l’odorat et du goût ; et si c’était maintenant au tour du subjonctif ?

Mon Dieu, on est perdu !
Je me suis agrippé comme un fou à ma femme et j’ai hurlé, hurlé.

Ma femme est penchée vers moi. Je suis tombé du lit et je la regarde, les yeux hagards. Un petit sourire bizarre se dessine sur ses lèvres.

« Au fait, mon chéri, c’est quoi cette histoire de subjonctif ? Il faut que tu me dis la vérité !

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Michel Heffe
Michel Heffe : dessinateur, humour, satire, caustique, ironie…

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