7h30 tapantes. C’est l’heure de Marilou. Foulée souple et tenue allégée, elle part pour sa course à pied avant de commencer sa journée de télé-travail à la maison. Dans sa bulle, pour soixante minutes, pas une de plus ; après, c’est maintenant interdit. Le seul objectif, c’est le marathon de New York le 1er Novembre. Elle a commencé son entraînement le 1er Janvier : 9 mois pour arriver au top ! La grossesse attendra !
Douze km/h, toujours sur le même circuit, qu’il vente ou qu’il pleuve. Et l’épidémie de Coronavirus n’y change rien. Une vraie métronome, Marilou. Elle se connaît bien mais son bracelet d’activité la connaît encore mieux ! Rien ne lui échappe. Si notre joggeuse a le malheur de ralentir, un bip agressif retentit à son poignet. A ce rappel à l’ordre, vous pouvez être sûr que Marilou va accélérer. Elle a horreur d’être prise en faute. Sa montre connectée, c’est son seul gendarme. Les autres, ceux qui vous donnent la fameuse amende de 135€, elle n’en a cure. L’épidémie, quelle épidémie ? Dix ans qu’elle pense à son marathon américain ! Alors, elle s’est concocté un parcours discret au milieu des friches de l’ancien Arsenal. Qui irait la chercher dans ce dédale de sentiers et de ruines ? Parfois elle se sent un peu seule dans cet immense jungle urbaine mais Marilou a confiance dans sa bombe au poivre et … dans sa pointe de vitesse.
Quelque chose la chagrine tout de même. A la fin de son périple, quand elle revient dans son quartier, tous les gens qu’elle rencontre – même ses voisins – s’éloignent d’elle, changent de trottoir et la regardent d’une drôle de façon. Il faut dire qu’elle est rouge comme une pivoine et qu’elle souffle fort.
Restez chez vous ! Restez chez vous ! On n’entend que ça partout. Et le bashing anti-runner qui s’emballe ! Haro sur les coureurs !
Méfie-toi Marilou et profite bien de ton footing aujourd’hui !
Le Président de la République va s’exprimer lundi prochain.
Quelque chose me dit que le runner est une espèce menacée…