Une semaine s’est écoulée depuis le début du confinement et les initiatives de solidarité ne cessent de se développer en France. Particuliers et associations appellent à s’unir afin de venir en aide à leurs voisins, aux soignants, aux personnes isolées et aux sans-abris. Ces gestes de solidarité, créateurs de liens sociaux, méritent d’être valorisés et rendus visibles. Vous retrouverez dans cet article les liens utiles.
De l’incrédulité totale à la paranoïaque extrême, chacun réagit à sa manière depuis le début de l’épidémie, mais l’heure n’est pas au jugement.
Dans cette psychose ambiante, on en appelle à la solidarité envers ces personnes qui sont en première ligne : les soignants, mais également les routiers, les éboueurs, les caissiers, les livreurs à domicile et autres salariés. Les moyens donnés pour leur sécurité sont insuffisants et pourtant ils répondent présents. « Un simple « merci d’être là » à la caissière n’est pas grande chose, mais en même temps c’est important de leur dire… c’est le moins que l’on puisse faire », explique une cliente. La salariée a apprécié et l’a remercié de son attention.
Dans son allocution du lundi 16 mars 2020, Emmanuel Macron a évoqué « les plus précaires, les plus démunis, les personnes isolées […] qu’ils puissent être nourris, protégés, que les services que nous leur devons soient assurés ». Mais à côté des dispositions du gouvernement – que l’on peut aisément remettre en question, la population a également répondu présente. En période de crise, elle se montre soudée et unie face à cet inconnu qui en terrorise plus d’un. Les particuliers aident à leur niveau et les associations appellent au bénévolat des plus jeunes.
Ne voulant pas jeter ses compositions florales, Romain de Végétal Banliat a par exemple pris l’initiative d’aller fleurir les tombes des défunts du cimetière de Plerguer, sachant que les familles et amis ne peuvent se recueillir en ce moment. Un geste d’une grande générosité et humanité.
Voisins solidaires !
En apprenant le confinement, Jordan (27 ans) a décidé d’accrocher un papier en bas de son immeuble pour faire savoir à ses voisins qu’il était présent au besoin. « Ça me paraissait être du bon sens, un petit geste de solidarité. Tout nouveau dans l’immeuble, je ne connais pas encore mes voisin.e.s – leur âge, leur condition physique, etc. Je me suis dit que peut-être l’un.e d’entre eux ou elles pouvait avoir besoin de quelqu’un pour leur faire des courses (pack d’eau, lait, etc.), leur prêter quelque chose ou que sais-je ».
Créée en 2007 par Atanase Périfan, l’association française Voisins Solidaires a pour objectifs de renforcer les solidarités de proximité et de favoriser la convivialité entre voisins, en complément des solidarités familiales et institutionnelles. Dans le cadre de l’épidémie, l’association propose des affiches et des kits à coller sur la porte de son immeuble et inciter les habitants à frapper à la porte de leur voisin pour lui rendre service. Plus d’informations ici
Couturières solidaires : l’aide aux soignants
Chaque soir à 20 h, des applaudissements retentissent dans toute la France. Les Français sortent sur leur balcon ou dans leur jardin et applaudissent le corps médical. Un soutien à toutes ces personnes qui ne comptent plus leurs heures et risquent leur vie. À juste titre, les salariés de l’hôpital public étaient de toutes les manifestations pour tenter de sauver le milieu hospitalier. Le manque de moyens et des conditions de travail de plus en plus rudes font partie de leur quotidien. À coup de suppressions de lits (13 631 lits supprimés dans les hôpitaux publics depuis 2013) et baisse du budget hospitalier (pour le budget 2020 de la Sécu, les hôpitaux devront encore faire 800 millions d’euros d’économies), ils criaient leur mécontentement à ne plus pouvoir exercer leur travail décemment. Les décisions du gouvernement semblent aujourd’hui les rattraper…
Pourtant tous ces soignants, même les jeunes retraités, sont à bord de ce bateau infernal et naviguent avec courage dans cet océan de malades qui affluent chaque jour. Depuis le début de l’épidémie, ils interpellent : ils sont en manque cruel de masques pour faire face à l’épidémie – le nombre de vols, notamment dans les hôpitaux de Marseille et Paris, n’aidant pas.
- Le groupe Couturières Solidaires a été créé à destination des couturières débutantes et confirmées d’Ille-et-Vilaine (ou toute personne désireuse de venir en aide) afin d’organiser la création, collecte et distribution de masques « artisanaux » en Ille-et-Vilaine selon les conditions de fabrication propre à l’utilisation de ces masques au sein d’un service médical. La page Facebook recense toutes les demandes reçues et les distributions effectuées.
- Gaëlle, présidente des Bobinettes depuis 11 ans et infirmière depuis 21 ans et cadre de santé dans un Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes, atteintes de maladie Alzheimer ou apparentée, recherche des couturiers.ères, professionnels.les ou amateurs.rices, afin de l’aider dans la confection de masques en tissus. Au besoin, les matières premières peuvent être fournies. Si vous savez coudre et que vous avez un peu de temps, n’hésitez pas à les contacter par mail sur lesbobinettes35@gmail.com. Les masques confectionnés doivent suivre les recommandations de l’AFNOR.
- Tu as du temps, et une machine à coudre ? Rejoins l’équipe Sur-blouses « over the blues » qui fabrique des surblouses pour le personnel soignant. Il recherchent des personnes qui savent coudre, peuvent fournir du tissu et/ou peuvent coordonner des équipes à un niveau régional ou local. Plus d’informations sur le site internet
Les sans domicile fixe : les sacrifiés de l’épidémie ?
Depuis mardi 17 mars, tout Français qui s’aventure hors de chez lui pour autre chose que des déplacements de première nécessité écope d’une amende de 135€ – bientôt augmentée à 1 500€, et 3 700€ et 6 mois de prison après quatre récidives. S’il est désormais interdit de sortir, certains n’ont aucun lieu où se réfugier. Étrangement, ils semblent encore plus présents dans ces rues désertes… Selon l’Insee, 150 000 personnes sont aujourd’hui sans domicile fixe, mais les associations revoient ce chiffre à la hausse, environ 250 000 en France alors que le ministre du logement Julien Denormandie annonce la mise à disposition de seulement 2 000 places d’hôtels en France et de centres dédiés pour ceux atteints du coronavirus.
Les épidémies sont révélatrices des inégalités sociales et la propagation du Coronavirus ne fait pas exception. Elles les mettent douloureusement sur le devant de la scène. Jeudi 19 mars, la mairie de Rennes a demandé à l’État de réquisitionner des hôtels – les gymnases ne permettant pas un confinement adéquat. Cependant, aujourd’hui ils ne peuvent qu’attendre et sont face à l’inconnu, en réelle situation de risque. À cela, s’ajoute l’absurde verbalisation des sans-abris pour non-respect des règles du confinement – notamment à Paris, Lyon (Est) et Bayonne (Sud-Ouest). Un scandale qui résonne jusqu’à l’étranger…
Malgré la suspension de la majorité des maraudes et distributions alimentaires, Le Fourneau de Cleunay continue de distribuer des repas aux sans-abris. Des associations lancent également un appel au bénévolat afin de poursuivre les distributions alimentaires dans la rue et des initiatives solidaires se sont mises en place :
- Restos du Cœur : Leur mission d’aide alimentaire est plus que jamais essentielle. Ils ont besoin de mains pour aider ceux toujours à la rue : « Les Restos du Cœur ont besoin d’aide pour préparer des colis qui seront distribués à des personnes dans le besoin. Pas de contact public, consignes de sécurité respectées… » déclarait une publication . Plus d’informations ici
- Du 27 avril au 4 mai 2020, Hugo, étudiant à Grenoble, lance le #solidrproject afin de collecter des fonds pour les Restos du cœur. Le principe est simple : gravir les escaliers de votre maison, appartement ou à proximité de chez vous (en suivant les mesures du confinement mises en place) comme si vous grimpiez l’Everest dans le respect de ses capacités. Le but étant de grimper l’Everest autant de fois que possible en une semaine. La suite des explications dans la vidéo ci-dessous :
- Cagnotte solidaire – Les Suspendus de Rennes/Le Café des Jacobins : Suivant l’exemple italien, la Maison des Citoyens de Rennes et sa métropole a mis en place en 2017 un nouveau mode de consommation aujourd’hui renommé Les Suspendus de Rennes (voir l’article Café Suspendu : une initiative solidaire en plein essor). Le principe est simple : Commandez auprès des commerces partenaires deux cafés, deux soupes, deux baguettes, etc. : un café pour vous et l’autre sera redistribué à une personne dans le besoin.
Membre de la communauté des commerçants solidaires et suspendus depuis octobre 2019, le patron Sébastien Blot du Café des Jacobins (8 rue Saint-Malo) a tout mis en place afin que les poulets frites soient à emporter selon les consignes de distanciation. À l’heure du confinement, il met en ligne une cagnotte solidaire afin de continuer la collecte de dons et offrir grâce à la générosité de chacun des poulets rôtis – frites suspendus à ces personnes dans le besoin. Chaque don est reversé et transformé en suspendu une fois la somme atteinte de 9€50. Pour plus d’informations et participer c’est par ici !
- Adaptant ses missions aux lois du confinement, l’association Cœurs Résistants propose des livraisons à domicile de colis alimentaires en remplissant ce formulaire. Contact mail : coeurs.resistants.covid19@mail.fr
- Le site Service intégré d’Accueil et d’Intégration met à jour quotidiennement les informations concernant les ouvertures/ fermetures des structures et associations.
- L’application Entourage met également en relation SDF et particuliers !
- En cette période de confinement, le Secours Populaire de Rennes lance un appel aux dons et recherche les matériels suivants : lits bébé, cosy et poussettes pour les personnes aidées par l’association. Pour des raisons sanitaires, ils demandent aux donateurs de les contacter soit par mail à contact@spf35.org ou sur leur page facebook.
Personnes confinés, mais pas abandonnées
Personnes âgées ou jeunes peu habitués à rester seul et enfermé, beaucoup de Français se retrouvent à arpenter leur appartement. Pour pallier à cette solitude, la Société de Saint-Vincent-de-Paul de Rennes a mis en place une ligne d’écoute pour les personnes seules. Tous les jours de 8 à 22 h, des bénévoles répondent aux appels et prennent de leur temps pour discuter. Depuis vendredi, une centaine d’appels a déjà été enregistrée. Ligne d’écoute au 02 99 36 16 19. Renseignements sur le site de l’association ou à l’adresse mail manuelremond@gmail.com.
- Le groupe Confinés, mais pas isolés a choisi de faire face ensemble et de manière solidaire à cette situation exceptionnelle. Trois objectifs : Organiser à leur niveau la solidarité et l’entraide / Transmettre les infos et connaissances autour du virus pour qu’elles soient le plus accessible possible / Poser ici tous les problèmes et inquiétudes pour les gérer collectivement plutôt que seul.
- Covidon est un site de mise en relation entre personnes vulnérables (ou leurs familles) et volontaires prêts à apporter leur aide aux résidents de leur quartier ou secteur. BÉNÉVOLEMENT.
- Nextoyou est la première application qui permet à des personnes disponibles, en un lieu et à un instant donnés, de connecter et échanger autour d’une passion commune ou de répondre à un besoin dans l’instant.
Chaque initiative et aide bénévole est indispensable, mais rappelons qu’il est important de respecter les mesures de sécurité mises en place afin de limiter au maximum les risques de propagation de la maladie, tel que se tenir à 1 mètre minimum d’une personne (les autorités sanitaires canadiennes préconisant 2 mètres).
Vous connaissez d’autres initiatives locales ? Dites-le-nous ici afin de mettre à jour l’agenda.