Voilà maintenant trois ans que Claire Cariou s’est lancée dans l’aventure du zéro déchet. Ce qui devait être un simple engagement écocitoyen est devenu un véritable sacerdoce pour cette Sud-Finistérienne qui entend promouvoir le mouvement à travers son association Côte Waste.
Il suffit parfois d’un livre pour susciter une vocation et prendre de l’élan pour toute une vie. Pour Claire Cariou, ce livre fut La famille (presque) zéro déchet, de Jérémie Pichon, qu’elle découvre il y a trois ans et dont elle commence à appliquer les préceptes après un déménagement qui fut pour elle l’occasion de transformer ses habitudes de vie. Une révélation pour cette professeur d’allemand qui se mit à adopter de nouveaux gestes aussi satisfaisants que gratifiants. Désireuse d’approfondir son engagement et d’élargir ses connaissances du zéro déchet, elle décida de prendre une année sabbatique pour s’investir pleinement dans son projet. Ce qui devait être une parenthèse devint finalement un nouveau départ pour Claire qui mit fin à sa carrière d’enseignante et entreprit de se consacrer pleinement à la promotion du zéro déchet en fondant Côte Waste.
Je ne veux plus me consacrer à autre chose, ni mettre mon temps et mon énergie ailleurs.
Côte Waste, c’est d’abord une chaîne Youtube lancée en décembre 2018. En plus de proposer des tutoriels ou autres DIY zéro déchet, Claire y poste des vidéos où elle part à la rencontre de personnes qui pratiquent les gestes du zéro déchet au quotidien. Présentées sur un ton léger, les vidéos tendent à montrer que réduire ses déchets est une démarche autant individuelle que collective, qui commence dans notre cuisine, notre salle de bain ou notre jardin, et demeure accessible à tous.
L’engouement autour de ses vidéos fut tel qu’un mois plus tard Claire décida de faire de Côte Waste une association à part entière avec un large champ d’action. Forte de sa formation pédagogique en tant qu’enseignante, elle commence à animer des ateliers pratiques autour de chez elle, notamment dans les établissements scolaires. Éduquer les nouvelles générations est pour elle une priorité : il n’est jamais trop tôt pour être initié à des modes de consommations moins nocifs, de même qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre des gestes simples. Ces ateliers ne sont donc pas réservés exclusivement aux plus jeunes puisque Côte Waste intervient aussi auprès des collectivités en proposant par exemple des ateliers pratiques, des co-organisations ou co-animations de projets et conférences. Claire anime par ailleurs des émissions radio en breton sur Radio Kerne.
Claire propose depuis peu ses services auprès d’entreprises et associations souhaitant limiter le gaspillage et limiter leur production de plastique. Cette collaboration peut mener à des diagnostics comme à un travail de conseil, le but étant le but étant de les accompagner dans la réduction de leur production de déchets et/ou de former les collaborateurs aux principes du « zéro déchet », afin qu’ils soient eux-même moteur du changement.
Loin des discours culpabilisateurs visant à dénoncer notre mode de vie consumériste, l’ambition de Claire est donc avant tout d’inviter à réfléchir collectivement sur nos habitudes. Le zéro déchet reste selon elle un horizon : le but n’est pas de convertir les gens en leur imposant de ne plus produire de déchets du jour au lendemain, mais de montrer que des gestes simples permettent d’en limiter considérablement la production.
Ces gestes concernent bien évidemment nos produits de consommation et nos habitudes alimentaires. Pour tendre vers le zéro déchet, il n’y a pas de secret selon Claire : il convient de déserter les grandes surfaces pour s’aventurer dans des petits commerces locaux, tels que les marchés ou les épiceries bio et indépendantes dans lesquelles sont proposés des produits bruts, frais et en vrac et donc débarrassés de tout emballage. Au-delà d’accéder à des produits souvent de bien meilleure qualité, la démarche permet ainsi de soutenir les producteurs locaux.
Cela peut paraître naïf, mais en vérité réduire ses déchets est extrêmement politique : en relocalisant ses achats, on choisit qui on finance et qui on soutient.
Faire évoluer notre rapport à la consommation requiert un travail de longue haleine et peut souvent sembler intimidant, notamment pour les personnes à faibles revenus qui ne vivent pas avec ce type de commerce à proximité de chez eux. Pourtant Claire est catégorique : consommer autrement pour produire moins de déchets est à la portée de tous. Elle qui habite au bout du monde, à savoir au Cap Sizun (Finistère), et qui vit avec des revenus plutôt modestes, insiste sur le fait que consommer local ne coûte pas plus cher et nécessite simplement de l’organisation. En effet, les emballages, le marketing ainsi que les transports on un coût. Se débarrasser du superflu et simplifier sa consommation permet ainsi de faire de belles économies, et il en va de même pour les produits ménager ! Les bénéfices d’une conversion progressive vers le zéro déchet sont multiples. Au-delà des bienfaits pour l’environnement, pour l’économie locale et pour notre propre santé, les habitudes qui accompagnent le zéro déchet tendent à intensifier le tissu social et à promouvoir un mode de vie plus sobre et donc plus sain.
Malgré les coups durs de 2020, Claire n’a pas perdu de son enthousiasme et affirme aujourd’hui vouloir continuer l’aventure de Côte Waste. Plein de belles choses sont donc à prévoir pour l’horizon des prochains mois ! Depuis sa fondation, l’association s’est vue dotée il y a un an du statut de micro-entreprise. Les ateliers et autres interventions vont donc continuer, et de nombreux autres projets seraient dans les tuyaux selon Claire !
cotewaste[@]lilo.org
06 49 37 19 20 (Claire Cariou)