Covid Frankenstein : Faut-il s’en inquiéter ?

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Un nouveau surnom circule dans la presse depuis la fin de l’été : le variant « Frankenstein ». Ce nom évocateur, qui semble sorti d’un roman gothique, cache en réalité une évolution bien réelle du SARS-CoV-2. Mais faut-il vraiment s’alarmer de cette créature virologique recomposée ?

Un virus recomposé, d’où vient-il ?

Baptisé scientifiquement XFG – ou Stratus dans sa version la plus récente (XFG.3) – le variant Frankenstein est un recombinant. Autrement dit, il résulte du mélange de matériel génétique provenant de plusieurs sous-lignées d’Omicron, lorsque deux variants différents infectent la même cellule. De ce patchwork viral est né un concurrent plus efficace, capable de supplanter le précédent dominant, « Nimbus », en quelques mois.

Le surnom de Frankenstein ne vient donc pas des scientifiques mais des médias : il traduit bien l’idée d’un virus « cousu de pièces »… mais il ne faut pas s’y tromper, nous ne sommes pas face à un monstre incontrôlable.

Où circule-t-il aujourd’hui ?

Le variant Stratus est désormais majoritaire au Royaume-Uni, présent en Suisse, en Argentine et aux États-Unis, et progresse en Europe occidentale, y compris en France. L’OMS le classe comme variant sous surveillance. Les autorités sanitaires françaises s’attendent à une montée en puissance de cette lignée à l’automne, dans le sillage des traditionnelles vagues hivernales.

Quels symptômes ?

Pas de révolution du côté clinique : Frankenstein provoque surtout un mal de gorge très marqué, une voix enrouée, parfois une toux sèche, de la fièvre, de la fatigue et une congestion nasale. Certains malades décrivent la gorge « comme coupée au rasoir ». En revanche, la perte de l’odorat, si caractéristique des premières vagues, est devenue rare.

Gravité : un signal rassurant

Bonne nouvelle : les données actuelles n’indiquent aucune augmentation de la sévérité par rapport aux variants Omicron récents. Pour la majorité des personnes, la maladie reste bénigne à modérée. La vigilance reste de mise pour les plus fragiles (seniors, personnes immunodéprimées, patients chroniques), mais la panique n’a pas lieu d’être.

Vaccins et protections

Les nouveaux vaccins proposés pour la saison 2025-2026 devraient conserver une efficacité solide contre les formes graves, et réduire la probabilité de développer une infection symptomatique. La campagne française démarre le 14 octobre, en parallèle de la vaccination contre la grippe.

En attendant, les recommandations restent les mêmes : aérer les lieux clos, se laver les mains, porter le masque si nécessaire, rester chez soi en cas de symptômes et consulter en cas de dégradation.

Faut-il s’en inquiéter ?

En somme, Frankenstein n’est pas un « supervirus », mais le signe que le Covid-19 continue de se réinventer à travers recombinaisons et mutations. Plus contagieux, peut-être un peu plus tenace, mais pas plus dangereux à ce stade.

S’il fallait retenir une seule chose, ce serait celle-ci : plus que la peur, c’est l’attention qui reste de mise. La vigilance collective, associée à l’immunité acquise et aux vaccins adaptés, nous permet aujourd’hui de regarder Frankenstein en face sans trembler comme au premier confinement.

Gaspard Louvrier
Gaspard Louvrier explore les frontières mouvantes de la recherche, des technologies émergentes et des grandes avancées du savoir contemporain. Spécialiste en histoire des sciences, il décrypte avec rigueur et clarté les enjeux scientifiques qui traversent notre époque, des laboratoires aux débats publics.