
« Sur le trottoir, un moineau tourne sur lui-même par sursauts. L’une de ses ailes claque comme un fouet sur le pavé. L’autre, inerte, en éventail, amasse la poussière et les mégots. L’oiseau aura donné dans une vitre, comme tant de ses semblables. Certains s’en sortent miraculeusement, juste un peu sonnés. D’autres, à l’envers d’Icare, sont condamnés à la chute pour avoir voulu voler à la hauteur des hommes. »
N’est-ce pas du langage ? Du rythme ? De l’harmonie et de l’image ? Pour écrire un enchainement comme celui-là, vous pouvez me croire, il faut beaucoup travailler. C’en est presque dangereux car, partant de si haut, il n’est pas simple de tenir la barre sur le même cap. Mais dés la page suivante nous sommes rassurés :
« Chez elle, un grand duplex donnant sur les serres du Luxembourg, deux cent vingt mètres carrés de silence et de parquet l’attendent. L’appartement contient plus de portes que les boulevard extérieurs (Jeanne leur a donné à chacune un nom : porte de Pantin pour la salle de jeux, porte Maillot pour la salle de bains, porte des Lilas pour le jardin d’hiver…). »

Le Chambrioleur de Damien Luce aux Editions Heloïse d’Ormesson, 202 pages – 15 €
