« Rien ne se tait », et encore moins le groupe de reggae français Danakil… Il effectue sa rentrée le 3 septembre 2021 avec, dans son cartable, un album à la fois critique et pétillant.
Depuis 20 ans déjà, le groupe Danakil composé de la mythique bande de copains de Marly-le-Roi, embellit la scène du reggae français. Le groupe compte 374 423 auditeurs par mois sur Spotify, totalise 10 albums et pas moins de 150 000 exemplaires écoulés pour presque 1000 concerts. Autant dire que le retour des rois du reggae français, récompensé en 2012 pour le Meilleur album reggae français, est attendu avec impatience. Il ne faut également pas oublier que la sortie de ce nouvel album studio a du être reporté au 3 septembre 2021, dû aux conditions sanitaires. Le groupe prévoit, malgré les difficultés accumulées l’année passée, de reprendre la route pour une tournée des festivals et des salles, à partir de l’automne.
L’album est produit par le label Baco, créé en 2011 par le groupe lui-même, avec pour projet de gagner en indépendance et de produire d’autres artistes via un label de qualité qui soit fidèle à leurs attentes. Les albums Live on Air à la Cigale, Entre les lignes et La Rue raisonne avaient déjà été produits par le label. Un trio qui présage un quatrième album tout aussi talentueux que les précédents. Au menu, ” des chansons aux accents chauds et envoûtants et des textes où métissage et réflexion politique jouxtent des thèmes plus sensibles et quotidiens comme le pouvoir du rêve et la famille”, précisait le communiqué de presse. L’album est composé de treize titres, comme annoncé sur le site de Baco Records, et il s’en dégage quelques thèmes particuliers déjà entraperçus lors de la sortie de plusieurs singles ces derniers mois : « Oublions », « Marre », « La Famille », « Rendez-nous la justice », « Ensemble » et « Monde de fou ».
Rien ne se tait. Retour sur un titre qui en dit long
Rien ne se tait. Ce projet une nouvelle fois arbore un nom atypique, signature d’un groupe dont chaque titre d’album fait échos aux thématiques abordées dans ses chansons. Se taire n’est pas du ressort de Danakil qui a pour habitude de mettre sa musique au service de causes actuelles. Le message, toujours engagé, évoque les inégalités, la société de consommation, la classe politique, les problèmes climatiques, et la liberté des peuples. Et comme le laisse présager le titre de ce nouvel album, Danakil ne change pas son regard critique qu’il a sur le monde. Plusieurs chansons bouleversent aussi bien qu’elles dénoncent. « Rendez-nous la justice », premier morceau qui ouvre le ballet sur ce projet, c’est un vrai cri qui sort du coeur, et tout au long de leur tracklist, Danakil se livre sur son trop plein du monde contemporain. On le retrouve dans « Marre » et bien évidemment « Rien ne se tait », titre éponyme de l’album. Ce morceau, à la lucidité déconcertante rappelle des vérités essentielles, tout en conférant une tonalité de douce espérance qu’accompagne une musique rythmée et chatoyante. Car Danakil, ce n’est ni morosité ni fatalité. Danakil avec grande acuité, certes dresse le portrait de notre société parfaite et imparfaite mais n’oublie pas de parler de l’amour, du voyage, du désir et de la liberté. Il y a quelque mois, la sortie d’un premier single Oublions, évoquait cette liberté si importante au groupe, et qui leur sert de mantra depuis vingt ans déjà.
“CE QU’ON VEUT SIMPLEMENT, ÊTRE LIBRES DE TOUT”
Leur engagement et leur militantisme s’équilibrent grâce à la douceur, le rythme et l’originalité musicale de leur compositions. Il y a plusieurs chansons qui font sourire, et qui donnent chaud au coeur. Ils y évoquent la famille, le voyage, la pause et le temps qui s’arrête. Et comme le vin, avec l’âge Danakil se bonifie et ce dernier album ne déçoit pas. La diversité en même temps que l’universalité de leurs textes enchantent une nouvelle fois. « La famille », « Terrasse thérapie », « Ensemble », « Ce qui vient du coeur », rappellent que les choses simples sont les plus importantes, et cela réconforte. L’envie de voyages et d’aventures revient et les sons délicieux empreints à la fraîcheur des racines jamaïcaines du reggae, enivrent au fur et à mesure que les sons défilent. Danakil, c’est un groupe au talent indéniable, et dont chaque membre apporte sa touche personnelle. Leur cohésion vient de leur amitié, mais aussi de leurs différences et de la passion que chacun met dans la musique. L’harmonie provient de cet équilibre entre la basse, la batterie, les cuivres, la guitare et le clavier, et que les voix des deux chanteurs Balik et Natty Jean viennent sublimer tout au long de chaque morceau.
“Ce que nous essayons de faire c’est de sortir un album d’une manière différente, en le faisant avec vous, de revenir à l’essence même du lien que nous avons avec vous. Nous essayons de construire ça comme un échange, une expérience collective, plutôt que comme une simple participation classique.”
Mais si le talent est nécessaire et a permis à Danakil de maîtriser les subtilités du reggae, c’est surtout les liens étroits qu’ils ont su dès la première heure, développer avec le public, qui les portent aujourd’hui, encore et encore sur la scène. Les fans sont là, toujours présents, et la célébration de leur vingtième anniversaire est l’occasion parfaite pour renforcer cette relation particulière avec leur public. Pour ce faire ils ont préparé une sortie d’album participative et qui vise à rendre leurs fans actifs du projet. Bien conscient de l’importance que ceux-ci ont, le groupe a ajouté :
“Vous nous soutenez depuis le début, ça fait 20 ans que ça dure et c’est grâce à vous ! Pour ce nouveau projet, on reste ensemble !”
Son public, Danakil l’aime, et ne cesse de le surprendre avec des surprises et ce, depuis leurs débuts. Qu’il s’agisse des albums live, des festivals ou de singles, le groupe est partout et son énergie débordante plaît. Le report de ce dernier album ne les a pas empêché, durant les rudes confinements de l’an passé, de réaliser le Live à la maison, une reprise de leurs titres, à écouter depuis chez soi. Cette douce balade effectuait une rétrospective des vingt ans de carrière du groupe et ouvrait le chemin à l’année 2021 qu’inaugure avec brio la sortie de Rien ne se tait.
Le groupe par ailleurs lancé sur Ulule une opération de crowdfunding, avec pour idée de transformer le public en véritable producteur de cet album, le but étant en contrepartie de tisser des liens avec celui-ci de manière originale. Il était donc possible, en retour de la participation, de vivre certaines aventures particulières avec le groupe. Si la campagne avait pour but de lever des fonds en vue de la production, la réalisation et la distribution de ce sixième album, en retour les fans n’ont pas été déçus. Au programme : “une session cuisine avec Titi, une partie de tennis avec Balik et Boris, un week-end dans le tourbus à nos côtés, un enregistrement dans notre studio avec certains d’entre nous en conseil pour votre projet, un concert à l’Olympia à passer avec nous en backstage“, comme le précisait le groupe directement sur la page de crowdfunding. En dépassant de loin l’objectif prévu, Danakil prévoit de nous emmener loin avec la réalisation de trois clips, la création d’une identité visuelle soignée, un travail graphique réussi autour de l’album, de même qu’un livre intitulé Ensemble.
Une nouvelle collaboration encore une fois légendaire
Des collaborations mythiques, Danakil a su en produire et en proposer aux fans. Il ne faut pas oublier que le second chanteur du groupe Natty Jean, avait fait ses débuts en participant à l’album Écho du temps, avant d’entrer définitivement dans le groupe comme un membre à part entière. Mais des featuring il y a bien d’autres, comme ceux avec U Roy ou encore Jah Mason. Cette fois-ci Danakil avait annoncé son retour avec la participation de Akhenaton le membre très connu du groupe IAM qui a su par la suite s’affirmer comme un des représentants du rap le plus écoutés en France. Malgré des différences de genre et de style musicale, ils partagent le maniement de la langue, la lucidité sur le monde qui les entoure et la maîtrise des instruments. Cette collaboration, originale et électrique prouve à quel point Danakil va au delà des frontières qui pourraient s’imposer. La musique est la seule limite et ce nouveau projet nous laisse voir quelles contrées le groupe a su explorer pour leur vingt ans. La verve d’Akhenaton, son rythme incisif et sûr se mêle parfaitement au rythme groove et la musique métissé du groupe. Il en résulte un morceau poétique aux intonations mélancoliques.
Prochaine étape, leur retour sur la route pour offrir aux fans de nouveaux concerts. Á noter sur l’agenda les dates des 9 et 10 décembres prochains, pour des concerts inoubliables à Nantes et Rennes.
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Retrouvez également Tout ça m’est égal, de Danakil et Akhenaton dans la playlist d’Unidivers, disponible sur Spotify et Youtube