Avec manger Boris Charmatz nourrit de danse Mettre en scène

Avec manger Boris Charmatz offre à Mettre en Scène du 18 au 21 novembre sa dernière création en première nationale. Le chorégraphe a présenté ce spectacle comme la suite d’enfant créé en 2011. Enfant, manger. Qui mange qui ? Quoi ?

 

Alix Eynaudi photo de Ursula Kaufmann
Alix Eynaudi (photo de Ursula Kaufmann)

Nous nous laissons avaler par la salle du théâtre puis par notre fauteuil. Nous attendons le commencement du spectacle de danse. Nous attendons un peu passif que ça commence. Un groupe de personnes se détache du public. Quand le spectacle commence-t-il ? Lorsque les danseurs scrutent le public depuis le plateau ; c’est peut-être là que se forme le début de la transmission de la danse ; pourtant, ça n’est pas tout à fait là que tout commence. Peut-être que si. Nous dévorons des yeux des danseurs qui mangent les pages blanches, lait (nourriture anthropophagique facile à digérer) de tous les possibles, sur une scène à laquelle ils se sont incorporés. Pour seul décor : de grands néons blancs.

La lumière dans la salle reste allumée. Comme dans nos salons où nous regardons nos télés ingurgitant les programmes comme les danseurs ces feuilles. Attention qu’elles ne soient létales. Les feuilles entrent dans la bouche des danseurs jusqu’à la déformation. Des sons sortent des bouches. Des airs de musiques, un peu déformés du coup. Les danseurs s’effondrent lentement sur eux-mêmes comme si leurs os avaient fondu.

Ashley Chen photo de Ursula Kaufmann
Ashley Chen (photo de Ursula Kaufmann)

Ils régressent, se dégradent, se mangent eux-mêmes, sont traversés de spasmes, de débordements, restent écrasés, amorphes. Mais la mémoire salvatrice du corps ramène à la surface les gestes d’anciennes chorégraphies, herses (une lente introduction), Levée des conflits, enfant. L’histoire digérée permet aux danseurs de se relever, maintenir leur position. La transmission des gestes et des sons – de la danse – ne sont plus le fait d’une assimilation-contamination organique mais une décision, un mouvement collectif.

Le plateau se vide de ses danseurs, le théâtre de son public. Mais le processus se poursuit. La chorégraphie est maintenant dans nos mémoires, toutes les cellules l’ont intégrée, assimilée, en sont nourries…

Peggy Grelat-Dupont photo de Ursula Kaufmann
Peggy Grelat-Dupont (photo de Ursula Kaufmann)

manger chorégraphie Boris Charmatz

durée 1h
interprétation Or Avishay, Matthieu Barbin, Nuno Bizarro, Ashley Chen, Olga Dukhovnaya, Alix Eynaudi, Julien Gallée-Ferré, Peggy Grelat-Dupont, Christophe Ives, Maud Le Pladec, Filipe Lourenço, Mark Lorimer, Mani A. Mungai, Marlène Saldana
lumière Yves Godin
son Olivier Renouf
répétition voix Dalila Khatir
assistant à la chorégraphie Thierry Micouin
régie générale Mathieu Morel
habilleuse Marion Regnier

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