Diane Tell est une artiste au charme intemporel. Elle était en Bretagne le 30 avril et le 1er mai pour deux concerts intimistes, à Morieux (22) et Kergrist (56). Moments de grâce avec Diane Tell.
Installée à Biarritz, Diane Tell partage son temps entre la scène et ses longues balades pour faire le plein d’énergie, le plein d’images aussi. Avec humour, chaleur et naturel, elle se raconte dans un spectacle émouvant où elle reprend les classiques incontournables de son répertoire bien sûr. Et le public adore. Musicienne dans l’âme, elle sait rythmer avec beaucoup de tendresse, sans nostalgie, les textes qu’elle a enregistrés au cours de multiples collaborations, nous faisant redécouvrir des chansons tout aussi intemporelles, en évoquant ses rencontres avec Laurent Ruquier, Françoise Hardy, et les fonds de tiroir où dorment parfois des pépites.
Avec Boris Vian, Félix Leclerc, Aznavour, Brel, elle excelle dans son art de la présence, de la confidence murmurée. Mais c’est bien toujours Diane Tell, sa voix, son sourire, cette passion sincère pour la musique et la chanson française qui nous touchent.
Au milieu d’une foule d’influences artistiques, Diane Tell a su cultiver sa singularité et préserver sa liberté.
Un grand écrivain est d’abord un grand lecteur, quand j’écris de nouvelles chansons, je me laisse porter par mes goûts musicaux. Je me nourris toujours de ce que font les autres, sans chercher à épouser les modes ou à m’imposer une règle à suivre.
Femme de son temps, elle écrit actuellement un livre sur l’industrie de la musique qui connaît avec le numérique une véritable révolution. Avec des mots simples, elle exprime avec confiance les opportunités que peuvent offrir ces bouleversements dans tous les domaines. C’est le moment d’inventer et d’interroger la façon dont les artistes veulent et peuvent vivre de leur travail de création.
Son choix de se produire en solo est en soi l’expression de cette conviction que l’essentiel dans la vie, ce n’est pas de signer la tournée des Zéniths. Bien sûr que faire de grandes scènes c’est intéressant, car cela donne des moyens de production à la mesure du show, mais dans ces grands bains de foule c’est davantage le corps qui réagit à l’émotion. Diane Tell aime les petites salles pour au contraire cette proximité qu’elle recherche avec le public.
Ce qui compte c’est la motivation, la sincérité. J’ai toujours fait des spectacles solos, de mes débuts à aujourd’hui. J’ai adoré sillonner le Québec grâce à un réseau de petites salles. À Kergrist, je retrouve cette ambiance si particulière, où l’émotion passe de façon différente. Ma voix, les textes que j’aime se prêtent bien au tête-à-tête.
Durant son spectacle, Diane s’amuse avec ses mésaventures de jeune artiste un peu entêtée. Elle sait ce qu’elle veut, devenir auteur-compositeur-interprète. Le succès de ses chansons qui continuent à être diffusées quarante ans après avoir été jouées pour la première fois suffit à illustrer combien la jeune femme a eu raison de croire en son talent, pour notre plus grand bonheur. « Si j’étais un homme » aurait pu ne pas devenir un grand classique de la chanson, mais qui ne connaît cette splendide mélodie et ce texte ? Un texte incroyablement moderne et lucide écrit par une jeune femme alors âgée de seulement dix-neuf ans.
Cette lucidité et cette capacité à prendre du recul aident à saisir toute la profondeur et toute la richesse de cette grande artiste qui sait si bien que les chansons vivent leur propre vie. Parfois, il faut des années pour qu’une chanson devienne un classique, c’est ce qui fait aussi la beauté du genre. Et de citer « Jardin d’hiver » (auteurs : Benjamin Biolay et Keren Ann Zeidel), chanté merveilleusement par Henri Salvador, une des meilleures ventes d’album, « You can leave your hat on » (Randy Newman), autre tube s’il en est, révélé par la reprise de Joe Cocker et le succès de « 9 semaines et demie » à l’écran.
À Kergrist, Diane Tell s’est fait accompagner sur trois morceaux par Mathilde Chevrel, jeune violoncelliste qui habite la commune. Autre grand moment d’émotion partagé avec un public conquis d’avance.