Astropolis célébrait le lancement de son nouveau label le 31 juillet 2020. Avec Dôme, le festival brestois de musiques électroniques entend continuer l’accompagnement aux jeunes artistes qui défilent tous les ans sur la scène tremplin du même nom. Les producteurs Ringard, A-Sim, Théo Muller et Unklevon signent une première sortie plus que prometteuse, à la fois éclectique et explosive.
Le 31 juillet dernier Astropolis célébrait la sortie d’une première compilation Dôme. Lancée fin 2019, cette nouvelle entité porte le nom de la scène tremplin du festival brestois qui met en avant les artistes émergents du grand Ouest depuis 2003. Parmi la foule de jeunes DJs et producteurs à avoir profité de cette visibilité, certains ont pu ensuite se professionnaliser, voire obtenir une reconnaissance nationale. Fakear, Superpoze, Simo Cell ou Blutch sont de ceux-là. Ce dernier a même continué son aventure dans la famille Astropolis en leur confiant son booking et en participant à leur label.
Peut-être est-ce cette bonne expérience avec Blutch qui a inspiré la création de Dôme. Pour qu’au-delà du festival, les lauréats du tremplin continuent de bénéficier du réseau et du prestige d’Astropolis, aîné des festivals de musiques électroniques en France. Cette nouvelle aventure a d’abord pris la forme de soirées programmées au Warehouse de Nantes, au Castel 9 de Laval ou à La Suite de Brest pendant l’édition d’hiver 2020 d’Astropolis.
Privé d’événements par le contexte actuel de pandémie, Dôme revient à une dimension plus essentielle de la musique, la création. Car à défaut de jouer en live pour un public, les musiciens existent par leurs productions. Aussi, dans la continuité d’Astropolis Records, Dôme devient un label. Il ne défendra pas une esthétique en particulier, plutôt un territoire, le grand Ouest, et l’émergence musicale, la scène tremplin.
Et comme pour montrer toute la richesse, tout le potentiel de cette scène, Dôme convie pour sa première compilation des anciens lauréats du tremplin qui ont déjà quelques beaux faits d’armes derrière eux. À commencer par le doyen Ringard, lauréat en 2014. Le patron du très bon label Dance Around 88 et maître-à-danser de la house rennaise ouvre le bal avec le morceau « Bis repetita placent ». Les répétitions plaisent, en latin, un titre qui peut constituer une formule de compréhension des musiques électroniques, basées sur la répétition. Producteur de talents, Ringard a le don de créer à chaque morceau un univers house mélancolique au tempo apaisé dans lequel on plonge plus profondément à chaque nouvelle nappe de synthé.
Le rythme s’accélère quelque peu avec A-Sim (tremplin 2016), producteur manceau installé à Rennes et qui perce depuis quelques années par ses sorties sur des labels de renommée internationale tels Rawax ou R & S Records. Dans « Melodico Ramen », il joue des oppositions, mélange sonorités ambient et gabber, superpose une ligne épurée de piano à un breakbeat effréné avec une cohérence qui impose le respect et débride les mollets.
Nouveau morceau, nouvel univers. Le troisième titre de la compilation est signé Théo Muller (tremplin 2013), lui aussi figure d’ancien jeune talent qui a acquis depuis une renommée nationale comme producteur et directeur artistique, après avoir agité la Bretagne avec le collectif Midi Deux. Son morceau « Fest Ar Brezelourien », la fête des guerriers en breton, est une lente montée en puissance basée sur la répétition d’une même ligne de techno breakée. Son influence UK bass évoque tout à la fois Fat Boy Slim et The Prodigy, en plus d’une touche downtempo que le producteur breton partage avec les Stéphanois de Worst Records.
La compilation s’achève sur une explosion electro offerte par Unklevon (tremplin 2018). Le musicien angevin a fait ses premières armes avec le collectif Impact avant d’obtenir d’autres belles dates, notamment au cours des deux dernières années, grâce au live techno rave dévastateur qu’il propose. Il lui a même valu une Boiler Room en octobre 2019. Comme producteur, il s’est illustré par une poignée d’EP bien sentis, les deux derniers sur BNR Trax, le label de Boys Noize. Penchant plus du côté de l’electro rétrofuturiste, « Planet Robot Choice » est pour autant tout aussi ravageur que les titres techno du producteur, et conclut avec force ce premier opus Dôme.
Avec cette compilation, Astropolis poursuit sa mission de mettre en lumière les promesses de l’Ouest et l’avant-garde des musiques électroniques. Entre jeunes loups et nouveaux vétérans, les artistes qui composent cette première sortie démontrent toute la richesse et l’inventivité qui anime la scène émergente française.
Dôme promet quatre compilations par an. Il nous tarde déjà d’écouter les prochaines.