Pour cette soirée de la Saint Sylvestre auréolé de ce Don Pasquale de Donizetti à l’opéra de Rennes, le public a massivement répondu à l’appel de la belle musique : pas une place n’était disponible. Un opéra italien, défini comme opéra « bouffa » – autrement dit amusant – rien de plus réjouissant et digeste pour compenser les excès de la trêve des confiseurs.


Dès les premières notes, l’opulent Christophoros Stamboglis campe un Don Pasquale du meilleur aloi : son physique et sa voix sont tout à fait en accord avec ce rôle et lui confèrent une truculente crédibilité. C’est avec le docteur Malatesta, interprété par Marc Scoffoni, que nous est découverte une intrigue digne de Marivaux ou de Molière. Rien de fabuleusement original, puisque Don Pasquale traite le thème du barbon désireux de se marier et qu’un entourage frondeur roule dans la farine jusqu’à atteindre le but qu’il s’est fixé. Notre chanteur corse jouera donc un rôle qui ne manque pas de faire penser à Sganarelle ou à Scapin et il s’en acquittera d’ailleurs fort bien. Il démontre une fois encore que ces personnages pleins d’humour et de drôlerie lui vont bien et il est évident qu’il les interprète avec plaisir.

Ernesto, le fiancé perpétuellement dans les affres, constituera notre petit coup de cœur de la soirée. Julien Behr jouera ce rôle avec beaucoup de talent. Il fait montre d’excellentes qualités vocales, dominant les aigus de sa belle voix de ténor lyrique léger avec une précision digne d’être complimentée.

Globalement, les chanteurs ont été une source de satisfaction. Ils ont eu la chance d’être servis par la mise en scène de Sandro Pasqualetto, élégante et animée. Elle respecte parfaitement le rythme assez enlevé de cette œuvre. Les décors de Valentina Bressan, simples et plutôt jolis, contribuent également à la cohérence de cette production. Les costumes, sans grande originalité, ne sont pourtant pas un obstacle à notre plaisir. Détail, et qui n’en est pas un, les éclairages intelligents de Marc Delamézière soulignent avec beaucoup de subtilité les changements d’ambiance ou d’état d’esprit des personnages, c’est finement réalisé.
Il serait injuste, voire coupable, de ne pas souligner le travail des chœurs dirigé d’une main irréprochable par Gildas Pungier. Il avait, par l’excellence de son travail porté à bout de bras le Lohengrin de l’an passé. Il confirme tout le bien que nous pensons de lui et la chance que Rennes a d’avoir un professionnel d’une telle exigence.

Au sortir de notre douillet opéra, nous nous sommes rendus au spectacle de fin d’année proposé place de la mairie. Entre l’exploit d’un funambule passant par-dessus nos têtes sur un fil, l’orchestre en « live », la violoncelliste rageuse, éperdue de fumigations, cachée dans le clocheton de la mairie, c’est sur une note un peu ésotérique que 2015 a fermé les yeux, quand les nôtres, grands ouverts accueillaient l’année 2016.
Photos : François Berthon
