Depuis mardi 19 mai 2020, l’Écomusée du Pays de Rennes a rouvert progressivement ses portes. Avec la réouverture du parc et des bâtiments d’élevage, les animaux retrouvent de la compagnie. Cependant, il faudra attendre le 26 mai 2020 pour un accès aux salles d’expositions.Quel impact ? Quelles mesures d’accueil ? Quelles perspectives ? Entretien avec son directeur et conservateur, Jean-Luc Maillard.
Unidivers – Pendant deux mois, l’Écomusée de Rennes a dû adapter son activité à la crise. De quelle manière l’équipe s’est-elle préparée à la réouverture du lieu et à l’accueil du public ?
Jean-Luc Maillard – La Criée, l’Écomusée, le Frac Bretagne sont les premiers à rouvrir même si ce dernier ne dépend pas de la ville, mais de la région. Le cheptel et le bâtiment d’élevages qui constitue le parcours extérieur a rouvert mardi 19 mai dans l’après-midi. La totalité du site et les salles d’expositions permanentes et temporaires seront quant à elles accessibles à partir du mardi 26 mai.
Le musée de la Bintinais a tenu compte d’un certain nombre de protocoles de réouverture actuellement mis en place dans les musées et expositions. Le bâtiment du musée ne pose pas plus de problèmes qu’une exposition temporaire avec un grand principe : les flux des entrants et sortants ne doivent pas se croiser. Afin de faciliter la circulation, on a fait le choix de fermer les sections trop contraignantes de l’exposition permanente. Par exemple, une projection dans l’ancien appartement du propriétaire retrace l’histoire de ceux qui ont habité à la Bintinais sur quatre siècles. La pièce est très appréciée du public, mais s’apparente à une salle de cinéma, donc c’est la mort dans l’âme que nous avons préféré condamner l’espace. L’accès au dernier étage crée également un flux de montants et descendants difficilement résoluble donc il est fermé jusqu’à nouvel ordre. Cependant, malgré cet allègement dans les propositions, le parcours permanent reste cohérent..
La prudence vaut aussi pour l’exposition temporaire Pom, pom, pommes. Des protocoles sont mis en place pour les outils interactifs et des nettoyages seront effectués toutes les heures. Nous tentons de trouver une alternative aux dispositifs audio qui demandent l’utilisation d’écouteurs, mais ils sont pour le moment retirés. Les flux sont plus facilement gérables que l’interactivité. Il s’agit de dispositifs précis et passer d’objets conçus et programmés pour des écouteurs à un programme en continu afin de s’adapter aux nouvelles mesures demande une nouvelle réflexion. C’est un travail en cours.
« La ville de Rennes et Rennes Métropole ont décidé de généralisER la gratuité pour un certain nombre d’équipements en raison de l’allègement des propositions muséales avec les contraintes sanitaires »
Unidivers – Qu’en est-il des projets en cours, notamment celui de la rénovation des collections permanentes ? Le confinement a-t-il bouleversé l’agenda de l’Écomusée ?
Jean-Luc Maillard – L’équipe a continué à travailler et à réfléchir au contenu du futur musée pendant le confinement, mais le lancement des procédures et la rencontre des partenaires – bien que l’on puisse faire des visioconférences – ont été suspendus. Des projets comme la rénovation d’un musée et l’ouverture d’une nouvelle exposition permanente se travaillent à moyen et long terme, entre 4 à 5 ans. Le projet risque en effet d’être reporté de plusieurs mois, mais nous ne faisons pas exception. La France entière vit la même chose. Le report des élections municipales joue aussi un rôle, car les nouvelles assemblées ne sont pas encore en place. Si les élections se déroulent en juin 2020, l’installation des nouveaux élus dans leur fonction prendra du temps. C’est parfaitement compréhensible et humain, mais ils ne maîtriseront pas tous les dossiers avant l’automne.
Le programme agricole a également été perturbé. Les semis n’ont pas pu être effectués, car le personnel ne pouvait pas intervenir, mais le monde ne s’est pas arrêté pendant la fermeture du site pour autant. Le cheptel conservatoire de l’Écomusée de Rennes est conséquent. Pendant le confinement, il y a eu 130 naissances d’agneaux et de chevreaux. Les soigneurs ont travaillé comme d’habitude, il n’était pas possible de les mettre à mi-temps.
Le paysagiste Gilles Clément disait « toujours la vie invente ». Un beau slogan. Et j’étais content de venir sur le site et voir que la vie continuait normalement, même pendant le confinement.
130 naissances d’agneaux et de chevreaux pendant le confinement.
Unidivers – Pensez-vous que le public sera au rendez-vous ?
Jean-Luc Maillard – La réouverture mardi après-midi m’a rassuré, nous avons eu une centaine de personnes. Le profil était celui auquel nous pouvions nous attendre : des parents ou grand-parents avec des enfants venus se balader dans la nature et voir les animaux.
Par contre, le flux attendu après la réouverture des expositions reste un mystère pour toutes les structures muséales. Nous ne pouvons savoir ce que sera le comportement futur des visiteurs… Des relations me disent avoir hâte de découvrir l’exposition actuelle, ce qui est une excellente nouvelle, donc certains pensent peut-être la même chose. D’autres voudront peut-être privilégier les activités extérieures. Je suis de nature optimiste, la venue du public prendra certainement plusieurs jours, mais nous allons travailler avec la collectivité, le service de la communication, la Métropole et la ville de Rennes afin d’accompagner cette réouverture. La crainte de la deuxième vague va progressivement disparaître et la vie – avec lenteur et raison – reprendra son cours normal, avec de nouvelles propositions autant à l’Écomusée que dans les autres structures culturelles.
Unidivers – Selon vous, les mesures mises en place par le gouvernement vous semblent-elles en adéquation avec les besoins du secteur culturel ?
Jean-Luc Maillard – Le secteur culturel rassemble un grand nombre d’acteurs différents, mon propos ne peut pas être le même que celui de l’opéra, du conservatoire, etc., des lieux qui travaillent en milieu confiné avec des spectateurs ou des élèves. Leur réalité est tout autre. Ce sont eux les plus impactés par la situation…
Les musées ont rapidement su qu’après cette vague pandémique, leur site rouvrirait avec des aménagements. Après l’annulation de tous les festivals et spectacles d’été, les acteurs du spectacle-vivant se sont retrouvés avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête sans avoir une idée précise de la date de reprise. À quand la réouverture des salles ? Ils vivent des instants très contraignants, sans comparaison possible avec la situation des musées. Les annulations en chaîne ont eu des effets et des dégâts collatéraux énormes. Les musées font appel ponctuellement à des prestataires extérieurs, mais la situation des artistes, en lien direct avec les salles de spectacles, pose la question des cachets et pour certains lieux culturels, de la survie de leur entreprise.
Site de l’Écomusée du Pays de Rennes
ENTRÉE GRATUITE
HORAIRES D’OUVERTURE À COMPTER DU 19 MAI 2020
Du mardi 19 mai au lundi 25 mai 2020 : Ouvert du mardi au dimanche de 14 h à 18 h
Du mardi 26 mai au lundi 15 juin 2020 : Ouvert matin et après-midi avec l’ensemble de l’offre de visite (fermeture le midi)
Pas de journée continue (avec possibilité de pique-nique) avant le 15 juin 2020.
RÉOUVERTURE DE L’EXPOSITION À COMPTER DU MARDI 26 MAI 2020
À travers les regards croisés du botaniste, du géographe, de l’horticulteur et de l’ethnologue, l’exposition “Pom, pom, pommes, une histoire bretonne” fait découvrir au public les multiples relations qui lient l’homme au fruit, particulièrement en Bretagne.