TOMBEES DE LA NUIT, EL OSO EN SOLO AU CLOITRE SAINT MELAINE

Membre éminent du groupe folk rennais Santa CruzPierre-Vital Gérard (alias El Oso) s’était produit à Rennes avec sa formation aux Tombées de la nuit en 2009. C’est en solo, mais toujours accompagné de ses guitares, qu’il est revenu à l’occasion de l’édition 2018, vendredi 6 juillet au cloître de l’église St Melaine.

EL OSO
photo Laurent Guizard

Il est 21h30 et la nuit n’est pas encore tombée, quand El Oso débute son concert face aux spectateurs des Tombées de la nuit, au cloître de l’église St Melaine. Le chanteur et guitariste de Santa Cruz avait préparé un set en 3 parties, au cours duquel il est passé de sa guitare folk à sa guitare électrique.

EL OSO
El Oso en concert au 1988 Live Club. Photo Laurent Guizard

D’entrée de jeu, on a pu retrouver, sans étonnement, mais avec plaisir, l’esthétique propre à celle de son groupe dont il a interprété les chansons tout au long de son set. La première d’entre elles, Sad ugly boy provient de leur deuxième album After supper (2005) qui, a-t-il souligné avec humour, « s’est vendu à 1 million d’exemplaires », parallèlement à ses chansons solo.

Dans ce même sillon, sous l’inspiration manifeste de la folk de Neil Young (notamment à travers les enchaînements d’accords assez mouvants), pourraient être situés d’autres artistes de la scène folk et Americana rennaise comme Palm (lesquels ont sorti leur dernier album « L.A. Vortex Sutra » l’année dernière). Sept des chansons de Santa Cruz qu’il a interprété (dont What’s happening here et Summer dies tomorrow) sont issues de leur dernier album Now & here, sorti cette année.

Au milieu de sa prestation, il a également interprété une reprise étonnante de la chanson After laughter (come tears) (1964) de Wendy Rene, obscure chanteuse de soul qui avait enregistré plusieurs chansons pendant les années 1960 au célèbre label Stax à Memphis (les influences américaines semblent diverses chez El Oso). La chanson était ainsi presque méconnaissable, interprétée par El Oso à la guitare électrique, avec un son « clean » en écho et des intonations vocales rappelant par moments celles de Bruce Springsteen à la période de The River et de Nebraska.

Certaines inflexions et phrasés de la voix du chanteur solo de Santa Cruz, notamment lors des chansons en acoustique, s’apparentent à celles délicates (subtiles) et sensibles de chanteurs comme James Blunt (dont certains accords joués par El Oso sur sa guitare acoustique peuvent également rappeler ceux exploités sur le premier album de James Blunt, Back to bedlam (2004).

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El Oso à l’Ubu. Photo : Karine Baudot

On notera également la chanson touchante, Flowers for my friends, issue de After supper et qu’El Oso a subtilement dédicacé ce vendredi soir à l’un de ses amis décédé. Il en a livré une version à l’arrangement épuré et « confidentiel », mais néanmoins lyrique et avec un beau jeu de « picking » dans le registre aigu, qui contraste avec celui plus énergique et fourni (de par l’inclusion de la batterie et d’un chanteur choriste, ainsi que d’un banjo) des précédentes versions sur After supper (à l’instrumentation électrique plus « grunge ») et Microrgan (2014). Plus largement, l’ensemble du set acoustique et électrique d’El Oso tranche évidemment avec les versions studio, aux arrangements plus fournis (et parfois un peu plus pêchus comme What’s happening here sur l’album Now & here), des albums de Santa Cruz, pour en faire sortir une expression différente, dont le minimalisme lui permet de toucher plus directement le spectateur. Par conséquent, sa voix n’en ressortait que davantage et on pouvait ainsi l’apprécier pleinement, dans toute sa substance.
Dans cet ensemble de chansons anglophones, il a néanmoins interprété trois titres en français dont une reprise d’Angora d’Alain Bashung et La chaleur de Bertrand Belin qu’il a décrite comme très proche de Sesame noodle (2013) de Santa Cruz. C’est pourquoi il a d’ailleurs choisi de les exécuter l’une après l’autre sans interruption, comme pour signifier cette ressemblance.

On peut regretter que les spectateurs aient été si peu nombreux. La concurrence est effectivement rude, contexte sportif oblige. Quoi qu’il en soit, ce fut là un très bon concert intimiste qu’El Oso a livré au cloître, avant de revêtir dans la foulée sa casquette de DJ pour son set suivant au cloître.

El Oso était à Rennes le 6 juillet 2018 dans le cadre des Tombées de la nuit 2018 au cloître de l’église Saint-Melaine.

Photo de Une : Laurent Guizard.

 

 

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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