Halley et Max, quelle histoire… Quand ces deux-là se rencontrent, ils savent que leur destin va changer, que l’amour va les réunir pour le meilleur mais peut-être pour le pire… Parce que ce ne serait pas la vraie vie avec son cynisme et ses coups de dague. Et parfois ses rebondissements.
Max est une force de la nature, un mec simple, un cœur simple, qui travaille sur les chantiers et mène une vie discrète. Halley, elle, est une jeune femme plutôt enjouée, drôle, au caractère coloré. Elle travaille dans un bureau et prend soin de son petit appartement.
Quand ils se croisent, « tomber » amoureux prend tout son sens. Ils ne se quittent plus, deviennent fusionnels et s’installent dans une relation en vase clos, mais, rien de surprenant, c’est souvent ainsi au début d’une relation passionnée. Et ce malgré quelques hésitations émanant du beau Max… Ils se marient et l’arrivée de la petite Rosie au sein du foyer est un ravissement. D’ailleurs Max est fou heureux, il vole littéralement ; il en oublierait presque le quotidien, les gars du chantier, les heures supplémentaires obligatoires, les ordres du conducteur de travaux, les blagues souvent grasses et douteuses de ses collègues et puis… la gueule de bois qu’il prend pour arroser l’arrivée de sa fille…
Ils se marient et vivent heureux… Stop ! Stop ! Stop !!! Là ça fait trop conte de fée… Parce que la réalité de ces deux, de ces trois-là n’est pas aussi lumineuse qu’il n’y paraît dans les premières pages de Elles m’attendaient…
En réalité, les choses vont vite se dégrader, les événements du passé, les non-dits contenus de l’enfance de Max vont venir assombrir et atomiser le quotidien du couple, de la famille. Et plutôt qu’en ajouter – au risque de tomber dans le misérabilisme -, Max, dans un élan – qu’on comprendra plus tard -, va jeter l’éponge et prendre congé de sa famille, de son boulot, de la société… Il n’est pas atteint de folie ou de démence, c’est plus subtil et plus pernicieux…
Au fur et à mesure des années, Halley et Rosie vont devoir apprendre à vivre sans Max, qui pourtant demeure au centre de leurs pensées, de leurs discussions souvent, de leur cœur. Malgré la tristesse, le chagrin, une certaine forme de colère et d’incompréhension permanente. Pourquoi les a-t-il laissées en plan ? Pourquoi, lui, qui vivote à quelques rues de chez elles, les garde-t-il dans son viseur ? Pourquoi se refuse-t-il à les honorer comme mari, comme père… Parce que quelque chose le paralyse. Et pourtant, il les aime à la folie.
On ne sait pas toujours comprendre les réactions des êtres qui nous entourent, alors par facilité, par veulerie, par méchanceté gratuite souvent, on juge, on condamne, on conspue… Et puis on passe à autre chose, un fois la fascination pour le malheur des autres retombée…
Tom Noti nous prouve à travers ces trois personnages, ces trois destins combien la force des sentiments peut parfois s’estomper sous le poids du passé, des non-dits, des souffrances de l’enfance. On entend de-ci de-là qu’adultes, on reproduit souvent ce qu’on a vécu dans l’enfance : pas faux, pas si vrai non plus. On entend qu’on trimballe ses casseroles, mais on sait aussi que d’aucuns peuvent s’avérer résilients et ne répondent pas aux grandes théories psychanalytiques… Ceux-là ils changent le cours des choses et prennent en main leur destin, parfois même un peu celui de celles et de ceux qui les entourent.
Et l’on peut imaginer aussi que nés du pire, on peut engendrer le meilleur… Pour l’amour de soi parfois, pour l’amour des autres souvent.
Roman particulièrement touchant de Tom Noti, très empreint d’humanité !
Elles m’attendaient… – TOM NOTI – Éditions La Trace – 145 pages. Parution : avril 2019. Prix : 18,00 €.
Couverture : Ed. La Trace – Photo auteur Tom NOTI © La Trace
Tom Noti vit au creux des montagnes majestueuses qui sont son oxygène. Ses histoires racontent les gens qui avancent, vaille que vaille, avec leurs sentiments en bandoulière et les casseroles qu’ils trimballent. Il est l’auteur de plusieurs romans dont Les naufragés de la salle d’attente, chez Paul & Mike Editions.