Coline le Boulaire a 28 ans, elle est atteinte d’endométriose, une maladie gynécologique qui rend la vie difficile à des millions de Françaises. Au même titre que le travail ou que la vie conjugale, se construire une garde-robe peut être problématique lorsque les douleurs interdisent le port de certains vêtements. C’est pour aider ces femmes que Coline a créé Endo Closet, la première boutique de vêtements adaptés aux malades de l’endométriose.
Près d’une femme sur dix serait atteinte d’endométriose. Chiffrée, cette estimation établit à plus de cinq millions le nombre de Françaises touchées par cette maladie gynécologique, qui, si elle évolue le plus souvent sans gravité, peut parfois revêtir des formes sévères et extrêmement invalidantes. Douleurs chroniques ou périodiques au niveau de la ceinture abdominale, de l’utérus, du dos, voir parfois jusque dans les jambes, les symptômes peuvent avoir un impact majeur sur la qualité de vie des malades, avec des conséquences sur leur vie personnelle et professionnelle.
Malgré les handicaps qu’elle peut causer, l’endométriose est longtemps restée dans l’angle mort du monde médical, et plus généralement de la société… Et pour cause : comme à peu près tout ce qui relève de l’intime et de la sexualité féminine, cette maladie, qui pourtant fut identifiée comme telle dès le XVIIIe siècle, fut éludée par la science qui la reléguait volontiers au rang de l’hystérie, de la nymphomanie, voir du démoniaque. Si le tabou se brise progressivement, l’endométriose demeure encore mal connue et mal identifiée par les professionnels de santé et est souvent sous-diagnostiquée. Ce retard de la médecine peut conduire à une errance des patientes qui doivent parfois attendre plusieurs années avant d’être prises en charge.
Coline Le Boulaire a attendu dix ans avant la détermination de son diagnostic. Dès ses premières règles, cette jeune Brestoise a commencé à souffrir de douleurs qui se révélèrent être un véritable fardeau durant toute sa vie écolière et estudiantine. Malgré les consultations, voir les hospitalisations lorsque les crises étaient trop intenses, aucun médecin ou gynécologue ne se risquait à avancer l’endométriose, et ce alors même que Coline n’avait de cesse d’évoquer la maladie. Certains faisaient alors part de leur manque de connaissances sur cette pathologie à laquelle les professionnels de santé ne sont que peu formés, d’autres invoquaient tout bonnement l’impossibilité de développer des symptômes à un âge aussi précoce. Une ultime série d’examens ainsi qu’une opération menées en 2016 finirent par donner raison à Coline.
Le diagnostic tombé, Coline Le Boulaire entreprit de s’informer, mais aussi et surtout d’informer les autres. Elle rejoint et anime alors des groupes de discussion sur les réseaux sociaux où elle s’adonne à un travail de prévention et de conseil. Elle constate alors le mal-être de centaines de femmes qui voient leur quotidien rongé par l’inconfort ou même bien pire, certaines décrivant un véritable calvaire. Au-delà de la fatigue, des difficultés à étudier, à travailler, à avoir une vie sexuelle épanouissante, elle réalise que nombre d’entre elles ne trouvent tout simplement pas de vêtements dans lesquels elles se sentent bien. Les gonflements du ventre, ou encore les étreintes à la taille et au dos rendent en effet inenvisageable le port d’un jean : ne reste alors qu’à enfiler un jogging ou des vêtements pour femme enceinte… Un comble lorsque l’on sait que l’un des symptômes de la maladie peut aussi être l’infertilité.
« se sentir bien dans ses vêtements, c’est quelque chose de primordial, essentiel à l’estime de soi. »
Ces témoignages achevèrent de convaincre Coline qui imagina une boutique en ligne de vêtements adaptés aux femmes atteintes d’endométriose. Elle commence alors à démarcher des fournisseurs et teste elle-même les vêtements pour s’assurer de leur confort. Au mois d’octobre 2020, Endo Closet était né. Les commandes affluent depuis de toute la France et les retours sont plus que positifs. Des femmes qui ne s’étaient pas senties bien dans une jupe ou une robe depuis des années envoient des messages de remerciements souvent touchants à Coline qui est parvenue à se doter d’une clientèle très fidèle en à peine quelques semaines.
Le catalogue d’Endo Closet est régulièrement alimenté en robes cache-cœur, babydoll sans couture ou jeans à haut taux d’élasthanne… Des pièces de bonne facture, Made in France pour la plupart, qui permettent aux « Endogirls », comme Coline aime les appeler, de se construire une garde-robe à la fois confortable et dans l’air du temps. Si Coline le Boulaire se félicite du succès de sa boutique, elle rappelle que son ambition est avant tout d’aider les femmes malades à s’épanouir dans leur quotidien, mais aussi de lever un peu plus le voile sur l’endométriose.
Endo Closet
endocloset[@]gmail.com
page Facebook