Loin de dresser un tableau noir de la situation actuelle, les jeunes artistes invités à exposer au Frac des Pays de la Loire nous prouvent qu’il est toujours l’heure pour créer de manière enthousiaste et dynamique ! Retrouvez leurs œuvres dans l’exposition Étoiles distantes au Hangar à bananes de Nantes, jusqu’au 20 février 2022, date à laquelle bon nombre de concerts et performances sont prévus pour fêter la fin de l’exposition.
Nouvel emplacement du Frac des Pays de la Loire, nouvelle exposition ! Acronyme pour compresser les mots fonds régional d’art contemporain, le Frac a pour mission de constituer une collection publique et pérenne d’art contemporain ; de diffuser cette collection à l’ensemble de la région par des expositions ; et d’y sensibiliser le public. Pour Étoiles distantes, le critique d’art et commissaire d’exposition Franck Balland ainsi qu’un jury d’enseignants en écoles d’art ont sélectionné un éventail de jeunes artistes ayant résidé ou s’étant formés dans la région. Le titre de l’exposition reprend celui du roman de Roberto Bolaño, dans lequel un jeune poète doit trouver les moyens de continuer son art sous la dictature fraîchement arrivée. La question est posée, comment la création se perpétue et survit malgré un contexte difficile ?
Camille Dumond ouvre l’exposition avec son installation Wheels coiled with weeds, couloir constitué d’un rideau à lamelles, passage obligatoire pour accéder au reste de l’exposition. La structure rappelle ces non-lieux que sont les aéroports, espaces qui ne servent qu’à passer, qu’à gérer le flux des touristes. Et pour cause ! L’installation inclut son film The escape, une fiction dans laquelle le personnel d’une compagnie aérienne sans client se retrouve à errer, désœuvré, au milieu du tarmac abîmé et des avions cloués au sol.
Ce temps qui s’allonge, c’est peut-être aussi celui des gestes de Romain Bobichon, pour qui les coups de pinceaux passent inlassablement sur la toile en un nombre incalculable de couches. Transparence et opacité sont le jeu des couleurs qui se combinent sur ses toiles. Mais l’artiste apprécie aussi lorsque son travail sert à observer celui des autres. C’est le cas de sa Cabine à visiter. Reprenant châssis et toile, la structure est à la fois peinture et installation, ouvrant ses fenêtres sur l’espace d’exposition.
Également à la croisée des médiums, Camille Juthier déploie des masses organiques informes et lisses dans What if I can see in your old moss 1. Son frère étant atteint de troubles autistiques, son œuvre évoque les grosses couvertures de la Hug box. Véritable “machine à câlins”, les enfants autistes qui se sentent souvent en insécurité, peuvent être calmés en utilisant cette machine. Poèmes illisibles, médicaments spécifiques, schéma de neurones, synapses et coupes de cerveau s’enroulent et se cachent dans les méandres intestinaux de l’œuvre.
Communiquer avec les esprits de nos proches ? Cela pourrait être la fonction des “conduits” de Kim Farkas. Ressemblant à des petites colonnes ou petites urnes fabriquées par imprimante 3D et recouvertes de peinture automobile dans des glacis irisés, elles sont incrustées de “billets de banque”, de “montres de luxe”, bref, d’objets en papier que l’on brûle pour honorer les esprits des morts selon la culture peranakan, dont la mère de l’artiste est originaire. Cette culture présente à Singapour tend à disparaître, aussi certains “conduits” diffusent les chants traditionnels peranakan que l’artiste a enregistrés de sa famille.
Le souci de la transmission est un élément tout aussi important pour Aurélie Ferruel et Florentine Guédon. Le duo d’artistes adore travailler avec des savoir-faire traditionnels comme celui du bois, du verre, de la broderie, de la céramique et du torchis. C’est donc une monstrueuse Cadillac faîte de paille et de terre qui débarque dans la salle d’exposition ! Entre bolide de Batman ou épave au fond d’un champ abandonné, la fantaisiste Bouffes, Baises et Bagarres est inutilisable. Des champignons de verre y poussent et des “bestioles” grimpent à son bord, élisent domicile dans son coffre. Les deux plasticiennes s’emparent des traditions pour les revisiter, conservent leur poids tout en les rendant plus jubilatoires.
Mécanique de l’impossible, l’exposition se termine sur une pièce de la performeuse Flora Bouteille, dont le frère, ferronnier, l’aide à réaliser La Roue. Engrenages aux potentiels étranges et dont la fonction nous échappe plus encore, on pourrait imaginer qu’en actionnant la manivelle La Roue puisse voler au plafond, à moins que ce soit la salle toute entière qui tourne autour de son axe ? Ayant l’habitude de travailler avec Sabine Teyssonneyre, celle-ci reprend la curieuse machine dans l’une de ses gravures, de même que ses bandes dessinées rejouent souvent les performances de Flora Bouteille. Comme pour Camille Dumond, les éléments du décor ou les accessoires de la fiction rejoignent la réalité de notre monde et la boucle est bouclée !
L’article serait incomplet sans préciser le plus important : dimanche 20 février aura lieu la journée de finissage avec des œuvres de François Dufeil, sur lesquelles le percussionniste Charles Dubois va venir jouer de la musique. Julien Perez sera également présent pour un concert électro-pop. Enfin, le commissaire associé Franck Balland sera également présent à l’occasion du lancement du catalogue de l’exposition. Pensez à réserver à l’avance vos places pour cette journée festive !
INFORMATIONS PRATIQUES
«Étoiles distantes» au Frac des Pays de la Loire jusqu’au 20 février 2022
au 21 Quai des Antilles, 44200 Nantes
Ouvert du mercredi au vendredi de 13h à 18h et du samedi au dimanche de 13h à 19h. Fermé le lundi et le mardi.
Entrée libre
T.02 28 01 50 00
Site du Frac :https://fracdespaysdelaloire.com/