Noires sont les galaxies c’était le nom d’une inquiétante série française de S-F des années 80, c’est le titre savoureux et choisi du premier LP du groupe rennais Ex Fulgur qui combine avec une fougue ironique et sacrément bien balancée contemporanéité des thèmes et nostalgie musicale futuriste. Entre no wave et post punk la front wave saccadée de Ex Fulgur est frontale et réjouissante.
Plus roots et minimale encore que la pop cold de We Wolf, plus décapante que l’électro indus de DEAD le LP Noires sont les galaxies (Kerviniou Recordz, Detonic Recordings, Le Secret) des Rennais Ex Fulgur offre un condensé puissamment original en forme d’irruption musicale spatio-temporelle paradoxale. Comme dans un récit de Philip K. Dick.
Ex Fulgur, c’est donc deux gars et une fille, un trio savamment fans de no wave et de post punk des années 80, mais aussi de noise des années 90. Ces trois la se sont rencontrés à Rennes et c’est également là qu’ils ont uni leurs envies déviantes d’une musique minimaliste et dense, de sons sombres et malsains qui dansent sur une ronde joyeuse de mots tortueux… À moins que ce ne soit l’inverse. Toujours est-il que Saïtam (Saïtam, We Only Said…) aux machines et Mistress Bomb H (Mistress Bomb H, Daniel Paboeuf Unity…) à la guitare s’empressent de mettre en sons les textes sautillants, cérébraux et bancals d’Odilon Violet (comédien et écrivain).
Dansant, cérébral et bancal. Tel est l’acte de naissance de Noires sont les galaxies, admirable bréviaire sonique qui fait le pont, voire l’aqueduc entre l’urgence punk moderniste des M.K.B Fraction Provisoire de F.J. Ossang et la rageuse noirceur poétique de Mendelson. Mais foin de ses repères comparatifs. C’est avec un enthousiasme aussi trépidant que glacial qu’il convient de ce plonger dans le névrotique tourbillon sonique d’Ex Fulgur, intrépide et crépitant.
Surréalistement pertinents (voire l’excellent et swingant Tu n’es pas un chapeau mon amour), et surtout diablement interprétés, les textes sont incandescents, de la cinglante prière ironique Notre chimie du pétrole à l’imprécation nostalgique d’Horizon Brun les douze titres de Noires sont les galaxies jouent avec une forte impertinence poétique, baignée d’une ironie bien (dés)engagée. Les références musicales des compositions grinçantes mêlant rigueur électronique froide et déchirements électriques offrent, avec une redoutable précision, un parallèle mélodique et rythmique singulièrement efficace à ces textes. Visuellement (le concept est dû à Badame L’Ambasadrise ) et musicalement, Noires sont les galaxies s’avère une réussite globale, singulièrement cohérente, un de ces disques vraiment créatifs que l’ont s’enorgueillit de posséder, une de ces failles spatio-temporelles qu’on conserve malgré les étonnantes conséquences dont ils sont les vecteurs…
L’album Noires sont les galaxies de Ex Fulgur, 8 titres, 7/ 12 € est paru en mars 2017, co-production Kerviniou Recordz (Rennes), Detonic Recordings (Australie), Le Secret (Lorient)
Pour la sortie de Noires sont les galaxies Ex Fulgur sera en concert à Rennes le 17 mars 2017 au Mondo Bizarro, 20h30-3h00, 6 €
https://www.unidivers.fr/rennes/kerviniou-recordz-presente-ex-fulgur-release-party/