Dans le cadre de la rentrée des arts visuels de Rennes et du circuit des têtes de l’art, l’atelier de MiM – 14 rue du Dr Francis Joly – ouvre ses portes pour une exposition collective. Entre abstraction et figuration, string art et peinture, Needle et MiM vous accueillent du vendredi 27 au dimanche 29 septembre 2019.
Traditionnellement, la ville de Rennes ouvre chaque année les portes des ateliers d’artistes qu’elle met à disposition. Au total une trentaine d’ateliers sont accessibles, sans compter les ateliers privés qui participent. Depuis plusieurs années, l’artiste MiM ne déroge pas à la règle. Pour l’occasion, elle a ouvert ses portes à Anthony Chesneau et Julien Lecherbault, plus connu sous le nom de Needle.
L’atelier de MiM, espace de création et de partage
Derrière le centre commercial Le Colombier, entre le café Cortina et la galerie Capsule, un atelier d’artistes a élu domicile dans une ancienne boutique d’un immeuble des années 30. Inoccupé depuis des années, les pinceaux, les articles de journaux et la peinture de l’artiste MiM ont pris possession du lieu en février 2018, bercés par les rires d’enfants provenant du square de l’autre côté de la rue.
« L’atelier est amené à vivre et à aider la jeune création au fil des rencontres » commence MiM, Mireille de son prénom, alors qu’elle s’affaire à emballer ses œuvres prochainement exposées au couvent des Jacobins. Derrière cette baie vitrée d’une autre époque, elle tend à créer du lien entre les artistes et à tirer ainsi le fil de l’art, symbole des rencontres et des croisements artistiques au sein de l’atelier.
« Avec les réseaux sociaux, on se parle beaucoup moins. Tout ne se résume qu’à des clics… Chaque personne qui entre dans l’atelier est invitée à laisser son portable dans sa poche ou dehors. Une exposition se vit, elle ne se résume pas à prendre des photos » , MiM
De la peinture, du fil, des clous, etc.
Comme l’a judicieusement souligné MiM à plusieurs reprises, tout n’est qu’une histoire de rencontre… Entre abstraction et figuration, paysages et portraits, Needle – Anthony Chesneau, Julien Lecherbault – et MiM se sont rencontrés lors du Petit Marché de l’Art aux Halles Martenot en juin dernier.
La solitude de l’atelier peut être pesante. Voir des expositions et rencontrer d’autres artistes est nécessaire. C’est important d’échanger avec les autres.
Le temps d’un week-end, l’exposition Needle & MiM embarquent le visiteur dans deux univers aux antipodes l’un de l’autre. « Le style de MiM nous a particulièrement marqués, car Anthony et moi ne travaillons pas du tout la peinture. La couleur de ses tableaux est à l’opposé de notre pratique, même si on commence à en ajouter » précise Julien Lecherbault.
MiM, émotion, collage et art
L’artiste, bretonne d’adoption depuis 1995, a pratiqué pendant des années la méthode du chercheur et pédagogue Arno Stern, fondateur d’un atelier de liberté artistique le Closlieu et le Jeu de Peindre. Dans une salle (selon les conditions idéales pour Arno Stern, le lieu doit être clos, sans fenêtre et protégé du monde extérieur, N.D.L.R.), des feuilles blanches sont accrochées au mur, et peinture et pinceaux sont à disposition. Seule l’inspiration et les émotions du moment comptent dans une liberté totale de tracer, selon le besoin profond de la personne.
L’artiste peint ce qu’il veut et décide seul si son dessin est terminé. Le but de l’exercice n’est pas de créer une œuvre d’art, mais de s’exprimer librement à travers la peinture. Un jeu se met en place entre la peinture et l’artiste qui décide de s’abandonner sans limites ni sans jugement. « Vous mettez sur papier ce qui vient des tripes » selon les dires de MiM, un reflet de l’âme en quelque sorte.
« L’art de peindre appartient aux artistes, le jeu de peindre appartient à tous les autres », Arno Stern, fondateur du Closlieu et Jeu de peindre.
Consciemment ou non, cette approche suit l’artiste depuis des années. « Pendant un cours en atelier, j’ai peint cinq ou six feuilles jaunes et violettes, elles étaient très moches… Quand je suis revenue la semaine suivante, j’ai déchiré la feuille de colère – raconte t-elle. Un morceau de papier est tombé sur le sol… C’était les prémisses de La danse d’automne ». De cette frustration découle sa première aventure avec le collage, une histoire qui dure depuis 2015.
Entre traces et empreintes picturales, le collage – à partir de revues des années 80, comme le magazine Femme Hebdo – alimente désormais ses compositions dont les formes et les couleurs sont en lien avec les émotions. Un monde fantastique et réel se dessine sur les feuilles vierges de MiM. « La femme racine est aussi née d’une colère. J’ai jeté la peinture sur la feuille et une forme est apparue. Elle est devenue le visage de la femme racine… Ce qui m’importe, c’est la réaction du visiteur, qu’il regarde l’œuvre et la ressente. Peu importe d’où ça vient ou comment c’est réalisé », explique MiM en posant les yeux sur les collages qui trouveront bientôt une place sur les murs de l’atelier.
Qu’est-ce que la laideur ou la beauté en Art ? Les toiles touchent de diverses manières selon la sensibilité de chacun. Essayant d’oublier les codes académiques, les collages de MiM « mettent au défi la peinture » (Essai « La Peinture au défi », préface écrite pour le catalogue d’une exposition de collages, Aragon, 1930, N.D.L.R) comme les surréalistes ont pu le faire en leur temps.
Needle, science, technologie et art
Comment créer une image avec seulement des lignes droites ? Needle (aiguille, N.D.L.R) est né d’un challenge que s’est lancé Anthony Chesneau, ingénieur en conception. Après avoir découvert une vidéo sur la forme informatique du string art (art de la corde, N.D.L.R) de l’artiste grec Petro Vrellis, Anthony s’est penché sur la mise au point de son propre logiciel, rapidement rejoint par son ami d’enfance Julien Lecherbault, graphiste et artiste.
Les deux amis développent depuis maintenant quatre ans ce logiciel, en évolution constante. Anthony se charge de la partie informatique et Julien du pendant artistique du projet Needle. « Au départ, les images étaient ressemblantes, mais pas assez réalistes. Il a fallu tester la rigidité du fil et l’esthétique également. Tout motif n’est pas joli ou artistique » explique Julien. Une fois satisfait de l’algorithme, Anthony a conçu une machine, mélange entre une imprimante 3D et un métier à tisser, afin d’automatiser le procédé. « Si une personne vous dit qu’il superpose manuellement le fil, il vous ment certainement. Ça peut être très long », s’amuse le graphiste.
L’art du fil tendu, ou string art, est né à la fin du XIXe siècle afin de rendre accessible les mathématiques puis popularisé dans les années 1970. « Je pense que c’est l’aspect tricoté de leur technique qui m’a touché. Ça m’a rappelé l’enfance ». À la simple vue du travail de Needle, MiM semble avoir croqué à pleine bouche dans une madeleine de Proust et plongé la tête la première dans des souvenirs de jeux d’enfants.
De loin, l’œil du visiteur perçoit des illustrations hyperréalistes en noir et blanc sur une toile, mais au plus proche de la toile, la vérité est toute autre. Aucune image n’est présente au centre du cadre, seule une multitude de fils tendus se superposent en lignes droites tel une toile d’araignée harmonieusement composée. Entre magie et mathématiques, comment le procédé fonctionne t-il concrètement ?
Au total, 204 clous sont plantés sur une toile blanche tendue sur une planche en bois. L’algorithme cherche le tracé adéquat de l’illustration choisie puis la machine automatisée est lancée. Un seul et unique fil de 2 km est utilisé… Au fur et à mesure qu’il s’enroule autour des clous, le dessin laisse apparaître des formes : oeil, Freddie Mercury, Mona Lisa, Che Guevara, la baie du Mont Saint-Michel, etc. « Le travail sur les visages m’intéressaient davantage au début, des portraits en plan serré. Le fait que des lignes droites peuvent créer une telle expression est impressionnant – explique Julien. Anthony était plus orienté dans la symbolique, comme le triskell ou la carte du monde. Depuis peu, on commence à travailler sur des paysages ou des illustrations plus poétiques ».
« Il y a plus de trajectoires possibles que d’atomes visibles dans l’univers », Anthony Chesneau.
Alors que leurs créations baignaient dans le noir et blanc, le duo de Needle s’est récemment tourné vers la couleur pour des compositions plus profondes et mélancoliques. « Nous pouvons utiliser jusqu’à quatre fils. On rallonge le travail, car on touche encore plus l’image de départ. On fait les tests à quatre reprises, un pour chaque fil. Au moment de la création du logiciel, ce n’était pas possible d’obtenir ce genre de détails. Le motif est de plus en plus précis maintenant ». Seul logiciel aussi pointu dans ce domaine, Julien et Anthony ont su mettre en place une prouesse technologique au service de l’art…
Exposition collective Needle & MiM – du 27 au 29 septembre 2019.
L’atelier de MiM
14, rue du Dr Francis Joly
35 000 Rennes
mim1106art@gmail.com
Accès : métro Charles de Gaulle Colombier / Bus C5 Pont de Nantes
– Vendredi 27 nocturne : 14h à 22h
– Samedi / Dimanche : 14h à 20h
Ouverture de l’atelier dans le cadre de la rentrée des arts visuels de Rennes Métropole.
Retrouvez les œuvres de MiM au Couvent des Jacobins dans le cadre de l’exposition du 15e anniversaire du Circuit des têtes de l’art.
Retrouvez Needle au Salon Esprit Jardin et Esprit Maison au Parc des Expositions de Rennes pour des ateliers (du 12 au 14 octobre 2019).
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