A Rennes, les Champs Libres, le Frac Bretagne et le parlement de Bretagne s’associent pour présenter du 25 mars au 28 août 2016 les créations de Ronan et Erwan Bouroullec, designers de renommée internationale.
Les quatre expositions organisées dans trois lieux emblématiques de la vie artistique, culturelle et historique de la Métropole de Rennes et de la Région Bretagne invitent à découvrir les réalisations les plus récentes de Ronan et Erwan Bouroullec développées dans trois domaines distincts : l’espace public, la microarchitecture et le design d’objet.
Les Champs Libres proposent leurs premiers projets pensés pour l’espace public créant les conditions d’une rêverie urbaine à travers mobiliers, pergolas, fontaines, ruisseau et chapiteau. Cette métamorphose de l’espace par la ligne, l’harmonie et la transparence vise à réenchanter les lieux de promenades, de rencontres et d’échanges dans nos villes.
Au Frac Bretagne, Ronan et Erwan Bouroullec conçoivent et mettent en œuvre deux expositions. Une rétrospective dédiée au design domestique, dans une scénographie pensée pour l’occasion, révèle une constante attention à la fonction sensible, l’étendue de leurs registres et de leurs collaborations avec des éditeurs de tous horizons. Et, dans la grande galerie du Frac,
17 Screens, un vaste déploiement d’écrans, cloisons modulaires alliant art, artisanat et haute technologie, crée des atmosphères qui évoquent autant de nouvelles manières d’habiter l’espace. Au service de l’innovation des concepts, ces œuvres/prototypes tirent parti du potentiel évolutif des matériaux ; elles participent d’une conception élargie du design et inventent une fluidité, une mobilité, en phase avec l’époque.
Posé au sein du parlement de Bretagne, un kiosque en métal et verre, plateforme itinérante à la toiture ailée, remet en perspective la cour intérieure. L’installation, complétée par une collection récente de mobilier extérieur, permet la programmation d’événements musicaux et culturels. L’invitation de Ronan et Erwan Bouroullec, par son ampleur et ses contenus inédits, offre à chacun le rêve d’un imaginaire de l’objet à la ville.
Catherine Elkar, directrice du Frac Bretagne
Roland Thomas, directeur des Champs Libres
Présentation des 4 expositions
Le format de l’opération rennaise consacrée à Ronan et Erwan Bouroullec est hors-norme. Le projet constitue l’ensemble le plus important jusqu’ici présenté en France: 3 lieux pour 4 expositions développées sur 2000 m2. La tentation de réaliser un best-of aurait pu être forte, d’organiser une rétrospective donnant à voir toute la production des deux designers depuis la fin des années 1990. On a considéré que les expositions du Centre Pompidou-Metz (2011), du MoCA de Chicago (2012) et du Musée des arts décoratifs de Paris (2013) avaient magistralement réglé l’affaire. Si à Rennes, une « rétrospective didactique » occupe deux des trois galeries du Frac Bretagne, le choix de Ronan et Erwan Bouroullec se porte aussi sur de nombreuses propositions inédites liées à des recherches en cours sur des thèmes nouveaux dans leur pratique. Les quatre expositions témoignent de la diversité des sujets aujourd’hui considérés par Ronan et Erwan Bouroullec : du bijou à l’architecture, du mobilier à l’espace public. Et mettent notamment en évidence certains de ces principes qui singularisent leurs objets : la mobilité, la flexibilité, une certaine forme de pragmatisme et d’évidence, de simplicité et d’économie visuelle, la liberté laissée aux usagers « d’inventer la vie qui va avec » une chaise, un canapé, etc.
Erwan Bouroullec:
Les expositions sont importantes à deux titres. Le premier est d’ordre
didactique : il s’agit de montrer ce que l’on fait ; comment les objets sont réalisés ; comment, depuis l’atelier, on construit le réel à partir d’éléments et de « saveurs » souvent fragiles et peu performantes. Les expositions ont aussi l’avantage
d’ouvrir de nouveaux sujets, de formuler des idées que l’on ne peut pas développer dans le cadre du réel.
Ronan Bouroullec:
Les expositions sont des outils merveilleux. L’occasion de présenter notre travail, de produire précisément l’image et l’histoire qu’on souhaite raconter,
de générer une atmosphère qui me semble boucler la boucle du projet.
C’est presque du cinéma, nos objets sont les acteurs d’une pièce plus complexe. Les objets et sujets sont regroupés et les connexions entre des thèmes parfois très différents sont révélés : entre un bijou, une chaise, un kiosque ou un lustre pour le Château de Versailles par exemple.
Rétrospective Frac Bretagne
Au Frac Bretagne, une première exposition prend la forme d’une Rétrospective. Dédiée aux projets industriels, elle retrace, à travers une centaine d’objets, près de vingt ans de collaborations entre le studio Bouroullec et d’importants éditeurs tels que Vitra, Hay, Alessi, Magis, Kvadrat, plus récemment Artek et Samsung. Les chaises, tables, bureaux, TV, tapis, vases, assiettes, etc.sont mis en résonance avec des dessins libres, carnets de croquis, maquettes, films et autres traces d’archives privées. L’ensemble fait l’objet d’une scénographie modulaire, basée sur un ensemble de dispositifs d’exposition suspendus, spécialement conçus pour l’occasion.
17 Screens Frac Bretagne
17 Screens, la seconde exposition présentée au Frac Bretagne, donne à voir, pour la première fois en Europe, de nouveaux systèmes de cloisons, suspendus et modulaires, « expérimentaux et atmosphériques », en céramique, verre, aluminium, bois, textile ou guipure.
Erwan Bouroullec:
Ce projet a été développé sans contrainte. Chaque écran est un assemblage assez basique : des branches de châtaignier reliées par une petite pièce souple imprimée 3D, des tubes de verre tenus par un élastique, des éléments en céramique enfilés comme les perles, etc. L’exposition est très « matérielle » sans pour autant avoir de place précise dans le réel. Ensemble, ces écrans parlent de porosité, de transparence, de contemplation.
Ronan Bouroullec:
17 écrans est comme une exploration constructive qui devient une sorte de rêverie : une fiction de formes qui mélange différents principes, matériaux et couleurs. Physiquement, c’est une installation flottante et légère, aucun élément ne touchele sol. En quelque sorte, le projet recherche un nouveau répertoire.
Rêveries Urbaines Les Champs Libres
L’exposition des Champs Libres est une « déambulation ou une rêverie urbaine » à partir d’une réflexion sur l’aménagement de la ville. Sous forme de dessins, de films et de photographies, de maquettes de recherches et de prototypes à échelle 1, une vingtaine de « principes » réinventent certains « motifs urbains » : des lianes, des torches, des parasols, un ruisseau aérien, un kiosque, etc. Ces propositions constituent les premiers projets de Ronan et Erwan Bouroullec pour l’espace public.
Ronan Bouroullec:
L’exposition des Champs Libres présente une recherche en cours : une recherche abondante et ouverte, une « rêverie pragmatique » qui a pour vocation à pouvoir exister dans l’espace public, peut-être à Rennes. L’exposition pourra dérouter ou surprendre parce que jusqu’ici, l’urbanisme n’a jamais été notre sujet. C’est une position qui me plaît. Je pense que depuis vingt ans, nos meilleures propositions étaient liées à des sujets pour lesquels nous n’étions pas spécialement préparés.
Erwan Bouroullec:
Le projet des Champs Libres est construit « à distance », ce qui est notre habitude. Dans notre pratique, aucun projet n’est dédié à une personne ou à un lieu particulier. Aux Champs Libres, l’exposition rassemble des propositions d’aménagementde l’espace public qui appartiennent à Rennes, comme elles pourraient appartenir à Copenhague. Tous ces principes ont en fait l’avantage de garder une part d’abstraction. Et répondent à une question qui n’est pas totalement identifiée. C’est dans cette zone de vide que nos propositions peuvent potentiellement se reconfigurer « sur place ».
La cour intérieure du parlement de Bretagne accueille un de ces projets destinés à l’espace public. Le Kiosque (2015) est un espace autonome démontable. Il se compose d’une structure d’acier intégrant de grandes baies vitrées et d’un toit qui protège et forme une sorte de terrasse extérieure. Des lanternes sont disposées aux extrémités du toit apportant la lumière sur toute la surface couverte. À Rennes, le Kiosque est associé à Palissade (2015), une collection de mobilier outdoor conçue pour l’éditeur danois Hay. Dans un environnement patrimonial exceptionnel, le dispositif est ouvert aux usages les plus divers. Espace de pause ou de détente, il est à l’occasion « activé » par une programmation de concerts, de conférences, de rencontres, etc.
Ronan Bouroullec:
Le Kiosque est une petite architecture qui se monte en trois heures et se transporte sur une semi-remorque. L’invention principale de ce projet est son grand toit. Le Kiosque, c’est autant l’espace intérieur que l’espace alentour, délimité par le toit. Le projet est simple, non-dédié, potentiellement ouvert à de multiples usages, à de nombreuses destinations : le Kiosque peut accueillir un espace de vente, mais aussi un bar, un concert, une pièce de théâtre, une exposition, etc.
Erwan Bouroullec:
Le Kiosque est une sorte d’espace public intermédiaire, ouvert par de largesbaies vitrées qui peuvent être intégralement fermées de nuit. Il est équipé d’un toit qui le surplombe très largement et qui multiple sa surface par trois (80m 2 environ). À Rennes, le Kiosque n’est pas vraiment « exposé » : il est activé et utilisé pource qu’il est « réellement ». Il agit comme un tapis posé au milieu d’une pièce vide. Avec une sorte d’évidence, il invite à habiter la cour du parlement de Bretagne.
Les Champs Libres, le Frac Bretagne et le parlement de Bretagne présentent les créations de Ronan et Erwan Bouroullec du 25 mars au 28 août 2016
Visuels : Studio Bouroullec
