Si l’on devait trouver un fil conducteur à l’œuvre de Jean Gaumy, ce serait la mer. Photographe de renom, membre de l’agence Magnum, académicien et Peintre officiel de la Marine, il a su capter comme peu d’autres la force de l’océan, ses tempêtes, ses silences, et la vie des communautés qui y consacrent leur existence.
En 2025, son univers maritime se voit célébré à travers un beau livre d’art, Jean Gaumy et la Mer (Éditions Odyssée / Musée national de la Marine), publié à l’occasion de la double exposition « Jean Gaumy et la Mer » et « La pêche au-delà du cliché », présentée au musée national de la Marine à Paris-Trocadéro du 14 mai au 17 août 2025.
Ce catalogue richement illustré rassemble plus de 140 tirages issus des collections de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie. On y retrouve les grandes séries qui ont marqué la carrière du photographe :
- les campagnes de pêche en haute mer, saisies dans toute leur rudesse,
- les marins et ouvriers portuaires, immortalisés dans leur quotidien de force et de fatigue,
- les missions embarquées sur des bâtiments militaires,
- mais aussi les paysages maritimes, entre immensité contemplative et détails d’une précision presque picturale.

Chaque cliché se lit comme un récit. Au-delà de la simple esthétique, Jean Gaumy témoigne d’un rapport charnel et spirituel à la mer. Ses photographies donnent voix aux travailleurs de l’océan, figures souvent invisibles de notre modernité, mais aussi aux bouleversements écologiques, des tempêtes naturelles aux catastrophes industrielles comme l’Amoco Cadiz qu’il documenta en 1978 au large du Finistère.
Jean Gaumy se distingue par un style hybride, à la frontière du photojournalisme et de la contemplation poétique. Ses images ne cherchent pas seulement à informer : elles incarnent la puissance et la fragilité d’un monde. Comme l’a souligné Polka Magazine, elles sont « 20.000 lieues sur la mer » — une plongée dans l’océan des réalités humaines, traversées de solitude et d’espérance.

La photographie, chez lui, n’est jamais neutre. Elle capte le souffle de l’Histoire (les grandes marées noires, les mutations de la pêche) autant que la vérité intime d’un marin anonyme scrutant l’horizon.
Publié conjointement par le musée national de la Marine et les Éditions Odyssée, Jean Gaumy et la Mer s’impose comme un ouvrage de référence. Plus qu’un simple catalogue, il est une invitation au voyage et à la méditation. Le livre accompagne une exposition appelée à circuler, puisqu’elle sera reprise au Musée des Pêcheries à Fécamp du 8 novembre 2025 au 8 mars 2026 sous le titre Jean Gaumy. Océaniques.
Ainsi, le travail de Jean Gaumy s’ancre dans une double démarche : préserver une mémoire photographique de la mer et transmettre aux générations futures la conscience d’un monde où l’homme demeure un funambule, toujours suspendu entre la promesse de l’horizon et la brutalité des flots.
Informations pratiques
- Livre : Jean Gaumy et la Mer – Éditions Odyssée / Musée national de la Marine, 2025.
- Exposition : « Jean Gaumy et la Mer » et « La pêche au-delà du cliché » – Musée national de la Marine, Paris-Trocadéro, du 14 mai au 17 août 2025.
- Prochaine étape : Jean Gaumy. Océaniques – Musée des Pêcheries, Fécamp, du 8 novembre 2025 au 8 mars 2026.
Jusqu’au dimanche 17 août 2025, le musée national de la Marine de Paris, proposait une immersion fascinante dans l’univers maritime en découvrant les photographies de Jean Gaumy.

Jean Gaumy et la mer et La pêche au-delà du cliché, propose une double exposition inédite de la collection, allant de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours. Elle est la première grande exposition de photographies maritimes de Jean Gaumy ! Elle propose un ensemble de plus 140 tirages issus de la collection de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie.


Le parcours de l’exposition dévoile une intensité rare des thématiques maritimes de ce photographe contemporain : la pêche ; la pleine mer ; les marées noires et le traumatisme qu’elle engendrent ; le huis-clos des sous-marins ; les secours en mer ; le travail des femmes ; les éoliennes en mer ; l’exploration des pôles, etc.



La manière Gaumy se dévoile aux yeux des visiteurs à travers des photographies emblématiques et confidentielles, exposées de manière inédite.
De la Normandie au Groenland, en passant par l’Andalousie et Long Island, l’exposition est à la fois un reportage documentaire et une une poésie contemplative visant l’abstraction…


En 1972, Jean Gaumy visite une conserverie à Fécamp (76) et réalise un reportage pour garder un souvenir d’un métier en train de disparaître ; en 1977, il réalise un film avec le même objectif ! Les ouvrières sont debout et répètent toute la journée les mêmes gestes : elles découpent la tête et la queue du poisson. Le photographe a capté un moment précieux : la discussion et les éclats de rire des ouvrières pour oublier leur fatigue !


En 1984, Jean Gaumy embarque à bord d’un chalutier. Bien qu’il souffre du mal de mer, il photographie tout : les manœuvres du chalutier, les pêcheurs au travail, les poissons pris dans les filets : ci-dessous : une raie !



En 1999, Jean Gaumy est le seul photographe à embarquer sur l’Abeille Flandre ; il souhaite immortaliser la tentative de sauvetage du pétrolier Erika au large de la Bretagne ; il capture le courage des sauveteurs puis le drame écologique du naufrage du pétrolier.

En 2014, Jean Gaumy participe à une expédition polaire au Groenland, où les scientifiques sont chargés d’observer la faune arctique. Le photographe souhaite garder une trace des paysages menacés par le réchauffement climatique.


En 2012, Jean Gaumy recherche des paysages, entre mer, rivage et ciel ; il commence une série de photos sur le phare de Cordouan en Gironde, qui avec Royan sont les souvenirs de son enfance.


Portrait
Jean Gaumy est né le 28 août 1948 à Royan en Charente Maritime. Après une scolarité à Toulouse et Aurillac, il fait ses études supérieures de lettres à Rouen.
Jean Gaumy commence sa carrière professionnelle en qualité de photographe pigiste puis de rédacteur au journal régional Paris Normandie. En 1973, Jean Gaumy rejoint l’agence française Gamma. Deux ans plus tard, il entame deux reportages sur des sujets jamais traités en France : le premier : L’Hôpital et le second : Les Incarcérés, qui est réalisé dans les prisons françaises. En 1977, le photographe rejoint l’agence Magnum
En 1984, Jean Gaumy réalise son premier film : La Boucane ; il est nommé en 1986 au César du meilleur film documentaire. D’autres films suivent : Jean-Jacques, en 1987 ; Marcel, prêtre, tourné en Auvergne en 1994. Ses films sont très souvent primés, et tous sont diffusés par les télévisions françaises et européennes.
En 2001, le photographe reçoit le Prix Nadar pour son livre Pleine Mer.


Il fait des repérages pour le tournage du film Sous-Marin et passe quatre mois en plongée lors d’une mission à bord d’un sous-marin nucléaire d’attaque en 2005.
Jean Gaumy a été installé à l’Académie des Beaux-Arts le 10 octobre 2018. Depuis 1995, Jean Gaumy vit à Fécamp.

Infos pratiques Jean Gaumy et la mer – La pêche au-delà du cliché Jusqu’au dimanche 17 août 2025 Musée national de la Marine 17, place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris Horaires : tous les jours sauf le mardi, de 11h à 19h (jeudi jusqu’à 22h) Contact : 01 53 65 69 48
