Avec “Les fables du Belon”, parues aux éditions Apogée en mai 2022, Alexis Fichet évoque un fleuve et la vie naturelle et humaine qui l’entoure.
Situé dans le Finistère, le Belon, qui mesure moins de 30 kilomètres de sa source à son embouchure, reste célèbre pour ses huîtres et par la proximité de Pont-Aven. Ce petit écosystème est à l’origine d’histoires, belles ou conflictuelles, et réfléchit à la gestion des rivières par les hommes. Loin d’être rébarbatif, ce propos est traduit en fables (écrites en français et en breton) qui décrivent d’une manière inattendue toutes les beautés plaisantes de ce milieu de vie. Une émission proposée par TVR, Unidivers et les Champs Libres.
Au printemps 2021, une première expérimentation a été menée par la coopérative d’urbanisme culturel Cuesta autour du Belon dans le pays de Quimperlé Communauté. Rencontres, marches, partages de savoirs, récoltes de témoignages et expériences artistiques ont contribué à donner forme au premier Atlas des Rivières consultable sur le site dédié.
Alexis Fichet était l’un des artistes invités à représenter le Belon. La forme qu’il a choisie, une série de fables, permet d’exposer les points de vue qui se confrontent autour du fleuve et de donner voix aux controverses : « Depuis toujours les fables sont une forme littéraire enfantine qui parle aux adultes. Pour faire entendre le fond inquiétant de notre époque, un peu de légèreté et de rythme n’est pas inutile. »
Alexis Fichet est auteur et metteur en scène de théâtre, romancier – et désormais fabuliste. Il fait partie du collectif Lumière d’août. Curieux depuis toujours des animaux, des plantes et des pierres, il s’intéresse à la science, à la nature humanisée, aux façons d’habiter le monde. Il a publié notamment une pièce de théâtre, Hamlet and the something pourri, aux éditions des Solitaires intempestifs, un roman, L’Andréide, aux éditions de La Mer Salée, et une série de récits sur la Vilaine dans le Guide de la Vilaine, aux éditions Apogée.
Avant-propos par Alexis Fichet
“Lors d’une rencontre animée par la coopérative Cuesta dans une commune où coule le Belon — c’était au Trévoux —, j’ai vu un jeune homme pleurer d’émotion en évoquant la rivière et les dommages qu’elle subit parfois. Le même jour, j’ai écouté des gens s’enflammer pour défendre des points de vue sur l’écologie locale, les moyens à mettre en œuvre, la privatisation des berges… Puis il y a eu d’autres rencontres, fortes, humaines. J’étais à la fois surpris et émerveillé de constater un attachement si viscé- ral à ce cours d’eau. Je cherchais le moyen de rendre la beauté de cette nature, la variété des présences (humaines et non humaines), et l’émotion qui avait surgi, la peur du ravage. Le Belon est un fleuve court, moins de trente kilomètres de sa source à son embouchure, mais célèbre, pour ses huîtres, et par la proximité de Pont-Aven. Dans ce que me disaient les habitants, j’entendais un concentré de certaines problématiques récentes : c’était presque trop actuel. Il me fallait une forme forte pour faire exister tout cela, prendre du recul. Les fables ont été ma solution. Je n’en avais jamais écrit, mais j’ai immédiatement pris un grand plaisir à le faire. Et dès les premières lectures, j’ai eu la sensation que ce plaisir se partageait. Dans la soirée du 3 décembre, dans la très belle salle n° 3 de Riec-sur-Bélon, nous avons lu les fables avec un groupe de volontaires, en français et en breton. C’était un très beau moment, que nous avons prolongé le lendemain en lisant de nouveau quelques fables dans la chapelle Saint-Léger, devant les grandes photos de Sylvain Gouraud, tandis que la marée montait sous une douce lumière jaune d’hiver. Depuis toujours les fables sont une forme littéraire enfantine qui parle aux adultes. Pour faire entendre le fond inquiétant de notre époque, un peu de légèreté et de rythme ne sont pas inutiles.”