Le 21 juin 2010, place Saint-Michel, un incendie endommage sérieusement plusieurs bâtiments. Situé au numéro 4, un immeuble tient toujours bon depuis. La mairie veut le démolir. Mais les deux propriétaires ne l’entendent pas de cette oreille. Visiblement, ils seraient dans leur bon droit. Retour sur une affaire pas si simple que cela…
En décembre 2011, la ville de Rennes publie son plan de sauvegarde du secteur de la place Saint-Michel. Elle y évoque en long et en large l’avenir de l’immeuble numéro 4. « Bien que présentant une structure fortement fragilisée, il est d’une grande valeur patrimoniale qu’il convient de protéger, » écrit-elle. Mieux encore, l’édifice ancien et de « cohérence médiévale » serait totalement intégré au paysage. « La nature de sa construction, sa hauteur et sa situation entre la place Saint-Michel et la rue Saint-Michel lui confère une importante position urbaine. »
À l’époque, la municipalité rennaise n’émet aucun doute. « En fonction des possibilités techniques et fonctionnelles, il convient d’envisager la consolidation du 7A place Saint-Michel et du 4. » Mais changement de cap depuis quelques semaines : « la ville va saisir le juge des référés pour accélérer la démolition de l’immeuble incendié, » explique le quotidien Ouest-France.
Deux sons de cloche
D’après nos confrères, la municipalité serait même excédée. Elle n’aurait pas de nouvelles des copropriétaires. Mais l’affaire serait bien plus compliquée que cela… Les deux propriétaires ont bien donné signe de vie. Preuve en est, ils ont entrepris une démarche devant le tribunal administratif, considérant que le risque d’effondrement n’existait pas….
Mais pourquoi nos élus sont-ils si pressés ? Le maire Daniel Delaveau et son équipe veulent détruire l’immeuble afin de réaménager cette friche du centre-ville. Ils ont d’ailleurs tout prévu en mettant en place un véritable arsenal juridique avec arrêtés de mise en péril et déclaration d’utilité publique votée en conseil municipal.
Sauf que voilà, deux propriétaires se mettent en travers de leur route et entendent protéger leurs biens. « La démolition ne serait applicable que si elle est compatible avec le plan de sauvegarde et que si elle est la seule solution à envisager, » indique une source proche du dossier. « Or les spécialistes sont formels. Des étais peuvent suffire à consolider l’ouvrage du fameux numéro 4. »
La ville demanderait aux propriétaires de démolir, mais de conserver les éléments architecturaux remarquables. Une tâche qui, aux dires des experts, ne sera pas facile pour les deux copropriétaires… Le feront-ils ? À Rennes, beaucoup d’édifices remarquables sont menacés qu’ils soient classés ou non. Les Amis du patrimoine rennais bataillent actuellement pour sauvegarder une villa, rue de Paris…