En cette fin de janvier, Le Triangle, Cité de la danse célèbre son grand événement annuel, Agitato ! Pour cette nouvelle édition, le festival aura lieu du mardi 29 janvier au vendredi 8 février 2019. Une dizaine de spectacles démontreront la vitalité de la création chorégraphique contemporaine. Parmi toute cette originalité artistique, coup de projecteur sur les créations à ne pas manquer selon Unidivers !
Depuis 2006, Agitato représente un temps fort dans la programmation de la Cité de la danse. Pendant une dizaine de jours, la danse se décline sous différentes formes pour offrir au public rennais et alentour un aperçu de la production chorégraphique contemporaine. « La danse est un art extrêmement varié. Il peut être social comme créatif. Le Triangle défend la nécessité de la création, de la recherche, l’idée qu’il y ait des jeunes créateurs qui s’affranchissent des formes déjà connues pour faire du neuf – explique Charles-Édouard Fichet, directeur du Triangle. Le festival est un moment durant lequel il est possible de concentrer des rendez-vous où les artistes se montrent devant un public, mais également devant des professionnels, grâce à qui les œuvres pourront vivre. Agitato présente une dimension aussi bien festive que professionnelle ».
Alors que le festival était originellement organisé en juin, cette année, il se déplace pour suivre le calendrier des programmateurs de salles de spectacles : « Avancer le festival en février permet d’inscrire les pièces dans la programmation de l’année suivante, ce qui n’était pas possible les années précédentes ».
D’interprètes à chorégraphes
Sur l’ensemble des artistes programmés, tous ont été interprètes et ont naturellement glissé vers la conception chorégraphique : Latifa Laâbissi, Brigitte Chataignier et Catherine Legrand, Florence Casanave, Simon Tanguy… Issus tout deux du milieu hip-hop, la jeune Leïla Ka et le breton Bruce Chiefare ont poussé cette porte qui relie l’interprétation à la création artistique. Avec Pode Ser et Influences, ils proposent respectivement un spectacle créé par leurs soins et révèlent ainsi leur talent de chorégraphe. « Beaucoup de danseurs évoluent dans ce sens-là – explique Charles-Édouard Fichet. Leila Ka et Bruce Chiefare ont plus d’un point commun. Ils s’emparent du champ contemporain afin d’y intégrer le hip-hop et d’apporter des formes nouvelles d’expression, de déplacements, de gestes qui enrichissent la pratique. C’est la grande liberté de la danse contemporaine ». Un bel échantillon révélant la diversité et la richesse du hip-hop en somme.
Dans Influences (mardi 5 février), Bruce Chiefare, de la compagnie Flowcus, transporte le public dans une création à la gestuelle fluide et douce. Aux côtés de Phynox, les deux interprètes communiquent dans un duo chorégraphique poétique qui bouscule les a priori sur la culture hip-hop.
Leila Ka présente Pode Ser (mercredi 6 février), son premier solo en tant que chorégraphe. C’est par les portes du hip-hop et notamment grâce à George Cordeiro, alias Ghel Nikaido, que Leïla entre dans la danse. Portant baskets Nike aux pieds et tenue de danse classique, Leila Ka se nourrit de ses influences diverses pour une proposition chorégraphique aussi sensible que puissante autour de la question des contradictions de l’être.
Une place pour les artistes bretons
« Présenter autant d’artistes bretons qu’extérieurs est nécessaire, il faut éviter l’enfermement. C’est un des buts de l’art, il faut qu’il reste universel » rappelle le directeur du Triangle. Aux côtés d’artistes internationaux tels que Marco Chenevier ou Flora Détraz, les chorégraphes régionaux ont une place de choix au sein du festival, à l’image de Brigitte Chataignier et Catherine Legrand et de leur pièce, Un tracé.
« Toutes deux ont acquis un savoir pointu sur une forme en particulier : Brigitte Chataignier a longuement étudié la danse indienne, le Mohini Attam, elle a une technique époustouflante. Catherine Legrand, elle, s’est intéressée aux carnets de Dominique Bagouet, qui a laissé la possibilité de reprendre ses œuvres et de les transmettre ». Amies de longue date, les deux chorégraphes se réunissent pour réaliser Un tracé. Jouant sur leurs ressemblances physiques, les mouvements de chacune révèlent pourtant leur identité respective dans ce spectacle où s’entremêlent leurs savoirs artistiques.
Dans un autre registre, la chorégraphe Latifa Laâbissi interprètera Adieu et Merci, une de ses créations les plus emblématiques. « Adieu et Merci est un faux solo puisque le rideau devient son partenaire, un personnage à part entière. Il se déplace, la voile, se découvre et danse avec elle ». Pendant 45 minutes, elle se glisse dans la peau des artistes qui l’ont précédée et livre une cascade de saluts. Dans sa dernière année de résidence au Triangle, le choix du spectacle – même involontairement – constitue un bel hommage à ces trois années de collaboration…
Un pas dans la culture chorégraphique
Comment regarder un spectacle de danse ? Comment l’interpréter ? Assister à une représentation de danse c’est admirer une œuvre d’art mouvante. Le public doit s’attarder sur la technique et la gestuelle, les mouvements et les émotions de l’interprète… Le sujet n’est jamais écrit noir sur blanc, mais le Triangle invite à « se positionner en tant que spectateur : ne pas regarder la danse avec un début et une fin, une histoire, une dramaturgie, mais regarder la beauté du geste, l’esthétique, ce que ça raconte et explore. Un spectacle n’est jamais signifiant au sens absolu du terme ».
Afin de découvrir les sensibilités, influences et pratiques des chorégraphes, la danseuse et pédagogue Nathalie Salmon propose quatre portraits du mercredi 6 au vendredi 8 février dans lesquels elle explore l’univers des artistes du jour. « Les explications brèves ne suffisent parfois pas. Il est nécessaire de donner des codes, de faire de la culture chorégraphique : qui est cet artiste, d’où vient-il, comment travaille-t-il… ». Une manière d’aller plus loin que la pratique artistique sans pour autant donner toutes les clés de compréhension. « Le SAS de Nathalie Salmon est surprenant. Elle a une approche lointaine vis-à-vis de la danse. Elle parle d’un film avant de montrer le lien avec le spectacle qui a été présenté. Elle crée un univers qui n’est pas direct et le public adore cette approche ».
« Certains artistes utilisent des objets tirés d’autres formes artistiques… »
À l’image de bien d’autres disciplines artistiques à l’heure actuelle, la danse contemporaine aime à repousser ses limites en regardant vers d’autres arts et d’autres pratiques. Par exemple, en explorant de nouvelles possibilités techniques de création et de réception, comme la réalité virtuelle. Projet expérimental produit en partenariat avec le festival Travelling, A Place In Space, de Sarah Kuntz (lundi 4 février), propose une nouvelle façon d’apprécier la danse grâce au casque que vous revêtirez pour vous immerger dans un spectacle virtuel.
Coproduite par le Triangle, la nouvelle création de Léa Rault et Alina Bilokon (Pilot Fishes), The Siberian Trombinoscope (jeudi 7 février) mélange fiction, danse, musique et chant dans un spectacle exploitant le potentiel plastique et artistique des corps dans ses nombreuses dimensions.
En écho au spectacle, l’installation Crlt, créée par Fanny Gicquel et Vincent-Michaël Vallet sera visible dans le hall du Triangle tout au long du festival.
Une autre proposition intéressante qui prolonge la recherche chorégraphique vers de nouvelles pratiques est l’atelier Mackathon (samedi 9 février), co-organisé avec l‘association Mille au carré. L’objectif de la séance sera de détourner un objet qui figure dans le spectacle Muyte Maker de Flora Détraz.
Hors les murs
Un festival c’est aussi tout ce qui peut entourer et accompagner la pratique artistique. Fidèle à son habitude, le Triangle propose lors d’Agitato des moments de rencontre où la danse sort de la salle de spectacle pour devenir plus accessible : un goûter hip-hop avec Bruce Chiefare dans le hall du Triangle (mercredi 6 février), une après-midi découverte des locaux et activités de l’association Réservoir Danse (samedi 2 février) ou encore un happening avec les élèves du lycée Descartes encadrés par Simon Queven.
Enfin le festival se clôturera en musique par une session mix avec DJ Deheb et la chanteuse Céline Yavetz. Autant de propositions qui illustrent la volonté de créer avec Agitato un moment d’effervescence artistique et culturelle !
Festival Agitato – Cité de la danse, Le Triangle. Du 29 janvier 2019 au 8 février 2019
[Infos Pratiques]
LA BILLETTERIE
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Sur place au Triangle : lundi, mardi, jeudi, vendredi 14:00 -> 19:00, mercredi 10:00 -> 19:00, samedi 10:00 -> 17:00
Par téléphone au 02 99 22 27 27
En ligne sur notre site web : www.letriangle.org (frais de gestion de 1€ par billet acheté via notre site web)
Modes de règlement : espèces, chèque,carte bancaire, chèques vacances (ANCV), chèques culture
Possibilité d’envoi des billets à domicile (frais d’envoi 1,50 €)
PASS : S’abonner c’est encore possible !
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Pour le festival : 9€ PASS plein • 6€ PASS réduit • 5€ PASS -12 ans
sauf pour Influences (p.11), Pode Ser (p.15) et O.K. (p.19) : tarif unique 6€
Renseignements auprès de l’accueil.
Bénéficez-vous d’un tarif réduit ?
Le tarif réduit s’applique aux étudiants, –30 ans, demandeurs d’emploi, bénéficiaires de l’allocation adultes handicapés, adhérent.e.s Triangle, carte Cezam, abonné.e.s du TNB et du Centre culturel Juliette Drouet (Fougères),
adhérent.e.s de L’intervalle (Noyal-sur-Vilaine)
Des tarifs spécifiques sont également en place pour les enfants –12 ans et les bénéficiaires du dispositif SORTIR !
INFOS COMPLÉMENTAIRES
En musique
ven 08 fév – après chaque spectacle
DJ Deheb + Céline Yavetz
Une session mix groove et oriental née de la rencontre entre deux univers : la musique orientale sans frontières de Céline Yavetz, le groove funk et les
musiques électroniques de DJ Deheb.
Restauration locale et savoureuse
Plats chauds, desserts… tous les soirs de spectacles.
L’occasion de retrouver l’équipe du Triangle et les artistes pour partager vos impressions, vos émotions, vos coups de coeur.
Billet solidaire
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Accessibilité
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au moment de votre réservation.
Article réalisé par Jean Gueguen et Emmanuelle Volage