LA BONNE ÉTOILE D’HOSHI

Du haut de ses 21 ans, Hoshi, de son vrai nom Mathilde Gerner, bénéficie déjà d’un début de carrière plus que prometteur. Originaire de Saint-Quentin-en-Yvelines, elle a commencé le chant et la guitare dès ses 14 ans puis a développé un style musical singulier et une vocalité fiévreuse qui a vite retenu l’attention. Après son EP Comment je vais faire, paru en 2017 sous le label Jo & Co, elle a sorti en mars dernier son premier album Il suffit d’y croire. Sa tournée actuelle est dernièrement passée par le festival du roi Arthur, le 26 août sur la scène Excalibur.

À l’instar de son équivalent carhaisien des Vieilles Charrues, le festival du roi Arthur a programmé des grands noms de la musique populaire internationale. Bien sûr, la journée de dimanche, succédant au triomphe des Marseillais d’IAM, a été marquée par la venue de Noël Gallagher, désigné comme tête d’affiche de cette année. Dans cette sélection figuraient également des artistes, certes récemment émergés, mais dont les talents sont certains. Parmi eux, la jeune chanteuse Hoshi qui a ouvert cette dernière journée à 16h05, en présentant ses chansons au public de Bréal-Sous-Montfort.

HOSHI
Photo: Yann Orhan

Les thématiques de ses textes ont trait à des passions liées à des expériences de vies douloureuses et qui, pour la plupart, s’avèrent autobiographiques. Elles transcrivent autant ses incertitudes et ses déceptions (Comment je vais faire) qu’elles ne relatent les évènements traumatisants de sa vie (par exemple Manège à trois, inspiré de la séparation de ses parents). Mais ces passions tristes sont néanmoins associées à des instants solaires que la jeune artiste souhaitait introduire dans son esthétique. C’est notamment ce qui définit la chanson Comment je vais faire, dans laquelle Hoshi exprime son envie d’aller de l’avant et de profiter de l’instant présent pour sortir de ses angoisses. Il s’agit donc, selon elle, d’une musique « sombre, mais avec des lueurs d’espoir ». D’un point de vue musical, on perçoit en grande partie ces éclaircies non seulement à travers les rythmes dynamiques sur lesquelles certaines chansons sont construites, mais surtout les accords majeurs qui se détachent dans les parcours harmoniques de la plupart d’entre elles, presque exclusivement en tonalité mineure.

Son esthétique musicale mêle donc des moments d’intense mélancolie (les tonalités mineures sont là pour le rappeler) à des moments d’entrain et une rage de vivre traduite par les tempos effrénés de nombre de ses chansons. Ce sont ces mêmes sentiments mêlés que reflète son esthétique vocale éraillée et impulsive, au phrasé souvent entrecoupé et parfois précipité. Ces aspects la rapprochent d’artistes comme Jacques Brel, sa première influence, ainsi que de Cali. En parallèle, ses diverses références musicales englobent, outre le grand Jacques, le répertoire de Patti Smith ou encore les chansons de Nirvana, portées par la voix écorchée de Kurt Cobain. Mais même avec ce caractère hétéroclite, ces influences semblent converger en un point commun : l’expression à fleur de peau d’une urgence qui anime ces artistes et qui semble également la caractériser. Si sa voix a bien évolué depuis ses débuts et dispose déjà d’une forte personnalité, l’acquisition progressive d’une fluidité supplémentaire devrait probablement lui profiter. Mais il est vrai que dans le champ de la variété française, dans lequel on a souvent l’habitude de timbres lisses ou quasi opératiques, elle a le grand mérite d’exploiter un timbre grave réellement expressif qui manque parfois (hormis des exceptions notables comme Zaz et Cali). De fait, elle devrait ravir les adeptes de timbres fébriles et rocailleux.

HOSHI
Photo: North Sébastien Live Photography

Dans l’écriture de ses paroles, on peut remarquer un maniement plutôt habile des figures de style et une prédilection pour les assonances et les allitérations, ainsi que le calembour et la métaphore. C’est ce qu’on remarque, par exemple, à travers les titres et les paroles des chansons Parking sonne et Ma merveille. Ces éléments confèrent alors une certaine dimension poétique à ses chansons. Mais elle a également démontré qu’elle savait s’adapter à des rythmes et des instrumentations diverses. Dans la chanson Comment je vais faire, on ressent un impact de la variété et de la pop française actuelle. Par moments, le rythme de sa vocalité s’apparente également à celles des musiques dites urbaines. Il faut rappeler qu’elle a coécrit cette chanson avec la chanteuse Alma, qui, l’année dernière, a représenté la France à l’Eurovision. De même, la composition de ce titre est signée Nazim Khaled, à qui l’on doit notamment la chanson Ça va, ça va pour Claudio Capéo.

La concentration de l’instrumentation autour du combo guitare/basse/batterie/claviers a offert un certain minimalisme qu’on peut préférer aux arrangements studio parfois un peu plus fournis de Tristan Salvati. Il faut dire qu’elle a pu compter, lors de ce concert, sur des musiciens fidèles et polyvalents qui s’adaptaient également à plusieurs styles instrumentaux : la chanson Une femme à la mer, construite autour de la rythmique assurée par le batteur Virgile Carlsson, présente vers la fin un solo du claviériste Dominique Sablier qui semblait inspiré par les rythmes décalés de la salsa cubaine. Mais dans la chanson Je pense à toi, son style pianistique, plus mélodique dans son approche, rappelle davantage celui de musiciens comme Alain Lanty (qui a notamment accompagné Renaud dans Mistral gagnant et Grand Corps Malade dans 4 saisons). De façon différente, dans la chanson Ma merveille, les musiciens ont adopté une esthétique proche de la « neo soul » et du R’n’B des années 90. La ligne de basse assurée par Alexandre Mompart semblait ici inspirée du funk de par son caractère soliste affirmé. Dans le même temps, la rythmicité de la voix scandée d’Hoshi peut évoquer celle caractéristique de Selah Sue, autre interprète et guitariste passionnée.

Le succès rapide qu’a connu son univers musical auprès du grand public a attiré de nombreux spectateurs à la scène Excalibur. Vers la fin du concert, elle s’est absentée momentanément de la scène, laissant à ses musiciens le soin d’introduire la célèbre Ta marinière pour conclure le set. Articulée autour d’une rythmique plutôt disco pop (avec sa cymbale charleston omniprésente), elle a déchaîné les spectateurs. Une partie d’entre eux arboraient d’ailleurs le fameux vêtement, signe probable que l’univers musical d’Hoshi les a déjà conquis. De fait, elle a été véritablement acclamée par les festivaliers. Parfois, « il suffit d’y croire ».

HOSHI
Photo: Loewen

Sa chaîne Youtube : https://www.youtube.com/user/HoshiHideko

Sa page Facebook : https://www.facebook.com/Hoshi.Officielle

Dans le cadre de sa tournée, Hoshi passera le 12 octobre au centre culturel Les Arcs de Queven (56) et le 22 novembre au Centre Culturel Juliette Drouet de Fougères (35).

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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